Brabant flamand: une reconversion immobilière à l’ombre de la capitale
En Brabant flamand, le défi majeur en matière de rénovation urbaine est de trouver la bonne orientation. Faut-il se tourner vers la ville, vers Bruxelles ou vers la périphérie flamande? Les projets menés à Vilvorde et à Louvain se caractérisent par des dynamiques bien distinctes.
Le Brabant flamand œuvre à la revalorisation de ses friches industrielles. “L’ancien site des ateliers des chemins de fer à Louvain est à cet égard un projet à la fois très excitant et instructif”, estime Marc Martens. Peu de gens comprennent mieux que lui les défis posés par les projets de revalorisation dans le Brabant flamand. Il est cofondateur et directeur du bureau d’architecture et de planification de Louvain (b-ap) et président de la Commission provinciale de planification du Brabant flamand (Procoro). Marc Martens tire quelques leçons importantes des projets de réaffectation antérieurs et en cours.
Combiner les fonctions
Les prémices du projet de réaffectation des anciens ateliers de la SNCB à Louvain remontent à 1992, à l’époque du projet urbain du professeur Marcel Smets. Le plan prévoyait le réaménagement du site en une nouvelle zone résidentielle mixte, avec une part importante d’espaces publics et de fonctions communautaires. “Des projets tels que celui-ci nous ont appris que la monofonctionnalité crée des tensions, explique Marc Martens. Une ville a besoin du secteur immobilier pour développer de tels sites, mais il reste alors peu d’espace, pour les entreprises par exemple.”
Marc Martens se réfère volontiers à une ville comme Nantes, qui a trouvé de bonnes solutions pour combiner les fonctions. La mobilité, en particulier, s’est avérée être un levier important. “Dans les années 1980, Nantes a utilisé les lignes de tramway pour faire en sorte qu’un grand boulevard à six voies ne soit plus une barrière dans la ville. Grâce à l’arrêt de tram, les gens pouvaient soudainement traverser la route à cet endroit. De cette manière, l’arrêt de tram a également acquis une fonction urbanistique, car il a permis à de nouveaux emplacements de devenir propices au développement immobilier. Louvain peut également collaborer de cette manière avec les communes avoisinantes.”
L’habitat de demain respectera les espaces publics et prendra une multitude de formes afin d’offrir des logements durables à tous les groupes de population.” – Marc Martens, expert en aménagement du territoire
Le bourgmestre de Vilvorde, Hans Bonte, souligne également l’importance de la diversité des fonctions dans une reconversion. Sur la vieille zone d’activités située à l’ombre du ring de Bruxelles, Vilvorde travaille sur l’écoquartier des 4 Fontaines. Le site fait partie de la grande zone dite du Watersite, une zone industrielle de 100 hectares pour laquelle Xaveer De Geyter Architects a développé une étude en 2006. Ce plan constitue le point de départ de tous les développements dans le quartier du Watersite, du canal, de la Senne et du parc des Trois Fontaines au centre.
Pour le projet des 4 Fontaines, la Ville de Vilvorde a conclu un accord public-privé avec De Vlaamse Waterweg et Matexi. “Nous avons donné la priorité à l’espace public lors du développement des 4 Fontaines, explique Hans Bonte. Dans un projet d’une telle ampleur, on ne peut obtenir quelque chose que si l’on utilise l’espace public pour donner une perspective aux gens. Pour ce projet, nous avons donc commencé par le parc, une place, des installations sportives et une passerelle pour les vélos et les piétons, permettant aux gens d’accéder au plus grand jardin dont ils peuvent rêver.”
L’ancienne fabrique de poudre de Vilvorde est au cœur du projet. L’ancien bâtiment industriel a retrouvé une nouvelle vie avec des installations telles qu’un laboratoire créatif pour les artistes, une garderie et un atelier de réparation de vélos. “C’était un choix essentiel pour rendre le site attrayant et vivant, explique Hans Bonte. Il a convaincu les premiers résidents qu’ils vivaient dans un endroit agréable. Aujourd’hui, nous pouvons conclure que la fabrique de poudre est devenue le catalyseur du développement de l’ensemble du site. On voit donc comment les esprits mûrissent et changent: dans le passé, on aurait simplement démoli un bâtiment comme celui-ci. Aujourd’hui, le marché est en demande de différents types de biens immobiliers et la conviction qu’il est possible de donner à un ancien bâtiment industriel une interprétation contemporaine avec une imbrication de fonctions est en train de mûrir.”
La pression démographique flamande
“A Vilvorde, la structure de la ville pose problème pour son développement actuel”, laisse entendre Marc Martens. Ce dernier se réfère à nouveau aux pays étrangers pour étayer son argumentation. “Une ville comme Turin fait face à un problème immobilier similaire. La superficie des friches industrielles étant très importante, elles ne peuvent être développées qu’à très long terme. Par conséquent, il y aura toujours des ruptures. En outre, Vilvorde est, géographiquement parlant, la première ville qui s’offre aux Bruxellois qui souhaitent déménager. Mais le développement est limité par les frontières régionales. Vilvorde ne peut résoudre ses problèmes qu’en discutant avec Bruxelles.”
Hans Bonte attire l’attention sur l’afflux important d’habitants de la périphérie flamande. Les développements dans sa ville visent, entre autres, les personnes qui en ont assez des embouteillages vers la capitale. Ils chercheront un endroit d’où ils pourront se rendre à Bruxelles à vélo ou en transport public. “Les avantages de Bruxelles sans ses inconvénients, résume Hans Bonte. Nous ressentons très fortement la pression démographique exercée par la périphérie flamande. Nous attirons principalement des acheteurs qui vivent déjà ici, des personnes de la Région flamande qui avaient déjà un lien avec Vilvorde et des personnes de la périphérie de la capitale.”
Mais Hans Bonte fait aussi remarquer que Vilvorde, l’une des villes les plus diversifiées de Flandre, accueille difficilement des personnes d’origine non belge sur ses nouveaux sites. “C’est peut-être dû à des facteurs tels que les différences de culture en matière de logement, la taille de la famille ou le prix”, suggère- t-il. Dans le même temps, le bourgmestre évoque le quartier ouvrier du Broek, dans la zone du Watersite. “La Ville y a augmenté le nombre de logements pour éviter qu’ils ne deviennent inabordables et qu’ils ne soient déplacés. Cela signifie que nous avons investi dans des projets d’isolation collective, un jardin vert collectif et une installation sportive qui, avec le soutien du footballeur Yannick Carrasco, est devenue un puissant facteur d’unité dans le quartier. De cette manière, nous permettons aux propriétaires de logements populaires de participer à la plus-value et nous renforçons la dynamique du quartier”.
Il s’agit d’un exemple important, note Marc Martens. “Les futurs logements flamands respecteront l’espace public et prendront une multitude de formes afin d’offrir des logements durables à tous les groupes de population: des logements sociaux bien gérés, des coopératives de logement, un marché locatif intelligent et un marché du logement libre. La Flandre a accordé des subventions à Louvain, entre autres, pour étudier comment rendre le précieux quartier de Ter Elst plus durable. Ces projets prévoient la création de coopératives pour soutenir l’opération. Celles-ci sont la clé non seulement d’une rénovation abordable, mais aussi d’une restauration du tissu social.”
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