“Les prix très élevés d’Arlon et du sud du Luxembourg poussent de plus en plus vers des alternatives, comme Habay”
Grâce à sa proximité avec le Grand-Duché, Habay se développe fortement depuis quelques années. Environ 1.000 logements supplémentaires sont prévus dans les cinq à dix ans, ainsi qu’une importante rénovation urbaine. La commune entend cependant garder son âme de “ville à la campagne”.
Pour beaucoup, Habay est simplement un nom sur un panneau routier, une commune que l’on traverse sans forcément le savoir en empruntant l’autoroute E25 à proximité d’Arlon. Elle connaît toutefois un succès croissant qui tient autant à sa proximité de la frontière luxembourgeoise qu’à son côté “ville à la campagne”. Lorsqu’on emprunte la sortie d’autoroute 29 pour se diriger vers l’entité d’Habay-la-Neuve, ce sont en effet les champs qui s’imposent d’abord le long de la nationale 87 avant de laisser place petit à petit à quelques villas et maisons, puis des commerces et un centre urbain.
“La nature représente plus de 50% du territoire de la commune, avec la forêt au nord, les prairies au sud et la rivière au milieu (la Rulles, Ndlr), le long de laquelle s’égrènent les villages, décrit le bourgmestre Serge Bodeux. En parallèle de la campagne, il y a le côté ville avec tous les services, comme les écoles (11 fondamentales et une secondaire), les commerces, les gares de Marbehan et d’Habay-la-Vieille, l’autoroute, les soins, etc.”
Les prix très élevés d’Arlon et du sud du Luxembourg poussent de plus en plus vers des alternatives, comme Habay qui offre un accès facile et des prix immobiliers moins chers.” – Jordan Kinard (Pepit’Immo)
Ces facilités sont pour la plupart implantées à Habay-la-Neuve, centre névralgique de la commune. C’est aussi là que se concentrent la majorité des chantiers actuels et futurs en matière d’équipements urbains et d’immobilier. Par exemple, dans la rue de Neufchâteau, à moins de 500 mètres de la place Pierre Nothomb et des commerces, l’immeuble de la résidence Arlune est en cours de construction et accueillera bientôt 20 appartements de une à trois chambres. Un peu plus loin en retrait de la route, s’étendant jusqu’à la rue de la Libération, le lotissement “du Chachi”, où sont prévus 160 logements, est déjà bien avancé. Et la rue de Neufchâteau n’a pas fini de se développer car prochainement, les ateliers communaux qui y sont situés devraient déménager près de la gare d’Habay- la-Vieille et le site devrait donc être reconverti, sans doute pour laisser place à des logements.
D’autres projets immobiliers sont aussi en cours à Habay-la-Neuve, comme la construction d’une soixantaine d’habitations qui se déroule en ce moment à l’avenue de la gare sur le site d’une ancienne scierie. Si l’on ajoute à cela le chantier de 160 logements qui constitue les phases 1 et 2 de l’écoquartier de Marbehan, ce ne sont pas moins de 400 logements pour lesquels des permis ont déjà été délivrés. Environ 500 sont également en cours d’étude (notamment à Habay-la-Neuve), ce qui signifie que “d’ici cinq à dix ans, Habay pourrait accueillir environ 1.000 logements et 2.500 à 3.000 habitants supplémentaires”, précise le bourgmestre Serge Bodeux.
Cette vague de constructions immobilières n’est évidemment pas le fruit du hasard, mais correspond à l’évolution démographique que connaît Habay depuis plusieurs années. “L’intérêt pour la commune est croissant car d’une part, les locaux souhaitent y rester, et d’autre part, les prix très élevés d’Arlon et du sud du Luxembourg poussent de plus en plus de gens de la région vers des alternatives, comme Habay qui offre un accès facile et des prix immobiliers environ 5% moins chers”, observe Jordan Kinard, gérant de l’agence immobilière Pepit’Immo, active en Gaume.
“En raison des taux d’intérêt variables qui explosent au grand-duché de Luxembourg, beaucoup de Luxembourgeois viennent par ailleurs s’installer dans les villes belges les plus proches car ils n’ont plus les moyens de rembourser des crédits dans leur pays”, poursuit l’agent immobilier. Le phénomène transfrontalier ne s’arrête d’ailleurs pas à Habay et continue à s’étendre de plus en plus vers le nord, vers des communes comme Léglise et Vaux-sur-Sûre notamment.
Une croissance porteuse d’opportunités et d’enjeux
Sur le marché immobilier, l’intérêt des acheteurs se traduit par une progression marquée des prix à Habay, où la médiane dépasse celle de la province du Luxembourg. En 2022, selon le Baromètre des notaires, le tarif médian pour une maison au sein de la commune s’élevait en effet à 320.000 euros, contre 240.000 à l’échelle de la province. Au cours des cinq dernières années, le prix médian des maisons a par ailleurs grimpé de 41,2% à Habay. Des chiffres que Jordan Kinard tempère toutefois: “Les prix restent hauts comme ces dernières années, mais ils ont tendance à se stabiliser et on n’est plus dans l’euphorie de l’après- covid où les acheteurs sautaient sur les biens dans la seconde après leur mise en vente”.
D’après le gérant de Pépit’Immo, le nombre croissant d’acheteurs luxembourgeois à Habay n’influence que faiblement le marché immobilier, où les locaux restent majoritaires. “En général, les Luxembourgeois s’orientent plutôt vers des biens à 500-600.000 euros, donc ils n’entrent pas vraiment en concurrence avec les jeunes ménages ou avec les locaux qui cherchent des logements dans un budget de l’ordre de 250 ou 300.000 euros.”
