Amid Faljaoui

Pyramides de Ponzi et arnaques aux crypto se portent bien

Mon professeur de mathématiques du secondaire me disait toujours, lorsque j’avais quelque difficulté à appréhender la notion de l’infini, de penser uniquement à la crédulité humaine : elle n’a pas de limite, elle est donc infinie.

Et c’est vrai que j’ai pensé à lui ce matin, en lisant rapidement deux rapports américains sur les arnaques financières, qui plus que jamais se portent bien. Les rapports portent sur l’année 2022, qui est année normale, si je puis dire, car les arnaqueurs se sont reposés un peu pendant le COVID. Même si les chiffres concernent les États-Unis, j’imagine sans aucun souci que la crédulité humaine ne s’arrête pas aux portes de l’Europe. Donc, ce que nous apprennent ces rapports, c’est que les pyramides de Ponzi sont au plus haut depuis Bernard Madoff. Vous savez, c’est cet escroc new-yorkais qui, en 2008, a réussi à détrousser une partie de la jet set internationale en leur promettant des rendements alléchants qu’il vente ou qu’il pleuve.

Jusqu’au jour où l’on a découvert que ces rendements étaient fictifs… C’était simplement l’argent des derniers clients, des derniers arrivés appâtés par les gains, qui servait en fait à donner un rendement aux anciens clients. C’est bêtement cela une pyramide de Ponzi : l’argent des nouveaux clients sert à donner un soi-disant rendement aux anciens clients. Tant que la pyramide fonctionne, c’est-à-dire tant que des nouveaux clients arrive, cela tient le coup. Donc, selon ce rapport établi par un cabinet d’avocats (Raymond James), en 2022, on a pu mettre à jour 57 pyramides de Ponzi aux États-Unis, soit une arnaque par semaine ! La cible, toujours la même, ici, ce sont des retraités aisés qui ont décidé de couler des jours heureux en Floride ou en Californie et qui ont été dupés.

Les arnaques sont variées

Les arnaques sont variées, les unes tentent de vous faire croire que vous pouvez allier rendement et plaisir avec des placements bidon sur du vin, avec des grands crus très rares et très chers, comme des Romanée-Conti. D’autres jouent sur les paillettes et ont fait croire à leurs clients qu’ils avaient acheté des droits de films, qui devaient être distribués par Netflix par exemple. Et puis, ce qui est en vogue depuis quelques années, et en particulier en 2002 (lire le crypto crime report 2023 de Chainalysis), ce sont les arnaques sur les cryptomonnaies qui, comme je le dis souvent, n’ont rien d’une monnaie.

Dans le monde de la crypto, ce qui marche bien, ce sont les « arnaques à la bouilloire », les Américains appellent cela le « pump and dump », ce qui est beaucoup plus explicite. En fait, c’est simple, vous voyez en tant que client potentiel, et forcément crédule, un tweet sur Twitter qui vous vante une nouvelle cryptomonnaie – avec un excellent rendement à la clé – mais attention : il n’y en aura pas pour tout le monde, il faut vite acheter, car il y a évidemment une promotion pour les premiers arrivés, les premiers cocus donc. Le résultat est classique : les acheteurs sont nombreux, ils se multiplient par le bouche-à-oreille des réseaux asociaux, le cours monte en flèche, et puis, souvent après une semaine, les arnaqueurs vendent, le cours s’effondre et les « cryptobadauds », comme disent mes confrères du quotidien Les Échos, se retrouvent sur le carreau avec une cryptomonnaie qui ne peut même pas leur servir de tapisserie vu qu’elle est virtuelle.

La bonne nouvelle de ces rapports sur les arnaques financières, c’est que la peine moyenne aux États-Unis est de 11 années derrière les barreaux. Ce qui me fait penser à ce dialogue délicieux de Michel Audiard qui fait dire à Jean Gabin : « entre truands, les bénéfices, ça se partage, la réclusion, ça s’additionne ».

Allez très bonne journée et soyez « aware » comme dirait notre Jean-Claude national ! 

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