VW envisage de plafonner les salaires de ses hauts dirigeants

© AFP/John MacDougall

Le conseil de surveillance de Volkswagen, constructeur à l’image entachée par le scandale des moteurs diesel truqués, envisage de plafonner les revenus des membres du directoire du groupe, a appris mardi l’AFP.

“Le 24 février, il y aura une réunion du conseil de surveillance à laquelle le sujet (des rémunérations) sera sans doute à l’ordre du jour” et il “sera question du plafonnement des revenus”, a indiqué à l’AFP une source au sein de Volkswagen, confirmant partiellement des informations de presse.

Un plafond de 10 millions d’euros par an pour chaque membre du directoire “fait partie d’un nouveau système de rémunération que le conseil de surveillance du constructeur veut entériner le 24 février”, avait affirmé plus tôt le quotidien des affaires Handelsblatt, citant des sources au sein du conseil.

L’agence de presse DPA écrit pour sa part que le conseil de surveillance veut limiter à 10 millions d’euros la rémunération du patron mais que le plafond sera plus bas pour les autres membres du directoire, sur la foi d’une source au sein du groupe.

D’après le Handelsblatt, la future règle prévoit “un relèvement du salaire fixe et un abaissement de la part variable” de la rémunération pour les membres du directoire de l’entreprise, qui sont “parmi les mieux payés d’Europe”.

Jusqu’à présent, une part importante des revenus des directeurs était basée sur les quatre dernières années. Ainsi, “les bénéfices record de Volkswagen entre 2012 et 2014 sont responsables pour les bonus très élevés reçus par le management en pleine affaire du diesel”, souligne le journal.

Contacté par l’AFP, Volkswagen a indiqué “réfléchir depuis longtemps à un nouveau système de rémunération” mais a refusé de livrer plus de détails.

La question du montant des rémunérations des plus hauts dirigeants de Volkswagen fait régulièrement débat en Allemagne, mais elle est plus sensible que jamais depuis la tricherie du constructeur sur 11 millions de ses véhicules diesel dans le monde, qui lui a valu la plus grave crise de son histoire, et en pleine campagne pour les élections législatives de septembre.

L’Etat régional de Basse-Saxe, qui détient deux places au sein du conseil de surveillance en sa qualité d’actionnaire de VW, est d’après le Handelsblatt à l’origine de cette proposition et aurait le soutien des représentants du personnel. Dirigé par un social-démocrate, le Land était en porte-à-faux avec la ligne du parti SPD, qui défend dans la campagne électorale en cours une modération des revenus des grands patrons.

La polémique a récemment ressurgi avec l’annonce fin janvier du départ de la directrice juridique, Christine Hohmann-Dennhardt, avec un chèque plus de 12 millions d’euros en poche selon la presse. Elle était arrivée chez VW seulement un an auparavant pour mettre de l’ordre dans l’entreprise.

Avant cela, le chef de Volkswagen Martin Winterkorn, qui a jeté l’éponge lors de l’éclatement du scandale en septembre 2015, avait empoché 17 millions d’euros en 2011, un record historique pour un patron du Dax.

En 2013, sous la pression de l’opinion publique, Volkswagen avait plafonné les bonus de ses dirigeants afin d’éviter que M. Winterkorn n’empoche environ 20 millions d’euros pour 2012.

Le débat a de nouveau enflammé l’Allemagne au printemps dernier, quand les membres du directoire ont semblé s’accrocher à leur bonus alors que l’entreprise était sous la menace d’une facture de plusieurs dizaines de milliards d’euros et d’importantes suppressions de poste en raison du dieselgate.

Dernièrement le Bild, quotidien le plus lu d’Allemagne, s’est offusqué en première page de la retraite de 28,5 millions d’euros accordée par Volkswagen à M. Winterkorn. Cela équivaut à 3.100 euros par jour, selon le journal.

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