Olivier Mouton

Les entreprises ont besoin de stabilité et de simplification administrative, pas de communautaire

Olivier Mouton Chef news

Bart De Wever, formateur royal et président de la N-VA, remet la question communautaire sur la table. Lors de ses vœux, le leader nationaliste a mis en avant la nécessité de “progrès communautaires”, espérant que la “construction de l’autonomie flamande” puisse se faire sans tabous. Réplique du MR : “Ce n’est pas compatible avec l’assainissement”. Ce retour de l’institutionnel peut-il faire échouer la formation gouvernementale ? Le processus, censé se terminer le 31 janvier, reste fragile.

C’est un signe de fragilité de la part de la N-VA, une illustration de la position plus fébrile qu’il n’y paraît de Bart De Wever. De communautaire, il n’est pas question autour de la table, rappelle le politologue Carl Devos, et les ambitions socio-économiques de l’Arizona – fiscales surtout – risquent d’être revues à la baisse. “Cela pourrait être une épure difficile à vendre dans un congrès de son parti”, dit Carl Devos.

Un débat communautaire est la dernière des choses dont nous avons besoin après huit mois sans gouvernement fédéral ! Le poison institutionnel a trop souvent miné notre pays, il serait irresponsable de le diffuser à nouveau, alors que les défis relatifs à la survie de notre économie sont à ce point importants. La Fédération des entreprises de Belgique (FEB) mettait en garde, en ce début 2025 : trois de nos secteurs vitaux – industrie, immobilier, commerce et horeca – sont en souffrance. “Personne ne semble se rendre compte de ce qui se passe”, grinçait son CEO, Pieter Timmermans, en réclamant des mesures pour limiter les coûts salariaux et ceux de l’énergie.

La période des cadeaux est révolue. Les entreprises le savent, et ce n’est pas d’aides dont elles ont besoin, mais de visibilité, de stabilité et de simplification administrative.

Le contexte budgétaire étant dramatique, la période des cadeaux est révolue. Les entreprises le savent, et ce n’est pas d’aides dont elles ont besoin, mais de visibilité, de stabilité et de simplification administrative ! La priorité n’est pas de relancer le jeu communautaire, mais de veiller à la compétitivité, dans le cadre existant. En clair : soutenir le travail, réformer les fins de carrière et réduire la pression fiscale. Il s’agit de déterminer un cap et de s’y tenir, que ce soit pour notre avenir énergétique ou pour nos priorités stratégiques. Il n’est pas loin le temps où des patrons plaidaient pour que le monde politique fixe des objectifs et délègue ensuite la direction opérationnelle à des experts. “Place à l’intelligence collective”, tranche l’économiste Bruno Colmant, en regrettant… que la particratie envahissante lui coupe l’herbe sous le pied.

“Si je pouvais demander quelque chose à nos autorités, ce serait une stratégie claire, souligne Laurent Louyet, CEO du Groupe Louyet et Manager de l’Année de Trends-Tendances. Le manque de vision à long terme nous est préjudiciable. Bien sûr, il y aura des sacrifices à faire et je veux bien respecter les décisions prises, mais il faut une ligne directrice et cesser de changer ce qui est déductible ou pas tous les deux ans.” Pour le reste : “La valeur du travail est essentielle. Tout est possible si l’on a un objectif.”

Le coup de gueule d’Alain Raviart était toutefois édifiant, au moment des fêtes. “C’est tout simplement impossible de créer une entreprise dans ce pays”, clamait-il, après avoir ouvert un restaurant avec son fils. Et de dénoncer “l’absurdie totale dans un pays où on fait tout pour mettre à mal la vie des entrepreneurs”. Le piquant de l’histoire ? Celui qui tenait ces propos n’est autre que l’ancien directeur de communication d’un parti politique négociant l’Arizona fédérale. “Franchement, je n’étais pas conscient de ce chaos”, ajoutait-il. La voie de l’Arizona est tracée : mettre fin à cette “absurdie”. Ce n’est pas gagné…

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