Épargne pension: quels rendements en 2024 ? (infographie)

Ilse De Witte Journaliste chez Trends Magazine

Les rendements des fonds belges de pension au cours de l’année écoulée varient fortement, allant de moins de 2 % à plus de 7 % de gains en 2024. « Nous n’avons pas bénéficié de résultats exceptionnels comme ceux de l’entreprise américaine de semi-conducteurs Nvidia ou du groupe biopharmaceutique belge UCB », déclare le gestionnaire du fonds qui se retrouve lanterne rouge cette année.

Une performance variable des indices

Les bilans annuels pleuvent en cette période. Pour une fois, le Bel-20 s’en sort relativement bien avec un gain annuel de 14,5 %. Pour les investisseurs réinvestissant systématiquement leurs dividendes, cela représente un rendement de près de 17 % depuis le Nouvel An. Cela dépasse la plupart des autres indices boursiers européens, mais reste nettement inférieur aux 26 % de rendement générés par un panier d’actions américaines du S&P 500.

Petites contre grandes entreprises

Les grandes actions belges du Bel-20 surperforment largement les petites et moyennes capitalisations, représentées par les indices Bel Mid et Bel Small. Ces indices affichent des pertes depuis le début de l’année : plus de 15 % pour le Bel Mid et 7 % pour le Bel Small. Parmi les actions de taille moyenne, les pertes des entreprises publiques comme bpost et Proximus se démarquent. De plus, les actions liées à la location ou au développement immobilier ont fortement reculé dans les deux indices.

Fonds belges spécialisés et disparités de rendements

Il reste un nombre limité de fonds d’investissement activement gérés qui se spécialisent dans les actions belges. Ces fonds sont proposés par les grandes banques comme KBC, BNP Paribas Fortis, Belfius, ING, et AXA, ainsi que par deux gestionnaires indépendants, Econopolis et Value Square. Les rendements de ces fonds varient considérablement, allant de moins de 2 % à 19 %. Outre la différence de performance entre les petites et grandes actions, la promesse non tenue des actions dites de valeur a également pénalisé certains gestionnaires de fonds.

Europe contre Amérique

L’épargne pension telle que nous la connaissons aujourd’hui, avec l’avantage d’une réduction d’impôt, découle de la loi Cooreman-De Clercq des années 1980, conçue pour orienter l’épargne vers les nouvelles émissions d’actions belges. La législation impose aux gestionnaires de fonds plusieurs obligations, comme investir la majeure partie des fonds en euros. Autrefois, une partie devait être investie en francs belges, mais cette exigence a été supprimée avec l’introduction de l’euro et la libre circulation des capitaux dans l’Union européenne.

De plus, la législation visait à assurer une certaine sécurité en empêchant les gestionnaires de fonds de se concentrer uniquement sur les actions. Les obligations ne peuvent pas non plus constituer la seule classe d’actifs, car cela relève des assurances épargne-pension de type 21, qui offrent un taux d’intérêt faible mais garanti. Cependant, ces produits d’épargne pension font souvent l’objet de critiques en raison des coûts élevés facturés aux clients. Les gestionnaires de fonds devraient obtenir de meilleurs rendements pour justifier ces frais élevés, mais ils y parviennent rarement.

Court terme contre long terme

Le rendement moyen des fonds belges de pension en 2024 s’élève à 5,4 %, un chiffre qui peut décevoir. Nous avons demandé une explication au fonds de pension Interbeurs Hermes, lanterne rouge de cette année. « Les performances des entreprises de semi-conducteurs Melexis et X-Fab pèsent particulièrement sur notre portefeuille », explique Werner Wuyts, gestionnaire de la banque privée Dierickx Leys, récemment rachetée par Delen Private Bank. « De plus, les sociétés immobilières réglementées nous pénalisent également. » Les banques centrales ont réduit les taux d’intérêt moins rapidement que prévu, rendant les actions immobilières plus sensibles aux variations de taux.

Dans le même temps, des leaders du Bel-20 comme le groupe biopharmaceutique UCB ou la société de biotechnologie Argenx sont absents du portefeuille d’Interbeurs Hermes, tout comme le géant américain des semi-conducteurs Nvidia. Cependant, une année de mauvaise performance n’a qu’un impact limité sur les fonds de pension, conçus pour des investissements à très long terme.

Idéalement, il est recommandé de commencer à épargner pour sa pension dès le début de sa carrière et d’ajouter progressivement des contributions jusqu’à l’âge de 65 ans. Les dernières années d’épargne sont totalement exonérées d’impôt, car à 60 ans, le fisc belge prélève une taxe finale de 8 % sur le capital épargné. Dans l’année où vous atteignez 60 ans, il est donc conseillé d’attendre après votre anniversaire pour effectuer un versement supplémentaire.

En conclusion, bien que les rendements des fonds de pension puissent varier considérablement d’une année à l’autre, ils restent une solution incontournable pour préparer sa retraite tout en bénéficiant d’avantages fiscaux.

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