Comment profiter de la volatilité en Bourse ?

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Alors que l’actualité inquiète et que les indicateurs économiques se tendent, les marchés boursiers se montrent logiquement plus nerveux. Une volatilité accrue qui peut également offrir des opportunités…

S’il est bien un point sur lequel à peu près l’ensemble des observateurs s’accordent pour cette année boursière, c’est l’incertitude. De la situation en Ukraine à l’inflation américaine en passant par la politique des banques centrales ou l’impact économique de l’intelligence artificielle, les inconnues sont nombreuses. Ce qui se reflète sur la volatilité, mesurée respectivement par les indices Vix pour le S&P 500 américain et Vdax pour la Bourse de Francfort.

Hausse des marchés et de la volatilité

Traditionnellement, les indicateurs de volatilité s’envolent quand les marchés chutent. Ce qui s’explique assez logiquement, les évolutions étant bien plus fortes durant ces périodes. L’ensemble des séances record en termes de variations (à la hausse comme à la baisse) ont ainsi lieu durant des corrections ou des krachs.

Il est donc assez surprenant de voir le Vdax augmenter à plus de 20, un niveau nettement supérieur à la moyenne historique de 16, alors que le Dax allemand affiche un gain de 12% depuis le début de l’année.

Aux États-Unis, le Vix affiche un niveau de 16, également légèrement supérieur à la moyenne historique et bien plus élevé que la zone de 10-12 traditionnellement atteinte en période de hausse continue.

Volatilité attendue

La hausse du Vix et du Vdax reflète ainsi surtout les craintes des investisseurs qui ne risquent pas de disparaître de sitôt. Les motifs d’inquiétudes ne manquent en effet pas comme l’illustre la dernière enquête mensuelle de Bank of America auprès de gestionnaires de fonds internationaux :

– 89% estiment que les actions américaines sont surévaluées;
– 59% anticipent une stagflation; (faible croissance, inflation élevée)
– 39% redoutent tout particulièrement le risque d’une guerre commerciale mondiale;
– 31% épinglent l’inflation comme risque majeur;

Et l’on pourrait encore ajouter la concentration historiquement élevée des marchés autour des Sept Fantastiques (Apple, Amazon, Alphabet Meta, Microsoft, Tesla, Nvidia) ou la menace régulière d’une récession.

Bref, les risques sont multiples et de différentes natures, ce qui complexifie encore les anticipations. Dans cet environnement, il n’est guère étonnant que la perspective de marchés plus volatils fasse quasiment l’unanimité.

Stabiliser votre portefeuille

Pour l’investisseur, cette perspective est assez inconfortable, la volatilité se traduisant par des mouvements erratiques avec le risque de rechutes soudaines. Tout ce que nos biais cognitifs détestent et cela peut ainsi nous pousser à des décisions irréfléchies comme la vente de positions en panique (au plus mauvais moment).

Pour limiter l’influence de la volatilité sur votre portefeuille, vous pouvez surpondérer certains segments réputés plus stables.

Pour limiter cet écueil et l’influence de la volatilité sur votre portefeuille, vous pouvez surpondérer certains segments réputés plus stables, c’est-à-dire avant tout les secteurs défensifs (consommation de base, télécoms, pharmacie, services aux collectivités) en ciblant les valeurs de rendement, le dividende étant moins aléatoire que l’orientation des marchés sur le court terme.

Volatilité réduite

Du côté des fonds, les indices “Minimum Volatility” de la société MSCI sont destinés à réduire la volatilité. Concrètement, la sélection se passe en deux temps. Premièrement, MSCI retient les actions dont les cours sont historiquement moins volatils sur les marchés. Deuxièmement, elle veille à la diversification géographique et sectorielle afin de limiter la volatilité du portefeuille. Les résultats sont plutôt probants.

Depuis le début des données en 1988, le MSCI World Minimum Volatility (actions mondiales) affiche une volatilité réduite de près d’un tiers par rapport à l’indice classique MSCI World tout en ayant généré un rendement comparable (8,56% par an contre 8,43%).

L’ETF Xtrackers MSCI World Minimum Volatility (XDEB sur Euronext Milan ; frais annuels de 0,25%) copie cet indice. Walmart, Deutsche Telekom ou Berkshire Hathaway figurent parmi les principales positions actuelles, mais aucune n’affiche un poids de plus de 1,5%, limitant de facto le risque de concentration.

Pour une approche plus européenne, vous pouvez opter pour l’Amundi MSCI Europe Minimum Volatility Factor (MIVO sur Euronext Paris ; frais annuels de 0,23%). La diversification individuelle et sectorielle est également assez poussée, le top 10 (dont SAP, Deutsche Telekom, Sanofi, Wolters Kluwer, Zurich Insurance ou Unilever) ne pesant au total que 15,5% de l’indice.