Qu’il s’agisse des locaux, des habitants de la région ou encore des Luxembourgeois, Habay dispose de suffisamment d’espaces pour accueillir ceux qui veulent s’y installer ou continuer à y vivre.
En plus d’une poignée de sites à reconvertir, il reste en effet de multiples terrains disponibles, notamment à Habay-la-Neuve. En bordure de la rue Emile Baudrux, juste en face du parc communal du Châtelet qui accueille la maison communale, se trouve par exemple une zone vierge – “l’Enclos du Châtelet” – où devraient pousser environ 400 logements dans les cinq à dix prochaines années. Comme l’explique le bourgmestre Serge Bodeux, “les promoteurs viennent d’abord à Habay-la-Neuve car on peut y construire en hauteur, donc le coût est moins élevé”. Le schéma de développement communal y permet en effet des gabarits de trois niveaux, contre deux seulement pour les autres entités.
“Dans les villages, les divisions de bâtiments, notamment dans d’anciennes fermes, sont autorisées mais seulement de manière verticale, c’est-à-dire que chaque logement doit avoir sa petite cour ou son jardin, ajoute le bourgmestre. Cela fait parfois peur ou ne plaît pas aux anciens d’Habay de voir le nombre d’appartements se multiplier et leur village devenir une petite ville, mais il faut tenir compte du fait qu’il est difficile pour les gens aujourd’hui de se payer une maison trois ou quatre façades car le prix des terrains et de la construction est de plus en plus élevé.”
Le dynamisme de la commune tient aussi et surtout à ses écoles et ses nombreux clubs sportifs.” – Serge Bodeux (bourgmestre d’Habay)
L’un des objectifs derrière la construction de nouveaux appartements et maisons à Habay est en effet de permettre à chacun de se loger, y compris les locataires qui sont de plus en plus nombreux depuis la hausse des taux hypothécaires. Selon les autorités locales, jusqu’à 1.500 logements supplémentaires pourraient être activables en conformité avec le schéma de développement communal dans les prochaines années, et ce en plus des 1.000 déjà en cours de construction ou d’étude. Cette croissance est évidemment porteuse d’opportunités pour Habay, mais aussi d’enjeux, et le bourgmestre en a conscience: “L’eau est, notamment, une question importante. Le changement climatique nous confronte à une situation nouvelle et actuellement, on est limite par moments. Deux nouveaux forages sont en cours de création et nous sommes en négociation avec la Société wallonne des eaux (SWDE) pour disposer d’une alimentation complémentaire. Nous avons également demandé à Idelux d’établir un schéma directeur pour bien gérer la situation et avoir une vue globale, surtout à Habay-la-Neuve où il y aura des logements supplémentaires.”
Rénovation urbaine sur 15 ans
La croissance démographique d’Habay implique aussi le développement des infrastructures et équipements comme les écoles. Un projet de création d’une nouvelle école fondamentale avec une pédagogie alternative est notamment sur la table depuis un certain temps, ainsi que l’extension d’établissements existants. En fin de législature précédente, les autorités communales ont également lancé un programme de rénovation urbaine qui inclut environ 50 projets d’ampleurs variées et dont les bases ont été posées en consultation/concertation avec les citoyens et divers acteurs locaux.
“Il s’agit d’une sorte de réaménagement du centre d’Habay-la-Neuve (là où il y a le plus d’habitants) en tenant beaucoup compte de la mobilité (douce notamment), des logements, des besoins et surtout de la nécessité d’avoir des espaces plus modernes, plus jolis et avec davantage de végétation, détaille le bourgmestre. C’est un processus qui va s’étaler sur 15 ans et dont on est seulement aux prémices. Deux projets sont néanmoins déjà engagés: l’aménagement d’un chemin dans le centre et la rénovation de la rue commerçante.” Non loin de cette dernière, la place Pierre Nothomb, qui est la place principale de la commune, devrait aussi être réaménagée. “Pour l’instant, mieux vaut fermer les yeux en passant devant car elle est en très mauvais état!”, déplore Serge Bodeux.
Le programme de rénovation urbaine prévoit aussi de doter le centre d’Habay-la-Neuve d’une salle de spectacles (l’implantation est encore à préciser) et d’un deuxième complexe sportif avec de l’espace pour accueillir du public. Le quartier du cimetière devrait, quant à lui, évoluer avec de nouveaux logements, des parkings, des cheminements piétons, des espaces verts ou encore l’extension de l’école Saint-Nicolas.
En dehors d’Habay-la-Neuve et du programme de rénovation urbaine, de nombreux autres infrastructures sont prévues dans le reste du territoire de la commune. Cette dernière a, par exemple, un projet d’implantation d’un nouveau hall sportif dans le village de Marbehan alors qu’Houdemont devrait accueillir d’ici quelques années le nouveau Centre hospitalier régional Centre-Sud. Bref, Habay prend de plus en plus des airs de petite ville tant au niveau des logements que de la population et des équipements.
Pour Serge Bodeux, cette approche est la clé pour éviter que sa commune ne devienne une cité dortoir: “A Habay, on a refusé l’implantation de grands centres commerciaux à l’extérieur de la commune. Les supermarchés sont en plein centre et amènent de la fréquentation pour les petits commerces autour. Le dynamisme de la commune tient aussi et surtout à ses écoles et ses nombreux clubs sportifs, car ils sont généralement les premiers lieux de contacts sociaux pour les habitants. C’est pour cela que nous soutenons leurs projets et que nous allons les aider encore davantage dans les prochaines années”.
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