Echanger des années de retraite contre une plus grande flexibilité au cours de sa carrière, la solution à un meilleur équilibre ?

Six indépendants sur 10 souhaitent réorganiser leur carrière et mieux profiter du temps supplémentaire que leur offre l’allongement de l’espérance de vie, mais ils ne trouvent aujourd’hui que peu d’opportunités au niveau juridique.  

L’espérance de vie moyenne dans notre pays a progressivement augmenté au cours des dernières décennies. Avec comme conséquence que nous travaillerions plus longtemps. Cela crée des défis importants pour notre système de pension, qui est greffé sur une espérance de vie plus basse.

Par exemple, la demande de pouvoir échanger des années de retraite contre une plus grande flexibilité au cours de la carrière se fait de plus en plus pressante. Le nombre d’absences de longue durée pour cause d’épuisement professionnel et de dépression ont fortement augmenté ces dernières années. Par conséquent, 45 années de travail réparties sur une période plus longue, pourraient constituer une solution. ​ C’est également l’avis de l’assureur-vie NN, qui plaide pour un modèle de longévité.

La santé mentale des Belges pas au beau fixe

Le nombre de patients souffrant de burnout ou de dépression est en forte augmentation depuis plusieurs années (46%). Cette tendance est clairement visible non seulement chez les employés, mais aussi chez les indépendants. Entre 2016 et 2021, le nombre de burnouts et de dépressions d’une durée d’au moins un an chez les travailleurs indépendants a augmenté de 59 %. Trouver l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée semble donc assez difficile.

L’enquête internationale sur la longévité de l’assureur NN montre que 67% des travailleurs salariés ont réussi à trouver cet équilibre. Cela nous place loin derrière des pays comme les Pays-Bas (82%) et l’Espagne (79%). En outre, 42% des Belges actifs déclarent ne pas pouvoir consacrer suffisamment de temps à ce qu’ils considèrent comme vraiment important dans la vie. Les travailleurs espagnols (29%) ou néerlandais (22%) font nettement mieux dans ce domaine également.

Le modèle de longévité comme solution

Dans ce contexte, l’assureur-vie estime qu’il est nécessaire de travailler sur un système orienté vers l’avenir qui permet aux gens de concevoir leur carrière en fonction de leurs propres besoins. Le principe du modèle de longévité permet d’utiliser l’allongement de l’espérance de vie pour sa santé, en échangeant des années de retraite contre une plus grande flexibilité au cours de la carrière.

Concrètement, cela signifie que l’on peut choisir d’étaler 45 années de travail sur une période plus longue, et donc de rester actif jusqu’après l’âge de la retraite, en échange d’une plus grande flexibilité en étant plus jeune. On pourrait par exemple choisir de prendre un congé sabbatique ou une interruption de carrière au milieu de sa carrière et, en échange, prendre sa retraite un peu plus tard. Cela permet aux gens de faire des choix équilibrés et sûrs dans l’intérêt de leur santé et de celle de leurs proches. Les pouvoirs publics y trouvent également leur compte, car les gens restent actifs et en bonne santé plus longtemps.

« Le modèle classique dans lequel les études, le travail et la retraite se succèdent rapidement est dépassé pour de nombreuses personnes.

Bart Chiau, professeur à la faculté d’économie de l’université de Gand.

« Le modèle classique dans lequel les études, le travail et la retraite se succèdent rapidement est dépassé pour de nombreuses personnes. Les gens vivent plus longtemps et ne sont donc pas opposés à l’idée de travailler plus longtemps si cela leur permet d’étaler un peu plus leur carrière et d’accorder plus d’attention aux choses qui leur tiennent à cœur. Nous constatons que tant les indépendants que les salariés plaident clairement en faveur d’une approche différente de la carrière et de l’âge de la retraite », déclare Bart Chiau, expert principal chez NN et professeur à la faculté d’économie de l’université de Gand.

Financer des interruptions de carrière

Les indépendants ont généralement des carrières plus longues que les salariés. Aujourd’hui, plus de 80% d’entre eux travaillent déjà jusqu’à l’âge de 65 ans ou plus, contre seulement 57% pour les salariés et même 19% pour les fonctionnaires. Cela ne signifie pas pour autant qu’ils n’ont pas besoin d’interruptions de carrière régulières et préventives. En effet, pas moins de 60% des indépendants souhaitent réorganiser leur carrière et mieux utiliser le temps supplémentaire offert par l’allongement de l’espérance de vie. Pour eux, NN voit une solution dans le capital accumulé dans la pension complémentaire. Celui-ci pourrait être utilisé pour financer des interruptions de carrière.

« Il est déjà possible aujourd’hui de prendre une avance sur son plan de pension pour investir dans l’immobilier. Nous proposons d’étendre cette possibilité aux interruptions de carrière. Cela donnera à l’indépendant l’énergie nécessaire pour continuer à travailler pendant de nombreuses années. Cette approche stratégique est plus avantageuse qu’un abandon inattendu pour cause d’épuisement professionnel et est également plus bénéfique pour le gouvernement », estime encore Bart Chiau, expert principal chez NN et professeur à la faculté d’économie de l’université de Gand.

Un nouveau cadre juridique nécessaire


​Pour que le modèle de longévité et la flexibilité qui l’accompagne deviennent une réalité, le gouvernement doit prendre un certain nombre de mesures. Tout d’abord, le législateur devrait adapter le cadre juridique relatif à l’acquisition des droits à pension.

« Le système de pension actuel laisse peu de place à la flexibilité”

« Le système de pension actuel laisse peu de place à la flexibilité. Le législateur devrait donc d’abord permettre d’accumuler des droits à pension même après l’âge légal de la retraite et rendre l’épargne retraite complémentaire également possible après l’âge légal de la retraite. Une autre option consisterait à ne prendre en compte que les années effectivement travaillées. De cette manière, on passe d’une politique axée sur le vieillissement à une politique visant à optimiser chaque étape de la vie », avance de son côté Colin Sanders, chercheur à l’Université de Hasselt.  



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