Les Belges inquiets voire méfiants, envers leur future pension
Les conclusions du 6e Observatoire “Les Belges et leur pension”, conduit par IPSOS pour le compte de CBC Banque & Assurance, mettent en évidence une inquiétude croissante, voire une méfiance, à l’égard du futur des pensions en Belgique. Il en ressort également un intérêt croissant pour les options de compléments de revenus, signe que le deuxième pilier de pension ne parvient pas toujours à offrir une assurance suffisante.
Actuellement, 6 Belges sur 10 estiment encore manquer d’informations suffisantes pour comprendre le mécanisme des pensions. Cette proportion a toutefois diminué par rapport aux éditions précédentes, selon les conclusions du 6e Observatoire “Les Belges et leur pension”, conduit par IPSOS pour le compte de CBC Banque & Assurance*.
Mypension.be demeure le canal privilégié (59%) pour s’informer, avec un taux de satisfaction élevé de 80%. Cependant, malgré cette recherche d’informations, seuls 30% des répondants estiment être suffisamment préparés pour maintenir le niveau de vie souhaité une fois à la retraite, ce qui marque une augmentation par rapport aux années précédentes.
L’intérêt croissant pour les compléments de revenus se manifeste, avec 50% des Belges ayant entendu parler de la possibilité de travailler au-delà de l’âge légal pour augmenter leur pension. 33% connaissent le système du bonus-pension, soit 12% de plus que précédemment. Le sondage révèle que même les plus jeunes interpellent déjà leur employeur sur leur pension future.
« Cet intérêt grandissant résulte peut-être en partie d’un effet purement statistique, du fait du vieillissement de la population », éclaire Patrick Wangneur, Conseiller en Structurations Patrimoniales et Prévoyance chez CBC Banque. « Mais au-delà, les débats politiques de ces derniers mois, en Belgique mais aussi en France, ont sans doute incité nos concitoyens à se pencher plus précisément sur leur avenir post-professionnel » explique l’expert.
Des mesures insuffisantes pour les défis futurs
Néanmoins, 4 Belges sur 10 ignorent que leurs cotisations actuelles financent la pension des seniors actuels, soulignant une méconnaissance de l’esprit de solidarité entre les générations. « On voit donc que l’esprit de solidarité entre les générations qui sous-tend le premier pilier n’est pas forcément conscientisé par tous alors que simultanément une majorité de Belges comptent avant tout sur cette pension légale pour leurs vieux jours », commente Pierre Devolder, professeur à l’UCLouvain.
Méfiance
Les résultats de cette enquête révèlent par ailleurs un rapport complexe des Belges à leur avenir financier à la retraite, avec moins de la moitié ayant une vision claire du montant qu’ils percevront. Malgré les réformes gouvernementales, 57% jugent insuffisantes les mesures pour anticiper les défis futurs, et 47% redoutent des difficultés à maintenir leur niveau de vie à la retraite.
La méfiance envers les mécanismes existants augmente, avec 27% citant le manque de moyens financiers comme le principal obstacle à une préparation adéquate. Malgré tout, les Belges se veulent moins pessimistes qu’auparavant quant à l’avenir de la pension légale. Près d’un tiers estime que celle-ci restera stable sur les 10 prochaines années, quasiment autant de personnes affirment qu’elle va diminuer, alors que seuls 4% imaginent sa disparition, même si ce pourcentage se veut légèrement plus élevé chez les moins de 35 ans.
Rendre le second pilier obligatoire
Selon Pierre Devolder, professeur de finances à l’UCLouvain, ces résultats confirment la nécessité de renforcer les deux premiers piliers de notre système de pensions. “Il faut rendre le second pilier, soit les assurance-groupes ou pensions complémentaires, obligatoire. Dans la déclaration gouvernementale de la Vivaldi, il y a un point sur l’obligation d’un deuxième pilier à un taux minimum de 3%. Il faut mettre en place cela pour que le système soit déjà plus équitable”, a-t-il plaidé.
En ce qui concerne les pensions complémentaires, 46% des salariés bénéficient d’une assurance groupe, et 7 indépendants sur 10 se constituent un capital pension. Bien que 57% connaissent le capital actuel de leur pension complémentaire, seulement un tiers estime que ce capital sera suffisant pour compléter leur pension légale et maintenir leur niveau de vie.
Selon les données de la FSMA, les citoyens de 55 à 64 ans situés dans les huit premiers déciles ont un capital moyen de 50.000 euros en termes de pension complémentaire. “Calculez cela sur 20 ans de pensions en moyenne cela ne représente pas grand-chose”, déclare Patrick Wangneur.
Sensibiliser davantage les Belges
Le sondage montre par ailleurs que les jeunes sont de plus en plus conscients de la nécessité d’aller vers ces deuxième et troisième piliers pour compléter leur capital. “Les choses changent, mais c’est aussi parce que les jeunes générations sont devenues trop pessimistes sur le premier pilier, la pension légale“, confie Devolder.
Dans l’ensemble, l’étude met en évidence la nécessité de sensibiliser davantage les Belges à la préparation de leur retraite, tout en soulignant les disparités de compréhension et de préparation au sein de la population. La question du financement des pensions reste immanquablement dans les têtes. “On devra, dans le futur, savoir quels sacrifices on devra faire pour financer cette pension légale“, confirme Patrick Wangneur. “Il y a également un enjeu d’équité, notamment autour des métiers pénibles. Des solutions existent, les experts les proposent. Il est en tout cas nécessaire de réformer ce système qui date de la Seconde Guerre mondiale”, conclut Pierre Devolder.
*Observatoire CBC réalisé par le bureau d’étude Ipsos, en janvier 2024, auprès d’un échantillon représentatif de la population belge (1086 répondants), âgé de 18 à 75 ans.
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