Poweo rachète la centrale au gaz de Marcinelle

La centrale au gaz de Marcinelle. © DR

Le groupe français, qui revendique 60.000 clients belges, crée la surprise avec ce premier investissement dans la production d’électricité en Belgique. La centrale de Marcinelle semblait pourtant promise à Gazprom.

Le groupe Direct Energie, actif en Belgique sous la marque Poweo, a annoncé ce mercredi le rachat de la centrale TGV (turbine gaz vapeur) d’Enel à Marcinelle pour une quarantaine de millions d’euros. Cette opération permet de sauvegarder une cinquantaine d’emplois industriels dans une région qui en a bien besoin, doublant ainsi les effectifs belges de Poweo. Direct Energie possède déjà une centrale TGV dans l’Allier, en construit une autre en Bretagne et planche sur une quatrième centrale. “Cela assoit notre stratégie à long terme, affirme Xavier Caïtucoli, le PDG de Direct Energie. Poweo va compter de plus en plus dans les équations énergétiques belges et françaises. Avec ce parc de production, nous sommes bien sur la voie de la constitution d’un opérateur intégré durablement indépendant. Cela nous aide aussi à garantir à nos clients des prix compétitifs dans la durée.”

La centrale de Marcinelle (420 MW) est entrée en service en 2012, portée par une association Enel-Duferco. Ces derniers se sont rapidement retirés de l’aventure et l’électricien italien a alors cherché à revendre l’unité. En juin 2013, une lettre d’intention a été signée entre Enel et Gazprom pour la cession du site pour 227 millions d’euros. L’accord n’a finalement pas été concrétisé, le marché s’étant entretemps effondré, et Poweo a pu récupérer la centrale pour à peine un cinquième du prix de l’époque.

Assumer l’intermittence du renouvelable

Entre un parc nucléaire largement amorti et des énergies renouvelables soutenues par les pouvoirs publics, la rentabilité des centrales au gaz n’est cependant pas extraordinaire. Pourquoi diable y investir ? Parce que ces centrales disposent d’un bel atout : la flexibilité. Cela les distingue du nucléaire, qui fonctionne en continu, et de l’éolien, dont la production est par nature fluctuante. “Plus on développe le renouvelable, plus on aura besoin de cette flexibilité, parie Xavier Caïtucoli. L’électricité n’étant pas stockable, ce sont les capacités disponibles qui font office de réserve de sécurité. Les centrales TGV assument l’intermittence du renouvelable. C’est un élément essentiel de la transition énergétique.” Il trouverait dès lors logique que ces capacités de production soient rémunérées, mêmes quand elles ne tournent pas, tout comme on rémunère le stockage des réserves stratégiques de pétrole. Des projets en ce sens existent mais ils tardent à sortir des cartons.

Atteindre le podium belge

Lancé en 2003, Direct Energie est aujourd’hui le troisième acteur de l’électricité et du gaz en France. Le groupe ambitionne de monter également sur le podium en Belgique. Il a tâté le marché wallon en 2014 et a réellement commencé l’offensive sur l’ensemble du pays en mai 2015 sous la marque Poweo. Le groupe a déjà attiré 60.000 clients et ambitionne d’atteindre la barre des 400.000 à l’horizon 2018. Un sacré défi. “Le nombre de nos clients belges a doublé depuis le début de l’année, précise Frédéric Contie, managing director de Poweo. Nous avons atteint 35% de notoriété en quelques mois, avec le sponsoring des émissions The Voice et The Slimste Mens, ainsi que d’une équipe cycliste.”

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