Amid Faljaoui

Israël-Iran : guerre invisible et messages subliminaux

Il y a des périodes moins stressantes, pour les citoyens que nous sommes.

Après avoir subi le Covid-19 pendant deux ans, nous avons appris à payer financièrement (via l’inflation) le prix de la guerre en Ukraine et, comme si cela ne suffisait pas à alimenter notre angoisse, nous suivons avec effroi les soubresauts au Proche-Orient, région qui s’est rappelée à nous en nous montrant chaque jour que la paix n’est jamais acquise. Pire encore : nous avons vu que cette guerre s’importait même sur le territoire européen, et voilà maintenant que l’on découvre, avec l’attaque iranienne contre Israël, que le monde est plus instable que jamais.

Sur le plan économique – puisque c’est l’ADN de ce magazine –, l’incertitude n’est jamais bonne. C’est cynique à écrire mais jusqu’à présent, le conflit du Proche-Orient n’avait eu aucune conséquence sur les cours du pétrole et du gaz. Motif ? La zone concernée n’est pas productrice de pétrole. En revanche, l’attaque d’Israël par des roquettes et des drones iraniens pourrait changer la donne. C’est en effet le scénario que les diplomates et les hommes d’affaires redoutent le plus : un embrasement du conflit à l’ensemble de la région. Les experts nous rappellent régulièrement qu’un simple blocage iranien du détroit d’Ormuz, par lequel transite 20 % du pétrole mondial, serait une catastrophe. Notamment pour les pays asiatiques auxquels cet or noir est destiné. Mais il est vrai que si l’Iran bloque le détroit, il se tire une balle dans le pied, puisqu’il empêchera son propre pétrole de parvenir à destination. De facto, un embrasement de la région, personne n’en a envie. Et encore moins Joe Biden, qui est en pleine campagne électorale.

En attendant de voir la suite de cette pénible actualité, il faut rappeler qu’Israël et l’Iran sont déjà en guerre mais… une guerre invisible ! Depuis l’élimination il y a 10 jours d’un général iranien à Damas, Israël a vu les cyberattaques augmenter sur des cibles comme les ministères de la Justice ou de la Défense, les transports ou encore les hôpitaux. Et cette guerre invisible, dont on ne parle pas, n’a pas faibli, que du contraire, depuis la guerre entre l’Etat hébreu et le Hamas. Bien entendu, Israël ne reste pas les bras croisés face aux hackers iraniens. En décembre dernier, par exemple, deux tiers des stations-services iraniennes sont tombées en panne à la suite d’une attaque informatique par les services secrets israéliens.

C’est aussi cela, la guerre d’aujourd’hui, qui se fait en plus du reste sur la base de renseignements de plus en plus pointus. Un seul exemple : tout le monde sait que les Israéliens ont tué le général iranien à Damas. Mais le message caché à l’égard de Téhéran est beaucoup plus subtil : il montre à la planète entière la précision des informations détenues par l’Etat d’Israël. Non seulement le bâtiment abattu à Damas, situé entre l’ambassade iranienne et canadienne, est le seul à avoir été détruit, ce qui prouve la précision du pilote israélien ; mais aussi, comment Israël pouvait-il savoir que le général s’y trouverait juste à ce moment-là sachant que depuis l’assassinat du général Qassem Soleimani, en 2020, le régime iranien multiplie les leurres et les garde-fous pour éviter d’être pris au piège par les services secrets israéliens ? La précision, en dépit de ces précautions, des informations israéliennes, doit susciter pas mal d’interrogations du côté de Téhéran. Pour le reste, les jours et les semaines qui suivent nous diront si l’escalade de la peur va continuer ou si tout le monde se souviendra – à temps – des paroles du Mahatma Gandhi : la stratégie “œil pour œil” finit par laisser le monde aveugle.

Les jours et les semaines qui suivent nous diront si l’escalade de la peur va continuer ou si tout le monde se souviendra, à temps, des paroles du Mahatma Gandhi.

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