L’indexation négative fera-t-elle baisser votre salaire?

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L’inflation a battu des records ces derniers mois. Elle commence à ralentir. Conséquences : après avoir été augmenté, le salaire de certains travailleurs pourrait subir une indexation négative. Explications.  

En Belgique, les salaires du secteur public et privé sont adaptés en fonction de l’évolution du coût de la vie, via le mécanisme de l’indexation automatique des salaires. La Belgique est l’un des derniers pays d’Europe où les travailleurs et les allocataires sociaux bénéficient de cette indexation automatique. Son  objectif est de préserver le pouvoir d’achat face à la hausse du coût de la vie.

Ces derniers mois, l’inflation a battu des records, ce qui a conduit à l’augmentation des salaires des travailleurs. Mais le mouvement inverse est également possible dans certains cas, surtout si les indexations se succèdent rapidement, ce qui atténue les fluctuations. C’est le cas dans un nombre limité de secteurs.

L’inflation est actuellement en train de ralentir. Elle reste cependant élevée, à 5,2 % en mai. Ce fléchissement pourrait mener à une (légère) indexation négative des salaires de certains travailleurs. La dernière fois que cela est arrivé remonte à 2014.  

Indexation négative dans le secteur bancaire

Une légère indexation négative a ainsi déjà été appliquée aux grilles salariales du secteur bancaire (CP 310) en mai dernier. Les salaires barémiques y ont diminué de 0,17%. « Dans le secteur bancaire, les salaires sont indexés tous les deux mois. Et en mai, le calcul a abouti à un chiffre négatif », confirme Elke Maes, du syndicat ACV Puls. “Il s’agit d’un ajustement très limité que les gens ne remarqueront peut-être pas dans leur salaire net”, explique-t-elle.

Selon le groupe S, d’autres secteurs pourraient bientôt y être confrontés, même si des accords existent parfois pour éviter les baisses de salaires. Dans certains secteurs où l’indexation est également négative, des dispositions ont été prises, indique le Groupe S. Dans l’industrie du bois, par exemple, l’indexation négative est attendue en juillet mais ne sera pas appliquée à ce moment-là. Dans le secteur de la construction également, une indexation négative des salaires est prévue en juillet, mais elle sera compensée par l’indexation positive suivante, selon le cabinet RH.

Lorsque le secteur ne prévoit rien expressément, les partenaires sociaux peuvent conclure un accord contraignant lorsque l’indexation négative se produit.

Pour rappel, les mécanismes d’indexation varient selon deux grands principes. A chaque fois que l’indice santé (lissé) augmente d’un certain pourcentage, les salaires sont augmentés en fonction. L’indice-pivot est d’application pour les salaires des fonctionnaires et les allocations sociales, avec une « marche » de 2 %. Il a été atteint en novembre dernier. Le prochain dépassement est attendu en novembre prochain.

Pour une faible proportion de travailleurs

Les salaires d’un peu plus de 40 % des travailleurs du secteur privé sont indexés selon la formule de l’indice-pivot. Les autres salariés du privé bénéficient, eux, d’une indexation à date fixe, le plus souvent une fois par an. Leur fiche de paie est alors adaptée en janvier, à la hausse ou à la baisse des prix. C’est le cas, par exemple, pour les quelque 550.000 employés de la CP 200, la plus importante du pays. En janvier dernier, leurs salaires ont connu un bon historique supérieur à 11%.

Seuls quelques rares travailleurs – moins de 6 % d’entre eux – voient en réalité leur salaire indexé à un rythme mensuel, bimestriel ou semestriel. Ils sont donc plus sensibles à la volatilité de l’inflation, même lorsqu’elle est faible. Une indexation négative ne concernerait donc qu’une faible proportion des travailleurs du secteur privé.

Des salaires trop indexés?

Pour la grande majorité des travailleurs belges, une indexation négative ne pourrait être appliquée que dans une situation de déflation, quand une baisse continue et persistante du niveau général des prix se produit, ce qui arrive rarement.

Notons, par ailleurs, qu’une étude de l’Université de Gand révèle que les salaires auraient été trop indexés, parce que l’Etat fédéral a surévalué les hausses des factures énergétiques. Pour les économistes à l’origine de cette étude, il est urgent de revoir la méthode de prise en compte des prix de l’énergie dans l’indexation.

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