Pourquoi le taux sur les e-Depo est plafonné à 2,50%

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Pierre-Henri Thomas
Pierre-Henri Thomas Journaliste

Le gouvernement avance la crainte d’un dérapage pour expliquer, à partir de ce mois de mai, la fin de la liaison de ce taux à celui des obligations d’Etat.

On avait commencé à en parler ces derniers mois comme une alternative de moins en moins confidentielle au livret d’épargne. Le e-Depo, compte épargne de la Caisse des Dépôts et Consignation, avait  attirés de nombreux épargnants, lassés par le maigre rendement offert par le livret d’épargne réglementé qui, même s’il évolue à la hausse ces derniers mois, reste encore bien souvent cantonné entre 0,75% et 1,50%  (taux de base et prime de fidélité cumulés).

Certes, il y a désormais plus de 300 milliards d’euros placés sur le seul livret d’épargne réglementé, mais de plus en plus de déposants avaient découvert le filon. Aujourd’hui, il y a 16.396 particuliers et 1.273 sociétés, soit 17.669 comptes e-Depo ouverts alors qu’il n’y en avait qu’environ 11.000 à la mi-mars. Les particuliers y ont déposé 671 millions, et les sociétés 1,021 milliards, soit en tout 1,692 milliards, contre un peu moins de 1,3 milliard mi-mars.

Les conditions offertes par la caisse des dépôts étaient en effet plus avantageuses : avec un taux calculé sur base du rendement de l’obligation d’Etat à un an, le taux, modifié tous les mois, avait atteint 3,10% (brut de précompte, soit 2,17% net) en avril et aurait dû atteindre 3,20% en mai.

Mais voici quelques jours, le gouvernement a décidé de plafonner ce taux à 2,50% (brut, soit 1,75 net) à partir du mois de mai.

Crainte de dérapage

L’explication ? La crainte d’un dérapage financier, puisque cette rémunération est payée au final par l’Etat. « L’arrêté royal à la base de cette baisse a été pris afin d’éviter qu’un taux excessivement haut sur les dépôts auprès de la Caisse de Dépôts et Consignations pourrait être désavantageux pour le niveau de la dette publique, à partir  du moment où ces montants ne pourraient pas être repris assez vite parmi les besoins de financement de l’Agence fédérale de la Dette, explique le porte-parole du SPF Finances Francis Adyns. Ces montants pourraient ainsi augmenter le risque de refinancement de l’Etat fédéral », dit-il.

Mais du côté des épargnants, on grogne. L’association Testachats regrette  cette décision du gouvernement qui ne prend pas en compte le contexte de forte inflation qui rabote le rendement réel des épargnants. « Une nouvelle fois, l’épargnant n’est pas pris en considération alors que l’inflation reste à un niveau élevé » déplore Julie Frère, porte-parole de Testachats.

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