Annulation aux Ardentes : quels remboursements par les assurances ?

La dernière journée du festival Les Ardentes ce dimanche 9 juillet a dû être annulée à cause de la météo. Comment les assurances gèrent-elles l’annulation d’un tel événement ?  

Le dernier jour du festival les Ardentes, à Liège, a été annulé par les autorités. La police a pris cette décision après l’alerte émise par l’IRM sur les risques importants de pluie, de grêle et de vents violents. Une annulation édictée pour assurer, en premier lieu, la sécurité des festivaliers, même si au final, et heureusement, aucun orage violent n’a touché le site. Après les inondations mortelles de 2021 en région liégeoise qui ont fait 39 morts et la catastrophe du Pukkelpop (cinq personnes décédées en 2011 à cause d’intempéries), le principe de précaution est dorénavant plus que jamais de mise dans ce genre d’évènements grand public.

« Les organisateurs ont une énorme responsabilité dans ces circonstances, c’est une décision très dure à prendre, mais il n’y avait pas d’autres choix », estime Stijn Snaet de l’Event Confederation, l’organisation née en pleine crise Covid, avec pour ambition de rassembler les forces de tous les acteurs belges du secteur ‘live’.

Fabrice Lamproye. le cofondateur des Ardentes expliquait dimanche au journal Le Soir : « C’est très frustrant de terminer comme ça, parce que c’est une édition qui se déroulait super bien, sans annulation d’artiste, justement, ce qui est très rare aussi. En termes financiers, toutes les questions vont maintenant se poser. On est assuré, on va entrer dans les discussions avec les compagnies d’assurances, voir ce qu’il faudra rembourser ou pas. Tout ça va prendre un peu de temps. »

Un coût d’annulation important

Pour les organisateurs, le coût de l’annulation sera très important : “Le coût est colossal. Les Ardentes, c’est un budget de 22 millions d’euros. Je ne vais pas dire qu’il suffit de diviser par quatre pour comprendre quel sera le coût puisque ce sera peut-être même plus important. Mais le festival des Ardentes est assuré, et notamment contre les cas de force majeure, et ici on est évidemment dans ce cas-là “, explique à la RTBF Gaëtan Servais, co-directeur du festival.

Dans un tel cas, comment cela se passe-t-il au niveau des assurances ? On a posé la question à Olivier Héger, Administrateur Délégué de BCOH, le courtier d’assurance belge se consacrant exclusivement à l’assurance des risques spéciaux (festivals, foires, salons, spectacles, carnavals…). Olivier Héger est également Chairman de Circles Group qui couvre la dernière tournée annulée de Stromae. En Belgique, BCOH assure notamment les festivals We Can Dance à Zeebrugge et Beauville qui s’est tenu ce week-end sans encombre à Gand.

Retrait officiel d’autorisation

Dans le cas général où un festival devait être annulé, un dossier sinistre est ouvert. Les organisateurs se mettent alors autour de la table avec leurs assureurs pour évaluer les frais engagés explique Olivier Héger à Trends Tendances. L’assureur demandera si la décision d’annulation est basée sur un retrait d’autorisation exigé par la police ou les autorités communales avec comme raison invoquée les conditions météorologiques ou un autre danger imminent.

Les organisateurs n’ont pas le droit d’annuler eux-mêmes leur évènement à cause des intempéries, cette décision doit venir d’une instance externe officielle. « Il faut un retrait officiel d’autorisation signé par les autorités, le bourgmestre ou le commandant des pompiers, par exemple », stipule le spécialiste en assurances. « Si la situation est claire, il ne devrait pas y avoir de soucis pour les remboursements des festivaliers, des sous-traitants, des fournisseurs,…».

Les organisateurs n’ont pas le droit d’annuler eux-mêmes leur évènement à cause des intempéries, cette décision doit venir d’une instance externe officielle.

Olivier Héger, Administrateur Délégué de BCOH

Dans le cas des Ardentes, c’est bien le bourgmestre de Liège, Willy Demeyer qui a donné l’ordre d’annulation au vu de la météo alarmante. Une décision qu’il dit “ne pas regretter” au micro de RTL TVI, alors certains parlent aujourd’hui d’un “excès de prudence”, qui a de lourdes conséquences économiques.

« Nos contrats précisent qu’une décision d’une autorité permet la couverture, même si au final, la météo attendue n’est pas réelle », confirme ce lundi à L’Echo Fabrice Lamproye. Il parle de “théorie”, car les discussions avec les compagnies d’assurance vont seulement commencer.

Depuis la tempête mortelle du Pukkelpop en 2011 que la société d’assurance Circles Group a aussi couverte, les assureurs observent que les organisateurs de festivals sont de plus en plus conscients qu’ils ont intérêt à prendre une couverture pour cause d’intempéries. Cette couverture est onéreuse, car l’assureur s’expose à un énorme risque. 

De l’argent ou un voucher?

La question qui se posent de nombreux festivaliers maintenant est celle du remboursement des tickets de la journée de dimanche. Les organisateurs assurent que les billets seront bien remboursés. «Les décisions concernant les remboursements seront communiquées dans le courant de la semaine », indiquent les responsables du festival liégeois. 

La DH évoque toutefois la possibilité que les festivaliers soient plutôt remboursés sous forme d’un voucher (bon d’échange) qui sera valable sur la prochaine édition des Ardentes. «Il est plus probable qu’un voucher sera proposé aux malheureux privés de cette journée de concerts. La solution apparaît comme étant la plus simple», écrit le quotidien belge dans son édition de lundi. Une proposition qui risque de ne pas faire l’unanimité parmi les festivaliers.

Et quelle solution sera proposée pour les détenteurs d’un pass de quatre jours ? Aucune réponse à l’heure actuelle.

Et pour le cashless ?

En ce qui concerne les bracelets de paiement, «les modalités de remboursement cashless restent inchangées et se feront comme prévu du lundi 10 juillet à 12h jusqu’au dimanche 24 juillet à 23h59», ont annoncé les Ardentes. Attention: pour être remboursé, il faut avoir conservé son bracelet. Certains festivaliers venant uniquement le dimanche avaient déjà mis en ligne de l’argent sur leur bracelet mais vu l’annulation, ils n’ont pas pu aller le retirer, explique Metrotime. Ils sont invités à se montrer patients en attendant les modalités de remboursement dans leurs cas.

Pour les artistes, cela dépendra de leur contrat, tout comme pour l’ensemble des prestataires.

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