Amid Faljaoui
Sam Altman (ChatGPT) viré vendredi dernier et réembauché mercredi matin. Les coulisses d’un feuilleton rocambolesque
Sam Altman, le patron d’OpenAI, la maison-mère de ChatGPT, a défrayé la chronique pendant 3 jours et jusqu’à ce mercredi matin. Et, ce n’est pas fini. Sam Altman risque de se souvenir jusqu’à la fin de ses jours du vendredi 17 novembre. Retour sur les coulisses de cette histoire rocambolesque.
Vers 12H00, Sam Altman a rejoint une visioconférence organisée par le conseil d’administration d’OpenAI. Surprise du chef : il y apprend son licenciement ! Le visage le plus célèbre de ChatGPT, celui que les puissants du monde glorifient et courtisent a été licencié comme un malpropre avec des raisons assez vagues données par le conseil d’administration. Selon la presse américaine, il ne s’agit ni d’une malversation, ni de harcèlement moral ou sexuel, rien de tout cela… En revanche, il semblerait que certains scientifiques à bord du conseil d’administration lui auraient reproché d’aller trop vite dans le déploiement de certaines nouveautés susceptibles à leurs yeux d’avoir d’éventuels effets négatifs sur la société.
A 12H25, 5 minutes avant de diffuser le communiqué de presse indiquant le licenciement de Sam Altman, le conseil d’administration donne un coup de fil pour avertir l’actionnaire principal d’OpenAI, à savoir Microsoft. Imaginez alors la tête du patron de Microsoft. Sa boîte a investi plus de 13 milliards de dollars dans OpenAI. Il détient 49% du capital de cette entreprise et on lui apprend 5 minutes avant l’envoi du communiqué de presse, que la tête pensante, et surtout la cheville ouvrière de ChatGPT, est licenciée sur-le-champ.
Autant vous dire que le patron de Microsoft a vu rouge. Il a tout de suite compris que non seulement son investissement de 13 milliards de dollars était en danger, mais que l’avenir même de Microsoft l’était aussi. En effet, Microsoft a décidé de s’appuyer sur les technologies d’OpenAI pour vendre nettement plus cher aux entreprises sa suite bureautique Microsoft 365 et son système d’exploitation Windows. Rien qu’en intégrant tous ces nouveaux produits dopés à l’IA, Microsoft espérait gagner 99 milliards de dollars en plus à horizon de 2027.
Ce licenciement surprise a forcé le patron de Microsoft à mettre la pression durant tout le week-end dernier sur le conseil d’administration d’OpenAI pour qu’il revienne sur sa décision. Tout cela pendant que l’action Microsoft commençait à tanguer dangereusement vers le bas.
Sans entrer dans les détails, jusqu’à ce mercredi matin, ce licenciement dingue du patron de ChatGPT a fait des vagues. Après la surprise, le patron de Microsoft a brillamment sorti son joker. Le conseil d’administration d’OpenAI ne voulant plus de Sam Altman, il a donc décidé de l’engager directement chez Microsoft, ce que Sam Altman a aussitôt accepté.
En apprenant cela, quasi tous les employés d’OpenAI ont écrit une lettre au conseil d’administration pour faire comprendre qu’ils étaient prêts – eux aussi – à quitter l’entreprise et à rejoindre Microsoft. Ils avaient été choqués par la méthode brutale, mais ils ont aussi réagi par intérêt. Car, sans Sam Altman et quelques chercheurs qui l’ont suivi, OpenAI risquait de devenir une coquille vide.
Or, justement, tout un processus de vente des actions aux employés d’OpenAI devait permettre à la plupart d’entre eux de devenir multimillionnaires grâce à la valorisation très élevée de la société. Si celle-ci devenait une coquille vide, leur rêve de devenir riche grâce à l’intelligence artificielle allait s’évaporer.
Nouveau coup de théâtre: on a appris ce mercredi matin qu’un accord avait été trouvé et que Sam Altman revenait chez OpenAI. En attendant, le patron de Microsoft a eu chaud, très chaud. Il a bien joué sa partie, il a surtout évité que Sam Altman et ses équipes ne partent chez des concurrents comme Google ou Amazon. Il a aussi compris qu’en mettant 13 milliards de dollars sur la table et en acceptant de ne même pas avoir un siège au conseil d’administration, il avait commis une immense erreur. Le feuilleton est clos depuis ce mercredi matin, mais la révolution de palais de ce week-end laissera des traces. L’intelligence est artificielle mais les émotions, elles, restent très humaines.
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