Investir dans le bon d’Etat “Van Peteghem” était-il finalement un placement intéressant ?
Alors qu’il arrive bientôt à échéance, l’heure du bilan est arrivée pour le bon d’État lancé par le ministre des Finances sortant, Vincent Van Peteghem (cd&v). Ce bon d’État d’un taux exceptionnel de 2,81% nets était-il finalement intéressant vis-à-vis d’autres produits financiers et en tenant compte de l’inflation ?
Le bon d’État à un an de Vincent Van Peteghem arrive à échéance le 4 septembre prochain. Il a connu un succès sans précédent : pas moins de 542.670 Belges ont décidé d’investir leur argent, à hauteur de 21,99 milliards d’euros. Il faut dire qu’ils ont bien été poussés dans le dos par le ministre des Finances qui avait proposé de réduire de moitié le précompte mobilier, à 15%. Le taux d’intérêt brut de 3,30% a donc conduit à un taux net de 2,81%. Plus que tous les taux d’épargne de l’époque.
C’était d’ailleurs l’intention de Vincent Van Peteghem : pousser les banques à augmenter leurs taux d’intérêt sur les comptes d’épargne. Ces derniers restaient très timides alors que la Banque centrale ne cessait d’augmenter son taux de dépôts. Tout autour de la Belgique, les taux d’épargne grimpaient sauf chez nous.
Ce succès-là a été relatif. Les banques ont un peu bougé, mais sans plus. Par contre, elles ont vu des milliards d’euros s’envoler des comptes d’épargne vers le bon d’État. Et désormais, elles rivalisent d’offres pour récupérer leur dû : la bataille est lancée.
L’heure du bilan
Mais les Belges ont-ils eu raison de se précipiter sur ce bon d’État ? Le 4 septembre, les 21,99 milliards d’euros auront créé 609,5 millions d’intérêts à se redistribuer. Pour chaque 1.000 euros investis, l’investisseur récupèrera 1.028,10 euros sur son compte bancaire.
Ce n’est pas vraiment une surprise, mais tous ceux qui ont souscrit au bon d’État perdront probablement de l’argent. En cause ? L’inflation. Au mois de juillet, elle s’élevait à 3,64%, selon Statbel, par rapport à juillet dernier. Il reste à déterminer à combien elle sera en septembre, mais on n’en sera pas très loin.
Surtout, cela reste un investissement peu rentable vis-à-vis d’autres investissements :
- Si vous aviez investi dans l’or, valeur refuge, le 4 septembre, votre rendement aurait été 27,1% aujourd’hui. 1.000 euros vous aurait rapporté 1.271 euros.
- Si vous aviez investi en actions, sur l’indice du Bel 20, votre rendement aurait été de 11,1%. Avec 1.000 euros, vous auriez retiré 1.110,2 euros.
- Si vous aviez investi en actions, sur l’indice du Nasdaq, votre rendement aurait été de 22,85%. Avec 1.000 euros, vous auriez aujourd’hui 1.228,5 euros.
- Si vous aviez investi en Bitcoin, votre rendement aurait été de 120,3%. Avec 1.000 euros, vous auriez 2.203 euros aujourd’hui.
Conservatisme
Bien sûr, il ne s’agit pas du même risque pour l’épargnant. Et ce dernier peut se consoler en se disant qu’à la date du 4 septembre, aucune grande banque ne proposait un taux de 2%. Seuls quelques petits acteurs commençaient à émerger, comme MeDirect, qui, dans la foulée du bon d’État, relevait son compte Fidelity à 2,55%, ce qui restait toutefois inférieur au bon d’État. Les comptes à terme peinaient également à se démarquer.
Mais c’est aussi à l’image de l’épargnant belge : très conservateur, avec une grande aversion au risque. C’est ainsi qu’on retrouve sur les comptes d’épargne quelque 300 milliards d’euros, qui dorment au détriment de l’économie réelle. À cet égard, le formateur Bzrt De Wever tente de faire bouger l’épargne des Belges dans les négociations fédérales.
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