Carte blanche

Bien manger ou payer ses factures, on ne veut pas choisir: il est temps d’agir!

Se nourrir, comme se loger, se chauffer, s’éclairer, est devenu un luxe. Rappelons que plus de 38 % des Bruxellois·e·s vivent sous le seuil de pauvreté pendant que les industries agroalimentaires engrangent des bénéfices records et indécents.

Accéder à une alimentation de qualité est un droit humain fondamental. Pourtant, la situation ne fait qu’empirer depuis des années. De plus en plus de personnes ont faim, mangent un jour sur deux et n’ont pas assez dans leur frigo ! Beaucoup se retrouvent contraintes de recourir à l’aide alimentaire.

Face à ces constats, le Collectif du gratin de la colère organise une Marche contre la précarité alimentaire le 14 juin prochain à Bruxelles, dans le cadre du Festival de la transition alimentaire Nourrir Bruxelles.

L’existence même de l’aide alimentaire au 21e siècle dans nos sociétés « d’abondance » est un scandale. Pourtant, la demande ne cesse d’augmenter ; on estime à 600 000 personnes, le nombre de personnes qui ont eu recours à l’aide alimentaire. Cette dernière est en opposition forte avec le droit à un accès digne et autonome à une alimentation suffisante, saine et de qualité, qui répond aux préférences alimentaires des personnes.

Conditions d’accès difficiles voire indignes, aides temporaires et limitées, aliments de mauvaise qualité, files d’attente interminables, autant d’éléments qui montrent que l’aide alimentaire, bien que nécessaire, n’est qu’un dépannage ! De plus, « nourrir les pauvres » sert d’argument pour légitimer un système industriel économiquement injuste, qui gaspille les ressources naturelles et rend tout le monde malade.

À quand un système d’accès durable à une alimentation de qualité et digne, sans conditionnalité, sans mise à nu, sans déchets du monde industriel, sans invendus uniquement pour les plus pauvres ? Nous exigeons la suppression de l’aide alimentaire au profit de la mise en place d’un droit à l’alimentation pour tous.tes !

Lutter contre la précarisation des producteur·rice·s

Il est hors de question que les personnes en situation de pauvreté et les paysan·ne·s soient mis·e·s en concurrence.

Par le biais de la Politique agricole commune, la Belgique (avec les autres États européens) subventionne l’agriculture industrielle, pousse à la concentration des terres et à l’exportation de produits alimentaires. En revanche, peu de subsides structurels substantiels sont donnés aux paysan·ne·s en petites surfaces, travaillant en vente directe ou en circuit court. Un système alimentaire durable et égalitaire doit pourtant être localisé, basé au maximum sur des circuits directs avec des prix rémunérant correctement les producteur·rice·s. Les acteurs aux deux extrémités de la chaîne alimentaire subissent les conséquences sociales négatives d’un système alimentaire du passé et dépassé. Ils gagnent à lutter et à agir ensemble.

Pour une protection sociale garantissant un droit à l’alimentation

L’augmentation des revenus des plus pauvres grâce à la taxation des plus riches est une nécessité. Les aides sociales doivent être supérieures au seuil de pauvreté et les revenus minimums doivent permettre de mener une vie digne.

Les “prix bas” ne sont pas une solution car ils correspondent à des produits alimentaires de mauvaise qualité, qui ont des effets nocifs sur la santé et sur l’environnement. Il faut repenser notre protection sociale pour augmenter les revenus (sécurité sociale de l’alimentation, chèques alimentaires, hausse des minimas sociaux) et permettre à tous et toutes d’accéder à une alimentation de qualité.

Le gaspillage alimentaire est un choix politique

Le gaspillage alimentaire n’est pas un problème technique, mais politique ! Il faut réduire le gaspillage alimentaire qui est inhérent à nos sociétés de surconsommation et de surproduction. Les personnes en situation de précarité ne peuvent pas être utilisées comme des outils afin de lutter contre le gaspillage alimentaire.

Se nourrir des restes des riches et des industries est indigne. Cela ne permet pas d’avoir une alimentation saine, diversifiée, nutritive et durable. Un système alimentaire égalitaire et écologique ne devrait pas générer un tel gaspillage alimentaire et ne devrait pas reposer sur les plus précaires pour en être les consommateur·rice·s.

Changer le système alimentaire: pour des modèles agroécologiques

Les prix alimentaires actuels sont injustes et faussés. Ils ne sont pas rémunérateurs des travailleur·euse·s des filières agricoles et alimentaires. Ils ne prennent pas en compte les coûts sociaux réels, c’est-à-dire les dommages provoqués sur l’environnement et la santé qui représentent un coût exorbitant pour les individus et la collectivité.

Il faut sortir du modèle agro-industriel et proposer des modèles agroécologiques, créer des emplois dignes, approvisionner les villes et les villages en produits frais et de saison. À travers cela, nous voulons réduire l’impact de l’agriculture sur le climat et l’environnement, améliorer notre alimentation et nous maintenir en bonne santé. Pour reprendre la main sur notre alimentation, nous appelons à révolutionner le système alimentaire pour qu’il garantisse enfin nos droits et notre souveraineté alimentaire.

En 2024, ce sont les élections législatives. Les inégalités sociales se creusent. Nous demandons à tous les acteurs du système alimentaire et aux partis politiques de se positionner sur ces revendications. Ça ne peut plus durer.

*Organisations signataires :

Cultureghem ; FIAN Belgique ; Fédération des services Sociaux ; Kom à la maison ; Agroecology in Action ; Rencontre des Continents ; Nourrir Bruxelles ; Arsenic2 ; Adoc Compagnie ; Le MAP (Mouvement d’Action Paysanne) ; CAN (Ceinture Alimentaire Namuroise) ; Groot Eiland ; Humundi – SOS Faim ; Quinoa ; Terre-en-vue ; VRAC Bruxelles ; Tuiniersforum des Jardiniers ; Le Réseau des GASAP ; Cuisines de quartier asbl ; ASBL Comité de la Samaritaine ; La Ferme du Chant des Cailles ; Brigades d’Actions Paysannes ; Oxfam Belgique ; Oxfam Magasins du Monde ; Fabriek Paysanne ; La Ferme du Chaudron ; Réseau Santé Diabète ; As Bean ; Le Pain Levé ; City Zen Quartier durable Evere, Service social de Cureghem, Espace Social Télé-Service ; Réseau Wallon de Lutte contre la Pauvreté.

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