Comment réconcilier agriculteurs et distributeurs?
Des discussions ont eu lieu entre le secteur agricole, Comeos, l’industrie agroalimentaire et le gouvernement, afin de mettre en place un mécanisme équitable pour l’ensemble du secteur. Quelles sont les pistes qui pourraient être envisagées ?
En prenant pour cible la grande distribution, les agriculteurs entendent dénoncer la pression sur les prix que ceux-ci subissent. Des centres logistiques étaient à nouveau bloqués ce matin. Les uns revendiquent la nécessité d’un revenu plus élevé quand les autres essaient de maintenir leurs marges… Comment réconcilier ces deux maillons de la chaine alimentaire ? Voici quelques pistes.
1. Prendre en compte les externalités
Le prix des aliments devrait intégrer une partie de ces coûts cachés, afin de responsabiliser tous les acteurs des systèmes alimentaires. Il faut prendre en compte des coûts, classés en trois catégories. Les coûts sociaux (santé, sécurité, éducation, conditions de travail) ; coûts environnementaux (dégradation des ressources naturelles, changement climatique, pertes et gaspillage) et les coûts économiques (subventions, importations, perte de journées de travail, investissements matériels et immatériels hors comptabilité classique).
En Belgique, 80% des consommateurs sont au-dessus du seuil de pauvreté et sont donc capables de s’acheter une alimentation saine au juste prix. Comment intégrer ces externalités ? “Il faut surtout soutenir un pouvoir d’achat à effet positif, c’est-à-dire qui intègre les externalités négatives de notre consommation”, explique Pierre-Alexandre Billiet, CEO de Gondola.
“Le gouvernement pourrait soutenir financièrement certains types d’achats par des titres à la consommation. Donc, au lieu de donner de l’argent au consommateur, le gouvernement pourrait créer un fonds facilitant l’accès à la nouvelle consommation, ce qui permet d’accélérer la transition, tant au niveau du consommateur qu’au niveau des entreprises qui auront besoin de financer cette transition à hauteur de 3 à 5% de leur chiffre d’affaires.”
2. Relocaliser
En relocalisant notre agriculture, on s’assure que l’offre de produits agricoles serve à répondre à la demande d’une région déterminée. De plus, le développement de circuits courts permet de renforcer le pouvoir de négociation des agriculteurs par rapport aux grands acheteurs.
Avantage de ce partenariat direct entre éleveur et retailer: il permet de réduire le nombre d’intermédiaires mobilisés habituellement dans un circuit de distribution indirect. Un circuit dans lequel on retrouve des producteurs, des grossistes, des centrales d’achats, des distributeurs et enfin des détaillants. Le premier acteur n’étant en contact qu’avec le second, et ainsi de suite jusqu’au consommateur final.
Pour le distributeur, travailler en direct avec des producteurs offre certains avantages. Cela facilite, par exemple, les négociations de prix. “Elles sont très différentes des négociations menées avec une marque nationale, souligne Pascal Léglise, directeur du développement durable de Carrefour, insistant sur leur transparence. Les producteurs peuvent aisément démontrer l’ensemble de leurs coûts et prouver dans quelle mesure ceux-ci ont augmenté.”
3. Revaloriser
En Belgique, il existe un mécanisme qui s’appelle la “concertation chaîne”, dont l’objectif est de nouer un dialogue entre les différents acteurs de la chaîne agroalimentaire. Ce dialogue permet de faire la transparence sur la marge dont chacun bénéficie dans cette chaîne, de la production à la commercialisation. Cependant, le mécanisme ne semble pas fonctionner comme le démontrent les revendications des agriculteurs.
En complément de ce système, le gouvernement a proposé un mécanisme de solidarité qui compenserait les variations de prix que subissent les agriculteurs. Ce dernier prendrait la forme d’une assurance auquel contribuerait chaque acteur de la chaine alimentaire. Certains vont plus loin et proposent une commission qui imposerait des prix minimums.
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