“Les conséquences de l’élection de Trump seront plus importantes pour les consommateurs belges que pour les Américains”
Pierre-Alexandre Billiet, économiste et CEO de Gondola est l’invité de notre Trends Talk. Celui-ci aborde les conséquences de l’élection de Donald Trump sur les consommateurs ainsi que les promotions excessives pointées du doigt par les manifestations d’agriculteurs.
L’élection de Donald Trump en tant que nouveau président des Etats-Unis raisonnera dans le monde, tant sur le plan géopolitique que sur la consommation des biens. Et les consommateurs européens n’y échapperont pas, ils seront même davantage impactés que les Américains selon Pierre-Alexandre Billiet, CEO de Gondola. “Il y a un contexte inflatoire qui est en train de s’installer pour des raisons économiques et fiscales”, explique-t-il. “Il y a une différence entre les consommateurs européens et américains, ces derniers continuent de consommer en période de haute inflation, ce qui n’est pas le cas des Européens.”
Mieux vaut des taxes que de l’incertitude
A cela s’ajoute une instabilité multidimensionnelle, liée non seulement à l’élection de Donald Trump mais également aux aléas climatiques de plus en plus importants et récurrents, qui toucheront l’agroalimentaire et la grande distribution. “Deux secteurs qui supportent mal le stress et le changement”, note le CEO qui prédit une augmentation des prix à la consommation. “Les conséquences seront donc plus importantes pour les consommateurs belges et européens que pour les Américains.”
Donald Trump a également promis toute une série de taxes, doivent-elles inquiéter le secteur agroalimentaire ? “La plupart avaient déjà été implémentées par Biden”, tempère le CEO de Gondola. “Ce qui est important et qui pèsera davantage sur le secteur, c’est le contexte d’incertitude”, ajoute-t-il. “Chaque fluctuation va amener le secteur à calculer des primes de risques, que ce soit pour le stockage de matière première, le transport… La sommation de ces couts supplémentaires vont devoir être payés d’une manière ou d’une autre par le consommateur.”
“Une tension économique insupportable”
Une autre actualité s’ajoute à l’élection américaine, le retour des protestations des agriculteurs dans nos rues qui s’inquiètent du peu d’avancées promises en matière de réglementation. En ligne de mire ? Le Mercosur vu comme une menace pour les producteurs européens qui seront soumis à des injonctions contradictoires les sommant de respecter des standards de production plus élevés, tout en étant en concurrence avec des productions encadrées par des normes plus laxistes. “C’est une inquiétude réelle, tant sur le plan alimentaire que non-alimentaire, nous importons des produits qui ne correspondent pas à nos normes sociétales ou sanitaires”, prévient Pierre-Alexandre Billiet. “Cette tension-là est insupportable économiquement.”
Autre point d’attention porté par les agriculteurs, les promotions excessives en grande distribution. “Elles ne sont pas souhaitables si l’on veut une consommation raisonnée”, note le CEO de Gondola. “Elles fonctionnent très bien auprès des consommateurs mais ça a des conséquences sur la totalité de la chaine alimentaire”, prévient-il. Le problème de ces promotions est qu’elle dévalorise le produit. “Mais c’est surtout qu’avec une marge nette de 16%, un producteur ne sait pas s’en sortir, c’est une détérioration de son modèle économique”, complète Pierre-Alexandre Billiet. Sans compter les externalités négatives de ces promotions qui ne sont pas prises en compte. “35% du CO2 émane aujourd’hui de la chaine alimentaire, il y a intérêt à jouer avec parcimonie sur ces promotions.”
Deux réactions possibles face à ces promotions : l’interventionnisme étatique tel qu’il est conçu en France par exemple ou l’autorégulation du marché pratiqué en Belgique ou au Pays-Bas. “Aucune des deux écoles ne fonctionne aujourd’hui”, assure Pierre-Alexandre Billiet.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici