L’inconfortable vérité derrière des courses de plus en plus chères

Stijn Fockedey Stijn Fockedey est rédacteur de Trends

Oui, notre caddie de supermarché est devenu nettement plus cher au cours des deux dernières années. Et la vigilance reste de mise pour l’année à venir.

L’organisation de consommateurs Test-Achats a calculé, sur la base d’un panier de 3 000 produits, que notre panier d’achat est devenu, en moyenne, 29 % plus cher en deux ans. Les chiffres officiels de l’inflation ont également montré une très forte inflation des denrées alimentaires au cours des deux dernières années. Il est compréhensible que nous cherchions un bouc émissaire et que nous parlions de “greedflation” – les entreprises rendant leurs produits plus chers que nécessaire – mais l’histoire est plus nuancée que cela.

1. Que s’est-il passé au cours des deux dernières années ?

Les principaux responsables de la forte hausse des prix de détail sont la crise énergétique déclenchée par la guerre de Poutine en Ukraine et les nombreuses mauvaises récoltes dues au mauvais temps. Les coûts pour les agriculteurs, les transformateurs de produits alimentaires et les supermarchés ont fortement augmenté.

Les marges des supermarchés se sont érodées ces dernières années, atteignant souvent des niveaux insoutenables. D’où la faillite de Makro, l’implosion de Match ou la franchisation des grands supermarchés Delhaize. Les fournisseurs et les échelons inférieurs de la chaîne ne connaissent pas non plus de croissance substantielle de leurs bénéfices. Même ceux qui disposent d’un pouvoir de marché important (Coca-Cola, Lotus et d’autres marques connues) ont eu du mal à répercuter l’augmentation des coûts lorsque des supermarchés comme Colruyt se sont mis en grève. Ils ont refusé d’acheter davantage, ce qui a eu pour effet de vider les rayons des magasins. Et parce que les gens ont changé leurs habitudes d’achat. Les consommateurs belges, et par extension européens, achètent désormais beaucoup plus de marques de distributeur ou d’autres produits moins chers.

2. C’est la fin des “années dorées” en Belgique

Les consommateurs belges avaient acquis un certain pouvoir d’achat juste avant la crise du Covid. Ceux qui vivent sainement – beaucoup d’aliments frais et peu d’alcool ou de tabac – voient leur pouvoir d’achat s’améliorer jusqu’en 2021. Ceci est dû à une tendance continue où l’inflation des aliments non transformés (fruits et légumes frais, viande, poisson, etc.) était en moyenne inférieure à l’inflation générale ou à l’augmentation de notre revenu disponible. Les produits alimentaires transformés ont en moyenne suivi davantage l’inflation générale et, pendant un certain temps, ont également été supérieurs à la croissance du revenu disponible. Mais dans cette catégorie, l’alcool et le tabac ont pesé relativement lourd. Ces produits sont devenus beaucoup plus chers que les autres, en raison de l’augmentation des coûts et des accises.

Ainsi les personnes qui disposaient d’un revenu disponible de 1.000 euros en 2022 disposent aujourd’hui en moyenne de 1.353 euros. Ceux qui achetaient des aliments frais pour 1.000 euros en 2012 ne payaient “que” 1.203 euros pour le même caddie en 2022. L’augmentation des prix des aliments transformés, de l’alcool et du tabac a également été légèrement inférieure à la croissance du revenu disponible.

L’explication de ces hausses de prix relativement faibles dans les supermarchés, à l’exception d’un coup de pouce pendant la crise du Covid, réside dans la concurrence acharnée qui règne en Belgique. Notre pays compte un très grand nombre de supermarchés par rapport à la population et à la superficie. En outre, de nouveaux acteurs tels que Lidl ont mené des politiques de prix agressives pour gagner des parts de marché.

3. La difficile année 2023

Une partie des gains de pouvoir d’achat des supermarchés de ces dernières années pourrait avoir été perdue en 2023. L’indexation des salaires des employés (plus de 10 % pour la plupart des employés de bureau) n’aura pas compensé la forte augmentation des prix des magasins, l’inflation des produits alimentaires ayant été de 15 à 18 % l’année dernière. Mais les chiffres complets se font toujours attendre. Je le répète, rien n’indique qu’il y ait eu des profits excessifs à grande échelle de la part des entreprises, même s’il y a bien sûr des exceptions. Notre panier de supermarchés est devenu nettement plus cher parce que les coûts ont fortement augmenté. Les bons boucs émissaires sont Vladimir Poutine, la météo et le changement climatique.

4. La vigilance en 2024

Cette année, nous devons être vigilants. L’expérience montre que les prix de détail sont un peu collants et qu’il n’y a que peu de rétropédalage après une hausse des prix, et ce même si les coûts repartent à la baisse. Test-Achat note à juste titre que les prix de nombreux produits de base se sont stabilisés entre-temps. Cela devrait également se refléter dans les prix des magasins dans un avenir proche. Les consommateurs peuvent faire leur part. En profitant au maximum des promotions et en comparant les prix, ils disposent d’un véritable pouvoir.

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