Départ à la retraite anticipée: gare à votre capital de pension!

Pension sénior argent administratif
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Mailys Chavagne
Mailys Chavagne Journaliste

La retraite anticipée peut affecter négativement le deuxième pilier de la pension: la pension complémentaire. Franky Stevens, expert chez Mercer, a réalisé une simulation pour calculer concrètement cet impact.

Officiellement, l’âge du départ à la retraite est fixé à 65 ans en Belgique. Concrètement, de nombreux travailleurs décident de prendre leur retraite avant l’heure. Une décision qui est loin d’être anodine tant les conséquences sont nombreuses. En particulier pour les différents piliers de la pension…

2 piliers de la pension affectés

En prenant votre retraite anticipée, vous risquez premièrement de réduire votre pension légale. La raison est simple: vous travaillez moins d’années, cotisez donc moins, et percevrez dès lors une pension plus faible. Nul besoin de s’inquiéter pour autant: vous perdrez tout au plus quelques dizaines d’euros par mois.

C’est plutôt pour la pension complémentaire qu’il faut vous tracasser. Car c’est bien le second pilier qui est le plus impacté par votre départ précoce. Et pour cause: votre pension complémentaire est automatiquement versée lors de votre départ (anticipé) à la retraite, et cela même si votre plan de pension complémentaire mentionne un âge de retraite différent. Tout l’argent qui aurait dû être versé entre le moment où vous êtes effectivement parti, et la date légale de départ à la retraite tombera aux oubliettes!

« Lors de l’adoption récente de la nouvelle réforme des pensions, l’accent a été mis principalement sur le bonus de pension et les conditions plus strictes pour la pension minimum. Je suis surpris que rien n’ait été dit sur l’impact que l’allongement ou la réduction de la durée du travail aura sur le deuxième pilier… », a réagi Franky Stevens, expert chez Mercer, cabinet RH.

Jusqu’à 25% de perte!

Pour démontrer concrètement cet impact financier, Franky Stevens a réalisé une simulation sur base des hypothèses suivantes : « Imaginez, une personne commence à travailler à l’âge de 22 ans et est rattachée à un plan à cotisations définies médian (formule 3% * S1 + 9% * S2) durant toute sa carrière. En supposant qu’il y ait un taux d’inflation à long terme de 2,25% par an, et en partant du principe que le salaire de départ est de 2800€/mois », comment un départ à la retraite anticipé peut-il impacter la pension complémentaire?

En Belgique, une carrière complète compte 45 années. Dans ce cas-ci, l’employé pourra officiellement partir à la retraite à ses 67 ans. À l’issue de ses 45 années de carrière, il disposera d’un capital de pension complémentaire de 250.000 euros bruts.

L’employé décide néanmoins de quitter ses fonctions plus tôt, et annonce prendre sa retraite à l’âge de 62 ans. Sur papier, cela équivaut donc à 5 ans de capital en moins. Pour la pension légale, l’impact sera de quelque 50 euros nets par mois. Mais pour la pension complémentaire, « l’impact net peut s’élever à plus d’un quart du capital épargné », a calculé l’expert. 25% donc… Une perte qui n’est pas négligeable.

Pourquoi une telle perte?

Trois grandes raisons expliquent ces chiffres, selon Franky Stevens.

  • La différence d’évaluation. Selon le moment où l’on prend sa retraite, l’évaluation du capital de pension du deuxième pilier est différente. Elle peut fluctuer entre 20%, 16,5% et 10%.
  • Perte de primes. Dans un plan à cotisations définies, les cotisations dépendent du salaire. En fin de carrière, le salaire, et donc les primes, sont les plus élevés. La perte de plusieurs années de primes a un impact très important sur le capital.
  • Intérêts sur les primes et le capital. En raison de l’effet des intérêts composés sur les primes et le capital, les dernières années avant la retraite ont un impact très important sur le capital final. Par exemple, 5 années de perte d’intérêts de 1,75 % représentent une perte de 10 % dans l’accumulation du capital.

Peut-on l’éviter, même si on décide de partir plus tôt à la retraite?

« Il est très difficile d’éviter une telle perte », avertit l’expert. « Une alternative peut être de travailler moins durant les dernières années qui précèdent la retraite. De cette manière, on peut travailler jusqu’à l’âge légal de la retraite et la tranche d’évaluation la plus basse s’applique. De même, il n’y a pas de perte d’intérêts. Le seul problème est que les cotisations seront moins élevées au cours des dernières années. Toutefois, l’impact sera bien moindre que celui d’une retraite complète. »

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