Olivier Mouton

La mobilisation générale des entrepreneurs

“La situation est grave.” L’Union wallonne des entreprises s’allie avec les Chambres de commerce et d’industrie pour fonder AKT, un nouvel acteur décidé à porter haut la voix des entrepreneurs en Wallonie.

“Nous sommes fortement préoccupés par le risque de plus en plus réel que les extrémismes et le populisme mettent en danger notre prospérité économique, alerte Pierre Mottet, président de l’Union wallonne. Alors que nous sommes à un moment où nous avons besoin de mesures réfléchies et rigoureuses, basées sur une vision à long terme. Notre volonté de faire passer ce message-là est une des raisons pour lesquelles nous avons resserré les rangs.” Le sentiment d’urgence provoque un rapprochement voulu de longue date. L’objectif? Promouvoir l’esprit d’entreprise. C’est vital.

Ça l’est d’autant plus que la Belgique francophone souffre, à gauche du spectre politique, d’une surenchère qui inquiète. Entre l’expression du président du PS, Paul Magnette, qui affirme qu’”il ne faut pas se tromper d’ennemi” en visant les patrons, et l’adoption d’un texte amendant une réforme de l’enseignement supérieur avec le soutien du PTB, il y a de quoi cultiver des craintes dans la perspective des élections du 9 juin. “Un spectre hante la Wallonie : le spectre du communisme, écrit Alain Gerlache, ex-chef politique de la RTBF et désormais chroniqueur très suivi dans le Morgen. Le PTB n’arrivera pas au pouvoir, mais il a déjà conquis l’hégémonie idéologique à gauche.”

Le message principal est bien celui-là: avant de partager la richesse, il convient de la créer.

La parole des entreprises doit compter. Et s’imposer, comme ce fut le cas en Flandre avec la montée en puissance du Voka, créé il y a 20 ans en rassemblant les forces de la même manière. “Pour la nouvelle alliance wallonne, c’est le conseil que je donnerais: parlez avec tout le monde!, nous confie Hans Maertens, le CEO de l’organisation d’employeurs flamande. Et là où vous êtes le moins entendu, parlez davantage encore!” Il ajoute: “Il faut cultiver la connaissance et l’innovation. Nous devons être en permanence en état de dire ce qui se passe dans l’économie et de mettre le doigt sur les points d’attention. C’est un mélange subtil de connaissance, de lobby et de communication.”

En partenariat avec notre télévision, Canal Z, la Fédération des entreprises de Belgique avait déjà mené campagne, tambour battant, en interpellant les présidents de parti. A l’issue de cela, le constat posé par l’organisation patronale est amer: “Le discours politique à l’approche des élections n’augure rien de bon. De nombreuses propositions ont été lancées pour partager le gâteau (le budget), même si le gâteau en question n’existe pas encore. Nous n’avons en revanche guère entendu d’idées, autour de la table des débats, pour le préparer ou le faire gonfler. Car la réalité est la suivante : notre marge de manœuvre financière est faible, voire ­inexistante.”

Le message principal est bien celui-là: avant de partager la richesse, il convient de la créer. A fortiori quand les économies à réaliser devraient s’élever à 5 milliards d’euros par an lors de la prochaine législature et que des investissements considérables doivent être consentis pour faire face à la transition environnementale. La plupart des partis francophones semblent n’en avoir cure. Ce qui a donné lieu à cette séquence surréaliste, lors du débat opposant Bart De Wever (N-VA) et Paul Magnette (PS), organisé par L’Echo et De Tijd. Constatant que le PS entend lever plus de 10 milliards d’euros supplémentaires et dépenser davantage encore, De Wever a eu ces mots: “Croyez-vous vous-mêmes en votre programme?” Pour les patrons francophones, il y a du pain sur la planche.

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