Ordres opportunistes

Dans une perspective plus dynamique, il est également possible de tirer profit de la volatilité. Une première approche, axée sur le long terme, consiste à repérer des actions et des fonds de qualité dont les cours ont fortement chuté. Ces baisses de marché peuvent offrir des points d’entrée intéressants sur des actifs solides, temporairement sous-évalués.

Le secret est alors de garder son sang-froid et d’éviter les décisions impulsives en plaçant d’avance des ordres à des prix stratégiques.

Mais la volatilité ne se limite pas aux opportunités d’achat. Elle peut également jouer en votre faveur en vous offrant des fenêtres de sortie avantageuses. Une hausse soudaine et marquée du cours d’un actif peut ainsi permettre de prendre des bénéfices ou d’arbitrer certaines positions à des conditions plus favorables.

Opérateurs boursiers

La seconde stratégie possible est de cibler les rares entreprises profitant directement de la volatilité sur les marchés financiers. Il s’agit essentiellement des opérateurs boursiers et des teneurs de marché.

Les premiers bénéficient d’un surcroît d’activité, la volatilité amenant les investisseurs à passer davantage d’ordres pour couvrir des risques, ajuster leurs positions ou spéculer sur des mouvements de prix brusques. Le premier opérateur mondial est Intercontinental Exchange, propriétaire notamment de la Bourse de New York, mais il est davantage dépendant des produits dérivés et surtout du marché des matières premières et de l’énergie.

La volatilité ne se limite pas aux opportunités d’achat. Elle peut également jouer en votre faveur en vous offrant des fenêtres de sortie avantageuses.

Son ancienne filiale européenne, Euronext (opérateurs des Bourses de Bruxelles, Paris, Amsterdam, Lisbonne, Dublin, Oslo et Milan), est ainsi bien plus indiquée pour miser sur la volatilité des marchés d’actions. Les volumes négociés sur le marché au comptant ont d’ailleurs bondi de 23% en janvier, ce qui est de bon augure pour les résultats.

Les autres opérateurs boursiers ont généralement des profils d’activité bien plus diversifiés. Deutsche Boerse est par exemple actif dans les services informatiques et London Stock Exchange dans les données et indices. Nasdaq (marchés du Nasdaq et Bourses OMX en Europe du Nord) génère pour sa part les trois quarts de ses revenus dans les “solutions” (accès aux marchés, plateformes technologiques, etc.)

Teneurs de marché

Historiquement, la hausse des volumes et des résultats n’a toutefois pas toujours coïncidé avec une appréciation du cours de Bourse des opérateurs boursiers. Euronext avait par exemple enregistré des volumes record au premier trimestre 2022, mais l’action avait reculé de 9% sous l’effet de la chute des Bourses.

Comparativement, les teneurs de marché, dont le rôle est d’offrir en permanence un cours acheteur et un cours vendeur pour des titres cotés, résistent mieux à cette tendance. En 2022, ils avaient ainsi globalement progressé au premier trimestre – même s’il est vrai que les données sont assez limitées avec seulement deux acteurs cotés : Flow Traders sur Euronext Amsterdam et Virtu Financial sur le Nasdaq.

Ce qui s’explique avant tout par l’influence extrême de la volatilité sur leurs résultats. En 2020, Flow Traders avait par exemple multiplié son dividende par 7 alors que son bénéfice net avait quasiment nonuplé.

À ce niveau, la volatilité a un double effet favorable pour les teneurs de marché : les volumes d’échange plus élevés soutiennent leurs propres volumes d’activité et l’écartèlement des cours acheteur et vendeur améliore leurs marges.

Flow Traders et Virtu Financial

Dans le détail, Flow Traders était historiquement spécialisé sur le marché des fonds indiciels cotés (ETF), mais le groupe a diversifié ses activités de teneur de marché – y compris vers les cryptoactifs. Au niveau géographique, il est surtout actif en Europe avec une présence marquée en Asie, où il génère davantage de revenus qu’en Amérique.L’an dernier, son bénéfice a quadruplé, mais Flow Traders a fait l’impasse sur le dividende pour consolider sa situation financière et développer son capital nécessaire à ses activités.

Une volatilité durablement soutenue pourrait évidemment gonfler ses résultats et sa capacité à rémunérer ses actionnaires.

Virtu Financial opère sur 235 marchés dans 36 pays, mais les États-Unis sont de loin prépondérants (plus de 80% des revenus). Cette position peut être un avantage alors que certains risques, comme la concentration des marchés et l’incertitude par rapport à la politique des banques centrales, concernent tout particulièrement les Bourses américaines.

Précaution

Ne perdez toutefois pas de vue que les titres Flow Traders et Virtu Financial sont extrêmement sensibles à la volatilité et à ce titre, très volatils eux-mêmes. Comme vous pourrez le constater sur le graphique ci-contre, la rechute est ainsi extrêmement rapide dès que la volatilité (indice Vix) redescend. Ce sont donc des positions à surveiller comme le lait sur le feu et à réserver aux investisseurs actifs.

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