24 heures avec les Liégeois
Gérant de deux établissements Horeca, Pierre Stassart a toujours vécu à Liège et fréquenté les Liégeois. “Je me fie à mon intuition pour repérer mes bonnes adresses. Si elle se vérifie, j’y emmène mes amis. À force d’y aller et d’y retourner, je deviens un habitué et finis par sympathiser avec les patrons et le staff.”
Aux manettes du Grand Café de la gare de Liège-Guillemins et du Café des Arts du théâtre de Liège, Pierre Stassart n’est pas du genre à multiplier les QG. Il éprouve de la satisfaction dans des lieux simples et fréquente les endroits que nous allons vous présenter avant tout pour ceux qui tiennent la baraque.
Céline et Fanny de Grand Maison
Rendez-vous est pris avec Pierre chez Grand Maison. Ouvert de 7 h à 15 h 30, ce bar du matin est tenu par Céline et Fanny. “Deux filles qui savent ce qu’elles veulent et où elles vont. Elles suivent une ligne directrice à laquelle elles ne dérogent pas depuis quatre ans”, souligne notre guide. Et ça se voit. La sélection de leurs produits presque tous bios, de leur vaisselle et de leur staff est 100% cohérente.
Ici on mange du simplement bon. Des oeufs mimosa au granola maison, les suggestions inscrites au tableau se renouvellent chaque semaine. Pour célébrer le sacro-saint brunch du dimanche, l’accent est mis sur une assiette saine et savoureuse à coups de sucré et salé de saison. Le plaisir en plus ? La terrasse en bord de Meuse où nous avons dégusté un café glacé un jour de canicule.
Grand Maison, quai de la Goffe 37, 4000 Liège
Émile d’Une Gaufrette Saperlipopette
Créée en 2013, cette enseigne familiale se décline désormais en trois adresses regroupées dans la même rue, à deux pas de la place Saint-Lambert : la boulangerie dont on peut retrouver le délicieux pain chez Grand Maison, la boutique de gaufres et autres madeleines qui conjugue plaisir des papilles et des pupilles, et la glacerie aux 28 parfums.
Émile Michaux, le fils aîné de la maison, a de petits yeux. C’est que le jeune homme s’est levé à 5 h du matin. “Nous turbinons nos glaces quotidiennement. Elles sont fraîches du jour, comme nos croissants. Nous refusons de les congeler, car cela impliquerait d’y ajouter des substances qui modifieraient leur goût et leur structure.” Dans leur présentation, les cornets sont de véritables chefs-d’oeuvre sur lesquels s’empilent les boules ornées de meringue et de biscuit. Le tout fait maison à base d’ingrédients bios et/ou naturels. “Je viens ici le dimanche. Je mange une glace ou j’achète des douceurs pour montrer à mes amis bruxellois ce que Liège a de bon à offrir. Je ne mange jamais chez moi. Je n’achète donc pas de pain, mais quand je vois celui de chez Saperlipopette, j’en viendrais presque à le regretter”, confie Pierre.
La queue devant le comptoir en dit long sur le succès fou de ce nouveau glacier ouvert au printemps dernier. Mais Émile n’est pas de ceux qui se reposent sur leurs lauriers. Il a des projets plein la tête. Pour l’instant, c’est la commande de glace pour 70 personnes qu’il doit préparer pour le lendemain qui occupe son esprit. Et bientôt, dans un souci de faire comme avant, il utilisera les moules en étain figurant colombes et grappes de raisins rangés sur une étagère dans l’atelier. “Nous avons également fait l’acquisition d’un couteau japonais pour sculpter la glace”, se réjouit-il. Tout en bavardant, nous goûtons les sorbets fraise-menthe et Prosecco. Originaux et divins.
Une Gaufrette Saperlipopette, 3 adresses rue des Mineurs, 4000 Liège
Éric et Anthony de l’Altro Maccheroni
“Mon envie d’aller quelque part tient beaucoup à la compagnie que je vais y trouver. Je retourne à l’Altro Maccheroni chaque samedi, au service de 15 h, pour sa cuisine et sa carte que je connais par coeur, mais au-delà de ça, parce que je sais qui j’y verrai. Le staff n’a pas changé depuis l’ouverture. Les clients sont pour la plupart des habitués et certains sont même devenus des amis”, raconte Pierre.
