Le portefeuille à 1,2 million d’euros du PS ou le “bon père de famille” arroseur arrosé

Paul Magnette, président du PS, lors de ses voeux à Charleroi. BELGA PHOTO LAURIE DIEFFEMBACQ
Baptiste Lambert

“Tax the rich !” : les commentaires acidulés de la toile n’auront pas tardé, après les révélations de La Libre. On y apprend, ce matin, que le groupe PS à la Chambre investit une partie de sa dotation publique en bourse. Une gestion plutôt saine, mais qui joue contre les arroseurs socialistes.

Au 31 janvier 2024, le PS à la Chambre disposait d’un portefeuille à 1,192 million d’euros, composé uniquement d’obligations. Un placement rare pour un parti politique. Aucun autre parti francophone n’investit l’argent qu’il reçoit de cette manière.

Pas même le groupe du MR à la Chambre, qui se contente d’un compte courant. Ni Ecolo, qui voudrait interdire “la spéculation immobilière ou mobilière” pour les partis politiques.

Le PS à la Chambre se défend : il agit en “bon père de famille”. Et sur ce point, il a raison. Il faudrait peut-être réexpliquer aux libéraux que laisser de telles sommes sur un compte courant figure au premier rang des pratiques à prohiber, dans “l’argent pour les nuls”. Voir l’argent public dilapidé par l’inflation n’est en rien un exemple de bonne gestion.

Et puis, si la N-VA investit massivement dans l’immobilier, pourquoi pas investir dans un compte-titres ? Il s’agit d’un comportement d’investissement tout à fait rationnel.

Mais le PS n’est pas Warren Buffett non plus. S’il avait poussé son raisonnement boursier un peu plus loin, il aurait évité une perte de 38.000 euros l’année dernière, en se limitant aux seules obligations.

Les contradictions du PS

Forcément, un portefeuille de plus d’1 million d’euros fait ricaner la toile. Les membres du PS qui sont à l’origine de la taxe sur les comptes-titres et qui veulent maintenant mettre en place une taxe des millionnaires, se voient qualifier de “riches” et de “faux socialistes”, alors que, comme ils le disent, ils gèrent simplement leur argent “en bon père de famille”.

À force de courir derrière le PTB, d’accuser les patrons, d’accabler le capital, de faire croire que celui qui investit son argent dispose d’une grande fortune, ou que le méchant rentier peut sauver les finances publiques, on se retrouve dans la position de l’arroseur arrosé.

Dans le même ordre d’idées, quand le PS écrit noir sur blanc dans son programme vouloir mettre en place un plafonnement de la rémunération au sein des entreprises, alors que son président perçoit 400.000 euros bruts par an, on perd en crédibilité.

On est toujours le riche ou le pauvre de quelqu’un. Le PTB se délectera à coup sûr de cette séquence et pointera les contradictions de cette “gauche caviar”.

Le financement des partis

Mais l’essentiel est ailleurs. Et il concerne aussi le PTB. Il s’agit du financement considérable des partis. Un trésor de guerre cumulé de 121 millions d’euros. Au nord, la N-VA dispose ainsi d’un capital à 29,31 millions. Côté francophone, c’est le PS qui arrive en tête avec 12,23 millions d’euros.

En outre, ces partis dépensent des millions d’euros chaque année sur les réseaux sociaux pour vendre leur soupe. C’est tout à fait unique en Europe, dans de telles proportions.

Un élan citoyen pousse pour réformer en profondeur ce financement des partis. Mais les partis politiques, tout à fait conscients de cette pression, pataugent depuis des mois pour s’entendre. Il est fort à parier qu’aucune réforme n’aboutira sous cette législature. Et, il faut le dire, dans cette triste pièce, ce sont les partis francophones qui jouent le mauvais rôle.

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