Est-il sain de comparer sa richesse à celle de son voisin ?

La plupart des Belges n’arrivent pas à situer leur niveau de richesse par rapport à celles des autres citoyens. Mais est-ce vraiment une bonne idée de se comparer aux autres? 

Est-il sain de se comparer à son voisin quand on parle de richesse ? Se comparer à des personnes mieux loties financièrement peut être décourageant. Mais cela peut aussi être source de motivation, explique Keith Payne, professeur de psychologie et de neurosciences à l’université de Caroline du Nord, interviewé par le journal flamand De Standaard.

Si mon voisin gagne plus que moi, cela me motivera à travailler plus dur ou à me lancer dans un nouvel emploi. S’il gagne moins, c’est le contraire qui se produira. Je cesserai d’essayer. Cela peut donc aller dans les deux sens”, avance Keith Payne.  Il n’y a rien de mal à comparer, à condition de le faire de manière raisonnable, selon lui. “Si vous vous sentez mal ou stressé, comparez-vous avec les personnes qui sont moins bien loties. Si vous avez besoin de motivation pour travailler plus dur, comparez-vous alors avec celles qui sont plus fortunées”, conseille-t-il. “Ce dont nous devons être conscients, c’est que nous avons surtout tendance à nous comparer à ceux qui sont mieux lotis”, ajoute le spécialiste.

Modification des opinions politiques  

Mais, une personne qui découvre qu’elle est plus pauvre que ce qu’elle ne pensait l’être se sentira probablement mal ou insatisfaite. “Nos recherches montrent que cela modifie également les opinions politiques. Vous pouvez devenir plus favorable à l’impôt progressif et à la redistribution des richesses. Si vous êtes plus riche que vous ne le pensiez, vous deviendrez un plus grand partisan de l’individualisme et de la méritocratie”, explique le psychologue américain.

Les riches et les pauvres se comportent aussi assez différemment. Lorsque les gens se sentent pauvres, ils ont tendance à se concentrer principalement sur le court terme. “Ce n’est pas illogique, car il faut se concentrer sur le présent pour payer le loyer du mois ou les courses de la semaine”, explique Keith Payne. Le problème, selon ce dernier, est que l’on se retrouve dans un cercle vicieux parce que l’on ne peut pas investir des ressources dans l’avenir. “Ce n’est pas un trait de caractère des pauvres, précise-t-il. Si vous enlevez l’argent aux riches, ils commenceront également à se concentrer sur le court terme et à prendre plus de risques. Si vous sortez un pauvre de la pauvreté, il commencera à penser à plus long terme”. 

L’égalité, un meilleur indicateur du niveau de bonheur  

Les données sur la qualité de vie et le bonheur montrent qu’il est nettement préférable de vivre dans une démocratie d’Europe occidentale. “L’égalité est un bien meilleur indicateur du niveau moyen de bonheur dans un pays que la prospérité”.  

Notre cerveau n’est d’ailleurs pas conçu pour faire face à des inégalités extrêmes. “Toutes les inégalités ne sont pas mauvaises. Mais le fait que les plus riches possèdent 500 fois plus ou 10 fois plus fait une grande différence”, continue Payne. “En cas de fortes inégalités, les gens ressentent un plus grand besoin de suivre le rythme des autres. Ils essaient de gagner plus d’argent, de manière équitable ou non. Ils jouent davantage et prennent de terribles décisions financières. Là où les inégalités sont fortes, les gens dépensent aussi plus pour des produits de luxe qui montrent qu’ils sont riches. Pensez aux téléviseurs, aux sacs à main et aux voitures de luxe. Mais quelle est l’utilité de ces produits, si ce n’est qu’ils montrent que l’on est riche ?”, s’interroge le psychologue.  

Des études ont effet démontré que les dépenses de luxe ne rendent pas plus heureux. Elles procurent juste un sentiment de satisfaction éphémère qui génère par la suite des regrets. “Très souvent, nous sommes trop concentrés sur ce moment de joie et nous oublions les lourds regrets qui viendront plus tard.” 

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