Eviter une crise du logement
Tout le monde le sait désormais: l’immobilier résidentiel belge tourne au ralenti. Acquéreurs et vendeurs ne savent plus sur quel pied danser.
L’incertitude occupe tous les esprits. Et personne ne sait vraiment quand cette sortie de crise s’amorcera. Les plus optimistes tablent sur le fait que l’éventuelle stabilisation des taux d’intérêt espérée d’ici la fin de l’année permettra de rassurer les indécis. Le contexte sera alors bien évidemment moins favorable qu’il y a 18 mois. Mais ces nouveaux paliers en matière de taux et de prix seront plus en phase avec la réalité et bien éloignés de la période déraisonnée que nous avons traversée. Il faudra simplement les digérer et les accepter.
Reste que quoi qu’il arrive en 2024 en matière de taux, d’évolution des prix et de conditions d’octroi de crédit, il ne sera bientôt plus possible de fermer les yeux sur l’inaccessibilité croissante du marché immobilier. Et cela concerne tant le marché acquisitif que locatif, ce dernier étant normalement l’habituelle porte de sortie pour ceux qui ne peuvent accéder à la propriété. Mais même elle se referme de plus en plus.
Les prix des logements neufs se sont envolés suite à la hausse des coûts de construction (+ 25% en deux ans). Ces logements ne sont dorénavant réservés qu’à une (très) petite partie de la population. Sans parler du fait que cette hausse des coûts va obliger les promoteurs à rayer de la carte les communes wallonnes où il ne sera pas possible de vendre des appartements à au moins 3.000 euros/m2. A l’inaccessibilité économique se mêlera donc l’inaccessibilité géographique.
L’immobilier ancien est aujourd’hui confronté à l’immense défi de la rénovation de son bâti. Malgré les beaux discours politiques, le retard s’accumule.
De son côté, l’immobilier ancien est aujourd’hui confronté à l’immense défi de la rénovation de son bâti. Malgré les beaux discours politiques, le retard s’accumule et pas grand monde ne croit à la possibilité de parvenir à atteindre les objectifs européens d’ici 2050 (PEB A pour tout le monde). Or, si la commune de Braine-l’Alleud fera bien office de laboratoire à l’automne pour lancer les opérations de massification de rénovation du bâti, le basculement semble bien lent. Alors que selon Embuild, entre 2019 et aujourd’hui, l’accessibilité des Wallons à un logement a diminué de 50%, de quoi plomber leurs ambitions de rénovation. Des difficultés qui vont encore s’accentuer à l’avenir avec la volonté du gouvernement wallon d’orienter davantage la construction des nouveaux logements dans les centres. Une mesure indispensable sur le plan de l’aménagement du territoire et de l’environnement mais qui, sans décision politique, fera inévitablement grimper les prix du foncier.
Elaborer une stratégie politique innovante permettant d’associer immobilier durable et abordable semble aujourd’hui indispensable. Les principaux acteurs immobiliers wallons en sont conscients et viennent d’ailleurs de tirer la sonnette d’alarme en la matière. Reste à voir s’ils seront entendus.
Le présent Guide Immobilier va à la rencontre d’une série de communes qui font déjà office de modèle en la matière en tentant d’allier durabilité et accessibilité financière via la rénovation de leur bâti ancien. Des voies à suivre…
Guide Immo automne 2023
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