Les start up dans le secteur de l’auto électrique tirent la langue

Crash test de l’auto de Sono Motors
Crash test de l’auto de Sono Motors, dont la production a été abandonnée. © D.R.
Robert Van Apeldoorn
Robert Van Apeldoorn Journaliste Trends-Tendances

L’auto électrique se vend mieux, mais les start up du secteur ont beaucoup de mal à s’imposer. Certaines jettent l’éponge. D’autres cherchent à économiser le cash, car les pertes s’accumulent.

Les temps semblent difficiles pour les start up du secteur de l’auto ou du camion électrique. Le marché progresse de manière spectaculaire, mais il semble surtout profiter aux constructeurs « traditionnels » convertis à l’électricité ou surtout à Tesla, une ancienne start up qui a (très bien) réussi.

De nombreuses start up nées pour conquérir ce nouveau marché sont encore loin du succès. « Rivian Automotive, Lucid Group, Nikola Corp et Faraday Future Intelligent Electric ont de moins en moins de cash en caisse à la fin du premier trimestre qu’il y a un an » relève Automotive News, une publication spécialisée dans le secteur.

Pertes importantes dans la phase de lancement

Tesla a mis plus de 15 ans avant d’afficher des bénéfices. Les levées de fonds sont devenues plus difficiles. L’appétit des investisseurs pour les nouveaux « Tesla » s’est affaibli. Ces entreprises prennent des mesures pour économiser le cash.

Rivian, qui est l’une des start up les plus avancées et qui produit des pick up uniquement disponibles aux USA pour le moment, perdait encore 1,3 milliard de dollars au premier trimestre 2023, pour une vente de 661 millions de dollars et près de 8000 véhicules produits. L’entreprise annonce disposer de 12 milliards de cash.

Un projet néerlandais revu à la baisse

En Europe, la start up néerlandaise Lightyear, qui promettait une auto électrique se rechargeant par des panneaux solaires sur le toit, est passée par une sorte de PRJ, passant de 600 à 100 salariés. Une start up allemande, Sono Motors, qui avait un projet similaire d’auto à panneaux solaires intégrés, a jeté l’éponge en février, se concentrant sur l’équipement de véhicules existants. Elle vient de demander un statut voisin de la PRJ belge pour se restructurer à l’abri des créanciers. Elle n’a pas trouvé le financement qui aurait permis cette reconversion, s’estimant victime de l’impact de la crise de la Silicon Valley Bank et du Crédit Suisse sur le marché des capitaux.

En France, la start up Hopium, qui voulait produire une auto à hydrogène, qui est en fait électrique (l’hydrogène alimente une pile à combustible qui fournit de l’électricité à un moteur), a abandonné son projet de voiture.

Polestar réduit un peu la voilure

En Europe, Polestar a annoncé une réduction des effectifs de 300 personnes, après avoir annoncé le report de la sortie d’un SUV électrique qui réduit les perspectives de vente. Polestar est une start up d’un genre particulier, car elle est contrôlée par le groupe chinois Geely. Elle partage donc des éléments avec d’autres marques du groupe, dont Volvo, et a déjà atteint une certaine surface, livrant plus de 12.000 autos au premier trimestre. Elle a plus d’appui qu’une start up indépendante. Au premier trimestre, Polestar affiche un chiffre d’affaires de 546 millions de dollars pour 199 millions de pertes.

Ce plan d’économie semble plus global, puisque Volvo, une marque cousine, a aussi pris des mesures similaires.

Rentabilité difficile pour l’auto électrique

Les gagnants sont les constructeurs existants, mais beaucoup perdent cependant toujours de l’argent avec leur offre électrique. Il n’est pas toujours facile de le voir, car les chiffres sur les marges sont souvent globalisés. Les profits des autos à carburant peuvent compenser les pertes ou la très faible rentabilité des autos électriques. Ford a toutefois reconnu qu’il pourrait perdre 3 milliards de dollars cette année avec ses autos électriques et prévoit une rentabilité en 2026.

La course au volume

Pour faire de l’argent, il faut faire du volume. Pas des milliers, mais des centaines de milliers d’autos par an. C’est l’enjeu de l’électrification. Après de longues années de pertes, grâce au volume et à une maitrise de la production, Tesla a pu afficher une marge opérationnelle de 16,8% pour 2022, avec 1,3 million d’autos produites. Tesla utilise du reste sa marge pour réduire ses tarifs et gagner des parts de marché, ce qui rend la vie des start up du secteur encore plus difficile.

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