Comment expliquer la remontée fulgurante de l’euro face au dollar
Après une année catastrophique, l’euro remonte la pente face au dollar. Il est particulièrement en forme ces derniers jours et affiche son plus haut niveau en un an et demi. Différents éléments jouent en sa faveur, mais jusqu’où pourra-t-il continuer son envolée ?
1,10, 1,11, 1,12 dollar : ces derniers jours l’euro ne s’arrête plus et gravit les échelons. Ce mardi, à 1,1275 dollar, il est à son plus haut niveau depuis février 2022. Et il continue de s’approcher du 1,13, le prochain échelon.
En prenant un peu de recul, on s’aperçoit que son retour en force remonte à plus longtemps encore. Il faut dire que la monnaie commune revient de loin : en septembre, elle était passée sous les 97 cents de dollar (pour un euro). Depuis, elle a gagné plus de 16%. Un premier round l’a porté à près de 1,09 dollar, en février, puis l’envolée s’est calmée. Avant de reprendre de plus belle il y a un mois pour atteindre le pic des derniers jours.
L’inflation américaine
La cause de la hausse du cours de l’euro se trouve dans le ralentissement de l’inflation américaine. En résumé, la Réserve fédérale augmente les taux d’intérêt, ce qui fait augmenter le rendement des obligations américaines et donc la valeur du dollar. Mais ces derniers mois, l’inflation américaine est à la baisse. Ainsi, la semaine dernière, 3% en glissement annuel ont été annoncé pour le mois de juin, soit une forte diminution par rapport au niveau du mois d’avant (4%). Le marché s’attend donc à ce que la Fed n’ait plus besoin d’ajouter (beaucoup) de nouvelles hausses des taux.
En Europe, a contrario, l’inflation est encore à 5,5%. La Banque centrale européenne doit donc continuer à appuyer sur le frein (et augmenter les taux d’intérêt). Elle le laisse d’ailleurs régulièrement entendre. Cette perspective pousse donc le cours de l’euro vers le haut. Et la différence entre les perspectives pour la Fed et pour la BCE creuse encore plus l’écart. D’autant plus que, selon les estimations, la Fed devrait commencer à baisser les taux avant la BCE.
Les politiques monétaires ne sont pas le seul élément de l’équation. En 2022, le prix du gaz qui partait en flèche et la crise énergétique ont tiré l’euro vers le bas. Mais depuis septembre, les prix sont à la baisse, ce qui plombe moins la monnaie commune.
Une envolée… mais jusqu’où ?
A 1,13 ou 1,1350 dollar, estiment les analystes d’ING. À ce niveau, le rallye de l’euro de ces derniers jours, initié par la publication du chiffre de l’inflation américaine, rencontrera de la “résistance”, écrivent-ils dans une note publiée lundi. Ils ajoutent, ce mardi, que l’euro est “surévalué” et que le marché se concentre trop sur l’aspect de l’inflation américaine (alors que d’autres éléments, comme la croissance chinoise très molle, devraient tirer le cours vers le bas, comme c’est le cas pour les actions européennes). Ils estiment qu’un mouvement au-dessus de 1,13 dollar “ne serait pas durable pour l’instant”.
Voilà pour les perspectives à court terme. À plus long terme, ils s’attendent à ce que le dollar continue à s’affaiblir, d’ici à la fin de l’année.
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