Une isolation des logements, pour tous et sans frais ?

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Telle est la proposition des Engagés pour répondre plus efficacement à la crise climatique et énergétique. Le financement serait assuré par un système de tiers-investisseur.

La rénovation du bâti existant est beaucoup trop lente et ce malgré l’éventail de primes proposées aux propriétaires. Les mesures actuelles ne sont pas suffisantes, estiment les Engagés. Selon une étude de BNP Paribas Fortis, à peine 5% du parc immobilier (résidentiel et tertiaire) répondrait aux objectifs fixés par les Régions à l’horizon 2050. Pour atteindre ceux-ci, il faudrait d’ici là rénover en moyenne environ 160.000 logements par an – ou 727 par jour ouvrable – soit trois fois plus qu’aujourd’hui. Parmi les principaux freins à la rénovation : la flambée du prix des matériaux de construction, le financement des travaux (qui doivent être financés intégralement avant l’obtention des primes) et le coût final (déduction faite des primes) qui reste inabordable pour de trop nombreuses personnes.

Aussi, le parti de Maxime Prévot propose une nouvelle approche en trois axes pour accélérer la rénovation énergétique du bâti wallon et bruxellois, qui porterait plus précisément sur l’isolation des toits, murs et sols. Le système proposé s’inspire du modèle d’installation de panneaux photovoltaïques via tiers-investisseur.

Un gestionnaire isolation pour le screening et le suivi

Concrètement, un gestionnaire isolation serait en charge d’identifier les bâtiments à isoler prioritairement. Il assurerait un screening (par quartier par exemple) sur base des PEB existants et des factures énergétiques. Il démarcherait les propriétaires, dresserait le bilan énergétique de leur logement et définirait les travaux prioritaires. Idéalement, il se chargerait aussi de la validation des devis, du suivi administratif (primes, permis, financement) et du suivi du chantier.

Le financement du tiers-investisseur

L’intervention du gestionnaire isolation et les corps de métier seraient payés par un tiers-investisseur. Celui-ci financerait le tout grâce à un emprunt à taux zéro octroyé par le Fonds d’Isolation du Bâtiment (branche du Fonds Climat et Social), en direct ou via les banques, avancent les Engagés.

Le tiers-investisseur se rembourserait directement sur la facture énergétique, à hauteur de 50% des économies réalisées.

Il se rembourserait directement sur la facture énergétique, à savoir qu’il récupérerait 50% des économies d’énergie réalisées pendant maximum 40 ans. Les autres 50% bénéficieraient au propriétaire. L’audit énergétique réalisé en amont déterminerait le montant forfaitaire d’économie.

Une fois l’investissement soldé, toute l’économie d’énergie reviendrait au propriétaire. Si le logement change de propriétaire avant terme, le solde serait récupéré sur le prix de session de l’immeuble sauf si le nouveau propriétaire reprend le contrat et continue à rembourser progressivement l’investissement grâce aux économies réalisées. Dans cette optique, les Engagés ont déposé un décret au Parlement de Wallonie pour ouvrir la voie aux paiements à terme.

Voilà pour le premier axe du projet. Projet qui ne peut être mené à bien sans une responsabilisation collective et un plan de formation et de mise à l’emploi, estiment les Engagés.

Cinq ans et 110.000 emplois

Les propriétaires auront bien évidemment la liberté de refuser la proposition du gestionnaire isolation. Toutefois, ils disposeraient alors de cinq ans pour réaliser les travaux d’isolation de leur propre chef. Faute de quoi, ils se verraient imposer une taxe carbone sur la réduction d’émissions non réalisée.

Pour atteindre les objectifs régionaux et assurer les rénovations à venir, une main-d’œuvre suffisante devra être disponible afin de répondre à la demande. Les Engagés estiment que 110.000 emplois devraient être créés dans la construction pour pouvoir réaliser le nombre d’isolations nécessaires. Parallèlement au lancement du mécanisme d’isolation sans frais, ils réclament donc la mise en place, avec le secteur de la construction, d’un plan d’urgence de formation et de mise à l’emploi.

Bien sûr, tout ceci n’est qu’un projet, mais l’idée est mise sur la table. Une pétition en ce sens a été lancée à l’occasion du salon Batibouw qui s’est ouvert ce mardi sur le plateau du Heysel.

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