Amid Faljaoui

JO de Paris et la revanche d’Airbnb sur les politiques

Airbnb est le sponsor officiel des JO de Paris. Ce n’est pas un sursaut d’affection tardif, c’est juste un calcul économique.

S’il y a bien une entreprise critiquée dans presque toutes les villes du monde, c’est Airbnb, le roi de la location de courte durée. Pourtant même la mairie de Paris, habituellement assez hostile à l’égard d’Airbnb, compte aujourd’hui sur cette entreprise en ligne pour que les Jeux Olympiques soient un succès. Ce n’est pas un sursaut d’affection tardif, c’est juste un calcul économique.

Environ 15 millions de visiteurs sont attendus durant les Jeux Olympiques, dont plus de 2 millions auront besoin d’un logement. Il ne faut pas être expert en calcul pour comprendre qu’il n’y a pas assez d’hôtels pour héberger ces 2 millions de personnes. Et bien entendu, on n’allait pas construire de nouveaux hôtels juste pour un événement mondial qui dure quelques semaines. C’est la raison pour laquelle Airbnb est sponsor officiel des JO de Paris.

C’est une opportunité extraordinaire pour cette société d’acquérir une légitimité auprès des maires des grandes villes du monde entier. Comme toujours dans ces cas-là, ce genre de société fait du lobbying avec l’aide d’une société de conseil. Ici, c’est le consultant Deloitte qui a calculé que chaque touriste restera en moyenne six nuitées en Île-de-France. Au total, les séjours en Airbnb pourraient avoir un impact économique d’un milliard d’euros pour la France. Ce changement d’attitude de la mairie de Paris à l’égard d’Airbnb est symptomatique comme le montre l’interview du patron d’Airbnb chez mes confrères de BFM Business TV.

Airbnb monétise la catégorie d’actifs la plus vaste au monde

Voilà une firme qui a été décriée partout : chez nous, à Bruxelles, mais aussi à Amsterdam, à New York, à Barcelone, à Los Angeles. On lui reproche, notamment, de mettre une pression sur les loyers des habitations privées ou d’empêcher les habitants d’accéder à un logement en centre-ville avec un loyer décent.

Pourtant, malgré toutes ces critiques récurrentes et de nouvelles réglementations contraignantes, Airbnb affiche des résultats historiques. C’est d’autant plus paradoxal que lors de la pandémie personne ne donnait cher de la survie d’Airbnb. Si Airbnb a survécu au virus, c’est parce que peu de personnes comprennent le modèle économique d’Airbnb. Or l’idée de cette entreprise est absolument géniale. Elle monétise la catégorie d’actifs la plus vaste au monde : les biens immobiliers de monsieur et madame tout le monde. Airbnb n’a pas besoin d’en être propriétaire et n’a donc pas besoin de les entretenir. Mieux encore, à l’inverse de ses concurrents hôteliers, elle peut, en économisant tous ces frais, investir davantage dans l’acquisition de clients via les moteurs de recherche et les médias sociaux. Au final, Airbnb attire donc plus de trafic sur son site web que les hôteliers.

Pendant le covid, Airbnb a bien entendu aussi été affecté, mais infiniment moins que les hôteliers du monde entier. Pourquoi ? Un consultant vous dirait que les coûts de Airbnb, en les laissant aux autres, sont variabilisés. Là où les hôteliers ont pris le covid en pleine figure, Airbnb a pu amortir rapidement la claque du virus. Voilà pourquoi aujourd’hui, malgré l’épidémie, malgré les critiques des maires des grandes villes, Airbnb se porte bien. Et que les maires qui l’ont critiqué hier lui font la cour aujourd’hui. Tout simplement parce qu’il est impossible d’héberger 2 millions de personnes, même à Paris, sans l’aide d’Airbnb. C’est une sacrée revanche sur le monde politique.

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