Le triple risque de la stratégie de Georges-Louis Bouchez
La polémique autour de l’arrivée de trois militants issus du parti d’extrême droite “Chez Nous” ne faiblit pas. Deborah Gol, la fille d’une des figures les plus emblématiques du parti libéral, a fait une sortie remarquée sur les réseaux sociaux. Les jeunes MR, eux, indiquent avoir gelé toute adhésion de militants qui proviennent des partis extrêmes. On apprend également que l’interview de Sophie Wilmès aurait particulièrement énervé Georges-Louis Bouchez.
C’est une stratégie tout à fait assumée par Georges-Louis Bouchez. Le président du MR veut siphonner les extrêmes et invoque le droit à la rédemption pour justifier l’arrivée de trois anciens militants du parti d’extrême droite “Chez Nous”.
Il est surtout question de Noa Pozzi qui était tête de liste fédérale à Liège aux dernières élections législatives. Son profil n’avait pourtant pas été retenu en août dernier, après une polémique, déjà, et un screening du parti.
Qu’est-ce qui a changé depuis ? “Cette fois-ci, nous avons discuté, il a fait amende honorable et il a fait œuvre de rédemption publique tout en adhérant aux valeurs du MR. Il n’a aucun mandat, il est simple militant et au moindre écart, il sera exclu. Ce sont des gamins de 20 ans. À cet âge, Jean Gol était chez les étudiants communistes”, s’est défendu Georges-Louis Bouchez, dans Le Soir.
“Comparaison n’est pas raison”
Une déclaration qui a eu le don d’énerver Deborah Gol, la fille de Jean Gol, ancien président du Parti réformateur libéral (PRL), ancêtre du MR. “J’aimerais que Monsieur Bouchez prenne ses responsabilités et cesse d’invoquer le nom de mon père et d’insulter sa mémoire en comparant son parcours à celui de candidats issus d’une mouvance qu’il avait tellement en horreur, notamment en tant que petit-fils de déportés”, a-t-elle réagi sur Facebook, ajoutant que son père n’avait jamais fait partie des jeunes communistes, mais des jeunes socialistes. “Comparaison n’est pas raison”, a-t-elle ajouté.
Jean Gol est une figure historique des libéraux francophones et a donné son nom au centre d’études du MR. Un centre d’études qui a récemment été propulsé au devant de l’actualité, puisque Georges-Louis Bouchez veut le renforcer et l’utiliser pour gagner “la guerre des idées”, notamment en combattant “l’idéologie wokiste”.
Des négociations Arizona interrompues ?
Les jeunes MR ont également partagé un communiqué dans lequel ils rappellent que la candidature de Noa Pozzi avait été rejetée en août dernier. “Nous souhaitons également annoncer que, dans un souci de transparence et de cohérence, les demandes d’adhésion émanant de personnes ayant été affiliées à des listes ou partis d’extrême droite ou d’extrême gauche sont actuellement gelées“.
Une affirmation qui renforce la thèse d’une décision personnelle du président Georges-Louis Bouchez. Diana Nikolic, députée wallonne et cheffe de file à Liège, avait déjà indiqué ce matin que le MR liégeois n’avait pas été consulté. La veille, sur RTL-TVi, Sophie Wilmès, en personne, avait regretté qu’une telle décision ait pu être prise sans consultation en interne.
Une déclaration qui a eu le don d’énerver Georges-Louis Bouchez. Le président du MR aurait même fait interrompre les négociations fédérales pour s’expliquer avec la députée et vice-présidente du Parlement européen, nous indique une source. Une information démentie au siège du MR : “Il a quitté la table sur une situation qui n’est propre qu’aux négociations. Certains sont revenus avec la volonté d’impôts nouveaux ainsi que des mesures qui allaient toucher les indépendants. Rien à voir avec Wilmès.”
Le triple risque
La question est de savoir si ces réactions auront une influence sur le Montois, qui est désormais tout-puissant après avoir installé le MR à 30%.
En tout cas, cette nouvelle stratégie porte un triple risque : réveiller les divisions, faire fuir les électeurs modérés chez Les Engagés et donner du grain à moudre au PS. Le Parti socialiste, après une discussion stratégique en interne, semblait justement vouloir insister sur “la dérive droitière” du MR, comme plan de communication. Le voilà servi !
Connaissant le président du MR, il est plus que probable qu’il ait déjà pris en compte ces différents risques. Mais son pari est que la Belgique francophone est une terre où les questions de migration, de sécurité, de genres et de laïcité sont tout aussi prépondérantes qu’ailleurs, en Europe, et aux États-Unis.
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