Private equity: “Merci les family offices”
Comme l’explique Grégoire Tondreau, expert de Roland Berger, l’émergence de nombre de “‘family offices” en Flandre permet au marché belge de se maintenir, malgré la hausse des taux d’intérêt.
Associé au sein de la firme de consultance Roland Berger, Grégoire Tondreau analyse les dernières tendances en matière de private equity sur le marché belge, lequel n’échappe pas au ralentissement généralisé.
– TRENDS-TENDANCES. Quel est l’état du marché en Belgique actuellement?
GRÉGOIRE TONDREAU. Comme dans la plupart des pays occidentaux, il est pour le moment en attente. Il y a nettement moins de transactions que les années précédentes. C’est une tendance générale.
– Comment expliquer ce tassement?
Plusieurs facteurs interviennent. Le premier et le plus visible, c’est la forte hausse des taux d’intérêt de la Banque centrale européenne. Elle rend le crédit et l’effet de levier nettement plus chers. Après, il y a le ralentissement économique ainsi que la dynamique entre acheteurs et vendeurs. Les vendeurs ont toujours des attentes très élevées en termes de valorisation tandis que les acheteurs ont déjà revu leurs prix de référence à la baisse. Outre cet écart de perception, les introductions en Bourse, qui sont un moyen pour les fonds de private equity de revendre les sociétés en portefeuille, sont aussi en baisse.
– Les banques prêtent-elles moins facilement?
Elles sont en effet beaucoup plus regardantes sur le degré de risque qu’elles prennent et sur les clauses qu’elles imposent dans le cadre d’un financement. Et donc elles vont moins loin dans l’effet de levier accordé.
– Tous les secteurs sont-ils touchés de la même manière?
Pas du tout. On observe de très grandes différences. L’IT ou certains segments de la santé se portent plutôt bien actuellement. En revanche, c’est compliqué pour les opérations liées aux secteurs de l’immobilier et de la construction qui souffrent davantage du ralentissement économique.
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– Et en termes de taille des entreprises?
Le recul des transactions est beaucoup plus perceptible sur les gros deals que sur les plus petites opérations. On retombe sur la problématique de financement. Les banques sont moins frileuses à l’égard des plus petits dossiers. A nouveau, la prise de risque est moins importante.
– Les liquidités restent pourtant abondantes…
C’est le paradoxe de la situation actuelle. Des moyens significatifs ne sont pas déployés, y compris en Belgique. On le voit avec des acteurs tels que Sofindev ou Waterland qui n’ont aucune difficulté à boucler leur fonds, ce qui est assez normal dans la mesure où le private equity est une classe d’actifs qui malgré la hausse des taux, reste attractive par son rendement.
– Quid des “family offices” qui ont le vent en poupe?
Beaucoup d’entrepreneurs flamands investissent dans le private equity via leur propre fonds (Marc Coucke via Alychlo, la famille Balcaen via Baltisse, etc.). Ce sont des investisseurs privés qui n’ont pas les mêmes contraintes que les fonds classiques. Ils peuvent se permettre d’attendre plus longtemps avant un exit ou dépendent moins de l’effet de levier, ce qui permet de garder un certain dynamisme au marché.
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