Eau: bientôt une pénurie de boissons alcoolisées?

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© Getty

Diageo, la plus grande société de spiritueux au monde, affirme que le changement climatique risque de mettre en péril sa production.

Pour Diageo, la plus grande société de spiritueux au monde, le plus gros risque pour sa production est un manque d’approvisionnement en eau potable. Un risque devenu bien réel avec le changement climatique.

Une industrie très gourmande en eau

Comme de nombreuses autres entreprises, Diageo doit aujourd’hui de se montrer moins gourmande en eau. Ainsi l’an dernier, elle avait pas moins de 43 sites situés dans des régions soumises à un stress hydrique. Un terme qui est utilisé quand la demande en eau dépasse les ressources disponibles. Soit autant d’usines qui pouvaient potentiellement faire face à une pénurie d’eau.

Et cette pénurie n’est pas que pour de lointains pays exotiques, mais pourrait même toucher des régions à la réputation pluvieuse. Ainsi en octobre 2022, Ivan Menezes, l’ancien patron de Diageo (décédé cette semaine NDLR) mettait en garde contre une pénurie d’eau en Écosse suite au changement climatique.  Selon lui “il existe des scénarios dans lesquels nous pourrions assister à un stress hydrique dans cette région ». De quoi mettre en danger son légendaire whisky. Car le problème pour les spiritueux, et autres alcools, c’est que l’eau est leur principal ingrédient.

90% d’une bière

L’eau compose en effet 90% d’une bière et plus de 60% d’un spiritueux. L’eau est aussi indispensable à la culture des céréales ou des raisins, soit deux autres ingrédients classiques des boissons alcoolisées. On peut améliorer ce qu’on veut, il est donc impossible de faire sans. Plus que de belles paroles ou du simple greenwashing de façade c’est donc aussi une question de survie sur le long terme.

Né en 1997 de la fusion entre le brasseur Guinness (qui assure environ 15 % de ses revenus) et Grand Metropolitan, le groupe domine surtout le marché du whisky (37 % de ses ventes en 2021-2022, dont 24 % pour les seuls scotchs). Selon un communiqué de l’entreprise, le groupe est  aussi « numéro un en termes de ventes pour la vodka, le gin, le rhum, les liqueurs.» Une pénurie des boissons de Diageo aurait un impact mondial, puisque le groupe a dans son escarcelle d’importantes marques comme Guinness, Johnnie Walker, Smirnoff, Captain Morgan, Baileys ou encore Tanqueray. Mais ce n’est là que quelques grands noms puisque Diageo distribue plus de 200 marques dans plus de 180 marchés.

Des efforts, mais pas encore de révolution

Si l’entreprise a utilisé environ 17,52 milliards de litres d’eau en 2022, Diageo s’est engagée à ce que d’ici 2030 sa consommation se réduise de 40%. L’entreprise réinjecterait déjà plus d’eau qu’elle en utilise dans certaines de ces zones comme en Turquie ou elle produit du raki ou au Mexique ou elle produit sa Tequilla. Par exemple via l’irrigation au goutte-à-goutte qui réduit significativement l’évaporation. On estime que cela devrait permettre d’économiser 177 000 mètres cubes avant la fin de l’année 2026. Soit à peine 1% de la production globale de Diageo. De quoi offrir une belle marge de progression.

Heureusement pour le groupe, l’industrie des spiritueux n’a été que peu touchée par la crise inflationniste qui sévit actuellement en Europe. Les produits les plus chers de sa gamme se sont extrêmement bien vendus en 2022. L’explication du groupe est que les gens malgré un contexte tendu n’avaient pas renoncé à leurs « petits plaisirs occasionnels ».

Et en Belgique ?

A l’été 2022, la fédération Fevia a fixé un objectif aux industriels du secteur. Ils devaient réduire leur consommation d’eau de 20% d’ici à 2025. La menace de stress hydrique est cependant plus prononcée en Flandre qu’en Wallonie ou la situation est plus « confortable puisqu’elle produit quelque 385 millions de m3 d’eau par an, dont environ 40% sont exportés. Du côté flamand, par contre, la Région a conclu un “green deal” avec 16 brasseurs du nord du pays qui se sont engagés à réduire leur conso’ d’eau par litre de bière produite. Les brasseries participantes auraient réduit leur consommation d’eau de 289 millions de litres, soit autant que 115 piscines olympiques.

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