La BCE “décidera à l’automne” de l’orientation de sa politique monétaire

Mario Draghi © Reuters

La Banque centrale européenne (BCE) devrait décider “en octobre” du maintien l’an prochain de son soutien appuyé à l’économie, en surveillant à la fois l’inflation et les taux de change, a annoncé jeudi son président Mario Draghi.

“L’échéance, c’est l’automne. A moins qu’un risque que nous ne percevons pas aujourd’hui ne se matérialise” dans l’intervalle, “nous devrions être prêts à prendre l’essentiel de ces décisions en octobre”, a-t-il déclaré lors de la traditionnelle conférence de presse de l’institution, à Francfort.

Cette date du 26 octobre était très attendue, tant les spéculations se concentraient ces dernières semaines sur la question de savoir si la BCE repousserait jusqu’en décembre l’heure de trancher sur l’avenir de son vaste programme de rachats de dette privée et publique, baptisé “QE”.

Le conseil des gouverneurs de la BCE a engagé jeudi “une discussion très préliminaire” sur ce sujet, principalement consacrée à “peser les avantages et inconvénients des différents scénarios”, a déclaré M. Draghi.

“Mais ce qui n’a pas été discuté, c’est la séquence”, c’est-à-dire les modalités de sortie progressive du QE (Quantitative easing) au-delà de la fin de l’année, a ajouté le banquier italien.

Les taux d’intérêt, au plus bas depuis mars 2016, le resteront en tout cas “bien après” la sortie du programme de rachat d’obligations, a maintenu le président de la BCE.

L’institution de Francfort “prendra en compte” les perspectives d’inflation, qui restent inférieures à son objectif, tout en “surveillant” l’évolution des taux de change, dont les variations actuelles sont “une source d’incertitude”, a précisé M. Draghi.

Bien que le niveau de l’euro face au dollar ne figure pas dans le mandat officiel de la BCE, “il est très important pour la croissance et l’inflation, si important que les perspectives d’inflation à moyen terme ont été revues en baisse”, a-t-il souligné.

Comme attendu, l’institution monétaire de Francfort a en effet gardé ce jeudi à zéro son principal taux directeur, à 0,25% son taux de prêt marginal et à -0,4% le taux de dépôt au jour le jour, a annoncé un porte-parole à l’issue de la réunion du conseil des gouverneurs à Francfort.

Ces annonces ont laissé l’euro inchangé, à 1,20 dollar, tandis que la Bourse de Francfort a accentué sa hausse, l’indice Dax passant de +0,8% à près de +1% juste après le communiqué de la BCE.

Les taux campent à leurs plus bas niveaux historiques depuis mars 2016.

La BCE a également conservé en l’état son programme massif de rachats de dettes publiques et privées, dont elle se laisse toujours la possibilité d’accroître le montant – aujourd’hui de 60 milliards d’euros par mois – ou la durée si nécessaire.

Autre annonce identique aux précédents mois, le moment de relever les taux n’interviendra que “bien après” la fin des rachats d’actifs.

Les regards se tournent désormais vers la conférence de presse du président de la BCE Mario Draghi: à partir de 12H30 GMT, il devrait dire si le débat sur la réduction à venir des achats sur le marché, le programme surnommé “QE” (Quantitative easing), a bien été entamé et quelle en a été la teneur.

Euro et inflation

Pour alimenter la discussion, le conseil des gouverneurs de l’institution a pris connaissance jeudi des dernières projections économiques pour la zone euro.

La discussion entre banquiers centraux sur l’avenir du QE s’annonce complexe, non seulement parce que l’inflation en zone euro reste inférieure à l’objectif de la BCE, mais aussi en raison de l’appréciation de l’euro, qui a gagné 13% depuis janvier face au billet vert, en cotant autour 1,20 dollar. Or, toute annonce d’un resserrement monétaire ne pourrait qu’accentuer le mouvement.

Un euro fort pèse sur l’inflation, car il rend les importations moins chères et mine la compétitivité des produits exportés vers les pays tiers, ce qui peut porter un coup à l’activité économique.

Depuis le lancement en 2015 du QE, la BCE a créé plus de 2.000 milliards d’euros de monnaie pour financer ses achats d’obligations sur le marché.

Les effets positifs de cette politique sur l’offre de crédit par les banques et la relance de l’économie sont bien réels, ne cesse de souligner la BCE.

Mais l’institution ne pourra crier victoire que lorsque l’inflation en zone euro sera revenue au niveau cible “proche mais inférieur” à 2% en glissement annuel et ce de manière durable. Cela n’est pas encore le cas, à l’aune d’une inflation d’1,5% sur un an en août, appelée à se tasser sur le reste de l’année.

Flexibilité du QE

Autre élément pouvant jouer dans la discussion, le “QE” voit se profiler des difficultés techniques, les titres à racheter étant en quantité limitée.

“La BCE pourrait encore procéder à des achats jusqu’à la fin de 2018, voire en 2019, utilisant pleinement la flexibilité du programme”, calcule Frederik Ducrozet, de Pictet Wealth Management.

Pour l’heure, la BCE serait inspirée d’attendre que la Réserve fédérale américaine (Fed) ait poursuivi dans la voie du resserrement monétaire, concourant à redresser le cours du dollar au cours de l’automne, estime Sylvain Broyer, de Natixis.

“Le communiqué de presse de la BCE semble confirmer qu’elle ne révèlera pas ses plans sur la suite du QE au-delà de décembre dès aujourd’hui, mais les commentaires lors de la conférence de presse sont susceptibles de renforcer les attentes d’une réduction à venir”, a commenté Jennifer McKeown, économiste chez Capital economics.

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