La rentabilité des panneaux solaires au plus bas en 2024, la flexibilité comme planche de salut

panneaux solaires photovoltaïque
© Getty Images

Selon un rapport récent de la Creg, les panneaux photovoltaïques en Belgique n’ont jamais été aussi peu rentables. Face à ce constat, seule une évolution rapide vers plus de flexibilité énergétique pourra inverser la tendance.

Le journal L’Echo relaie un chiffre interpellant : en 2024, les installations photovoltaïques n’ont jamais été si peu rentables en Belgique. Elles n’ont capté que 55,6% du prix moyen de l’électricité sur le marché day-ahead, selon le rapport de monitoring du marché de l’électricité publié par la Creg (Commission de régulation de l’électricité et du gaz) publié ce mercredi. Il s’agit du « taux de captage » le plus bas jamais enregistré pointe la CREG, en chute libre par rapport à 78,4% en 2023 et à la moyenne décennale de 85,3%. Ce taux est une mesure théorique de la rentabilité des installations par rapport au prix moyen de l’électricité sur le marché (day-ahead, le prix pour une livraison le lendemain) de l’électricité, explique le média. En d’autres termes, l’électricité produite à partir de panneaux photovoltaïques n’a donc rapporté qu’un peu plus de la moitié du prix du marché l’année dernière.

Le paradoxe solaire

Ce phénomène s’explique par une “cannibalisation” du marché, inhérente au fonctionnement même du solaire : la production coïncide avec les heures d’ensoleillement, moments où l’électricité devient abondante et donc bon marché – voire, de plus en plus souvent, à prix négatif lors de pics de week-ends ou lors d’après-midis d’été. Entre 2023 et 2024, la capacité solaire installée en Belgique est passée de 6,5 à 8,8 GW, ce qui a accentué cette pression à la baisse sur les prix, explique L’Echo.

Paradoxalement, les producteurs solaires subissent les effets du surplus qu’ils contribuent à générer. À l’inverse, les sources flexibles comme les centrales au gaz ou l’hydroélectrique, capables de moduler leur production selon les prix du marché, captent des revenus bien supérieurs. Le nucléaire, avec son profil de production en continu, se calque, lui, presque parfaitement sur les prix de marché. En 2024, la production hydroélectrique a affiché un taux de captage de 140,4%, le gaz 131,9%, et même l’éolien terrestre s’en est mieux sorti avec 83,5%.

Le salut par la flexibilité

Faut-il dès lors remettre en cause les investissements dans le solaire, pourtant pilier de la transition énergétique? Pas forcément. Pour Laurent Jacquet, directeur technique à la Creg, cette situation illustre surtout la nécessité d’un changement de modèle : « Si l’on parvient à développer rapidement des solutions de flexibilité, la rentabilité des installations solaires va remonter », estime-t-il dans les colonnes de L’Echo.

Batteries, logiciels d’optimisation, adaptation des habitudes de consommation, contractualisation de la flexibilité via Elia (le gestionnaire du réseau à haute tension)… les pistes se multiplient. De nombreux fournisseurs d’énergie proposent déjà des offres incitant les consommateurs à vendre leur électricité au moment le plus opportun, tandis que les industriels misent de plus en plus sur des solutions “derrière le compteur”.

Une tendance de fond

Malgré cette rentabilité en berne, la dynamique d’électrification se confirme. Toujours selon le rapport de la Creg, la demande d’électricité a augmenté de 2,7% en 2024, atteignant 81 TWh. Un retournement notable après près d’une décennie de baisse continue (hors rebond post-Covid de 2021), qui pourrait marquer un tournant durable lié à la montée en puissance des pompes à chaleur, véhicules électriques et autres usages électrifiés.

Mais, que les particuliers se rassurent, commente encore Laurent Jacquet dans L’Echo : pour la majorité des ménages disposant de contrats fixes ou variables, la baisse du taux de captage ne se traduit pas par une perte directe. Mais pour les producteurs, et les investisseurs en quête de rentabilité, le message est clair : sans adaptation du modèle, le soleil pourrait ne plus suffire.

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