La rentrée, c’est du gâteau (au chocolat) pour la créatrice Delphine Quirin
Dans cette rubrique, nous interrogeons un·e entrepreneur·se sur sa manière de concilier style (de vie) et carrière. Cette semaine, nous savourons la rentrée autour d’une part de gâteau au chocolat avec la créatrice d’accessoires Delphine Quirin.
Delphine Quirin est de ceux qui se réjouissent de la rentrée. Une période pour elle où les choses reprennent leur cours, où elles se régulent. Après avoir travaillé tout l’été en vase clos sur sa collection hiver, la créatrice liégeoise de bérets, turbans, écharpes et mitaines sort de sa tanière en septembre pour renouer avec ses habitudes et ses Q.G., comme Grand Maison pour son café du lundi matin.
Aux antipodes de la fast fashion, Delphine Quirin participe de A à Z à la fabrication de ses créations intemporelles qu’elle décline dans des matières naturelles comme l’angora ou le mohair. Bijou, lurex et pompon prennent ensuite le relais pour apporter la touche finale. Ses mailles originales sont en vente dans des boutiques triées sur le volet et sur son e-shop. Mais aussi dans son atelier-boutique qu’elle a décidé de rouvrir chaque samedi et sur rendez-vous afin d’entretenir un contact privilégié avec ses clients. Cette année, elle y proposera en exclusivité une nouveauté : des pulls, qui sont pour la plupart des pièces uniques. Des modèles sans taille précise, près du corps ou plus larges, parfois avec des manches ballons. Des créations plus libres qui ont été fixées sur la pellicule de Barbara Salomé Felgenhauer à l’occasion d’un shooting dans le quartier de Delphine. Du haut de ses 27 ans, la photographe a à la fois rassuré et enchanté la créatrice par son aisance et sa bienveillance.
Comment conciliez-vous vie privée et activité professionnelle ?
Delphine Quirin : “Facilement parce que les enfants sont grands aujourd’hui. Mais en réalité cela ne m’a jamais posé de grosses difficultés car j’ai tout à proximité. Par ailleurs, j’ai la chance de travailler à la maison, ce qui présente à mes yeux plus d’avantages que d’inconvénients, si on fait l’impasse sur le manque de frontière. Mon activité professionnelle fait partie intégrante de ma vie privée. Néanmoins, mon atelier se trouve au rez-de-chaussée et mon lieu de vie à l’étage.”
Face à la généralisation du numérique, parvenez-vous à vous offrir des moments hors ligne ?
DQ : “Je n’ai pas de smartphone, ce qui facilite les choses. Angoissée de nature, je resterais scotchée à mon téléphone par crainte de passer à côté de quelque chose, que ce soit privé ou professionnel. À la maison, je dispose d’un téléphone fixe et d’un ordinateur (la créatrice répond aux e-mails plus rapidement que la moyenne, NDLR). À ceux qui se demandent comment me joindre, je réponds que je m’éloigne rarement plus de deux jours de chez moi. Je m’ennuie très vite quand je suis ailleurs trop longtemps.”
Rester en accord avec soi-même est primordial
Comment vous habillez-vous pour travailler ?
DQ : “J’enfile chaque matin une espèce de bleu de travail. Je suis fan de bleu marine et de denim. J’adore entre autres la marque belge Façon Jacmin. Je privilégie un style fonctionnel dans un esprit qui me plaît pour travailler à la machine à tricoter car je dois pouvoir être libre de mes mouvements. Je porte un tablier à la surface lisse qui ne risque pas de se prendre dans la machine et qui m’évite d’être couverte de pluches.”
Que souhaiteriez-vous atteindre professionnellement ?
DQ : “Je n’ai jamais travaillé dans un but précis, à part celui de vivre de ma passion. Pour moi, le plus important, c’est donc la longévité. Nous vivons dans un monde où tout explose, où les gens sont sans cesse à la recherche de nouvelles idées. Je suis ravie de continuer à fournir un travail qualitatif avec une valeur ajoutée et de voir que l’artisanat est beaucoup plus valorisé aujourd’hui qu’hier. Il y a vingt ans, il avait une connotation un peu ringarde. Enfin, je ressens ces derniers temps comme une envie de transmettre, qui ne m’avait pas effleurée jusqu’ici. Mais j’ai encore le temps de m’y préparer.”
Quel est le plus grand luxe à vos yeux ?
DQ : “L’indépendance. Plus je vieillis, plus je tiens à mon indépendance. Je ne dépends quasiment de rien. Je n’ai pas beaucoup de contraintes, du moins je ne les ressens pas. Je vis au centre-ville, les écoles des enfants sont à proximité, je fais mes courses à vélo, je travaille de la maison. C’était ma grosse angoisse au début : je redoutais de devoir travailler pour un employeur si mon activité ne marchait pas. Le revers de la médaille, c’est qu’on tombe dans certains travers quand on est souvent seul.”
L’artisanat est beaucoup plus valorisé aujourd’hui qu’hier
Comment retirez-vous de la satisfaction de votre travail ?
DQ : “C’est très agréable d’exercer un travail qu’on aime, tout le monde n’a pas cette chance. Je me réjouis d’avoir réussi à trouver une certaine sérénité, le stress financier des premières années n’est plus présent par exemple. Mon ancienneté me place aussi dans une position plus confortable, je peux décliner des propositions qui ne me correspondent pas et que j’aurais sans doute été obligée d’accepter autrefois pour joindre les deux bouts. Il m’est arrivé de me laisser piéger dans la spirale de la production, mais j’ai aujourd’hui retrouvé la liberté de la création. Je ne me contente pas de concevoir, je ne dessine d’ailleurs pas de patrons. J’aime mettre la main à l’ouvrage. Le travail de la matière est l’une des choses que j’apprécie le plus.”
Quelle est la meilleure leçon que vous a enseignée votre carrière ?
DQ : “Ce que j’ai retenu, c’est qu’il est essentiel de savoir ce qu’on est capable de gérer en fonction de son caractère. Il faut se retrouver en tant que personne dans ce qu’on met en place, sinon on risque de se perdre, de trébucher, voire de ne pas se relever. Rester en accord avec soi-même est primordial. Je n’ai pas un tempérament de femme d’affaires. Je m’en veux parfois de ne pas m’être montrée plus téméraire mais ça ne m’aurait pas ressemblé.”
Ne manquez pas la présentation de la nouvelle collection de Delphine Quirin autour de quelques bulles ce samedi 7 septembre dès 14 h à son atelier-boutique situé rue Pierreuse 26 à 4000 Liège. La créatrice vous accueillera ensuite tous les samedis de 11 à 17 h et sur rendez-vous. Retrouvez également ses collections sur son e-shop ou dans les points de vente suivants, ici et ailleurs :
Rose, rue de l’Aqueduc 56-58 à 1050 Bruxelles
Dressing Room, parvis Saint-Pierre 2 à 1180 Bruxelles
Duck, rue Saint-Adalbert 18 à 4000 Liège
Wattitude, rue Souverain Pont 7 à 4000 Liège
Twiggy, Notarisstraat 3 à 9000 Gand
Le Bon Marché, rue de Sèvres 24 à 75007 Paris (F)
Carrière & style
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