Il y a deux ans, la Trattoria Maccheroni d’Éric Lecuyer – un lieu où la gastronomie italienne fusionne avec la convivialité liégeoise – a donné naissance à un petit frère, l’Altro Maccheroni. Le jour de notre visite, Pierre se laisse tenter par les tagliatelles mascarpone-basilic, alors que nous optons pour les légumes grillés surmontés d’une burrata crémeuse. Le tout accompagné d’un spritz Select, une alternative d’un rouge plus prononcé que l’Apérol et surtout bien meilleure, selon Pierre. Pendant qu’Éric, le patron, confectionne avec dévotion les pâtes fraîches, Anthony officie derrière le comptoir des plats à emporter (ouvert jusqu’à 19 h, qu’on se le dise.) Il s’occupe des réservations aussi. C’est d’ailleurs auprès de lui que Pierre a booké notre table. Via Instagram, tout simplement.
Altro Maccheroni, rue Saint Paul 5, 4000 Liège
Valérie de VIC+OR by Victor
À la réception de ce salon de coiffure aux airs de bar clandestin, des coupes de champagne prêtes à être remplies. Et au premier étage, Valérie, la coiffeuse attitrée de Pierre, s’affaire. Même s’il lui arrive de faire une entrée remarquée certains matins en patins à roulettes, cette spécialiste des chignons est plutôt modeste et a du mal à parler d’elle. Alors on questionne la cliente en train de se faire coiffer : “Lorsque j’ai vu Valérie pour la première fois, j’ai directement su que ce serait elle et pas une autre. Sa bonne humeur est communicative et son rire transporte.” Au mur de ce lieu branché et décalé, une fresque réalisée en nuances de noir par le Liégeois Noir Artist capte tous les regards.
VIC+OR by Victor, rue des Croisiers 21, 4000 Liège
Yoko de la Yoko Uhoda Gallery
Née au sein d’une famille de collectionneurs, Yoko a ouvert sa galerie éponyme à Liège en 2014 avant d’inaugurer un second espace sur la digue de Knokke-Le Zoute en 2017. Un an plus tard, elle s’est associée avec Albert Baronian, un acteur majeur du marché bruxellois de l’art contemporain. Les pieds bien calés dans des sneakers dont elle possède pas moins de trente paires, cette végétarienne et épicurienne – l’un n’excluant pas l’autre – ne tient pas en place et cumule les casquettes. “Yoko est aussi passionnée que polyvalente”, précise Pierre.
À Knokke, elle nous invite à découvrir jusqu’au 31 août les différentes étapes du travail de Lionel Estève, ainsi qu’une sélection d’oeuvres récentes de l’artiste qui célèbre 20 ans de collaboration avec Albert Baronian. Et à Liège, elle nous donne rendez-vous le 14 septembre pour le vernissage d’une nouvelle exposition dédiée au Bruxellois Pascal Bernier.
Yoko Uhoda Gallery, boulevard d’Avroy 77, 4000 Liège
Bruno et Gauthier du Verre Bouteille
C’est ici que Pierre débarque le vendredi, après le service du soir du Grand Café. Il y retrouve ses amis dont il ne partage plus les horaires depuis qu’il a troqué son job chez PWC contre celui de gérant dans l’Horeca. Au Verre Bouteille, nous rencontrons Bruno, l’un des deux tenanciers : “Rien de tel qu’une concurrence positive pour créer une dynamique et attirer du monde”, lance-t-il tout en regrettant que les bars soient si peu nombreux dans la rue de la Casquette.
Forts de leur complémentarité, Bruno, diplômé d’HEC, et Gauthier, titulaire entre autres d’un master international en oenologie, se sont associés en 2015 pour ouvrir le premier bar à vin de la ville. Un nom choisi en hommage au papa de Gauthier, sommelier dans un relais étoilé, qu’il a perdu à l’âge de 4 ans. Présent sur Raisin, l’appli du vin naturel, leur établissement propose une vingtaine de références au verre (rouge, blanc, rosé, orange, bulles mais aussi bios, natures, issus de la biodynamie). Sans oublier des bières et cocktails ou encore une petite restauration qui change chaque semaine.
Le Verre Bouteille, rue de la Casquette 13, 4000 Liège
Ces six adresses sélectionnées par Pierre ont pour point commun de plonger leurs clients dans une atmosphère authentique et d’être tenues par des boss qui sont avant tout des bosseurs. Des patrons qui n’hésitent pas à mettre la main à la pâte et ne se contentent pas de donner des directives à leur personnel. Un staff aussi compétent qu’attentionné qui connaît les préférences et prévient les désirs de ses habitués. Foi de Liégeois qui ont écrit ces lignes.
Article co-écrit avec Alexis Alvarez
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici