Smile School: une école atypique pour apprendre à entrer dans le monde du travail
Une école privée d’un nouveau genre fait sa rentrée dans… un espace de coworking. Un lieu qui n’a pas été choisi par hasard puisque la Smile School ambitionne de mieux préparer ses élèves à leur vie future, personnelle mais également professionnelle.
Une rentrée un peu particulière aura lieu ce 5 septembre à The Gate, espace de coworking situé dans l’Axis Parc de Mont-Saint-Guibert. C’est en effet dans ce lieu quelque peu inhabituel qu’une école ouvrira pour la première fois ses portes: la Smile School, un établissement secondaire privé destiné aux jeunes âgés d’environ 16 ans pour y accomplir leurs 5e et 6e années. Dès la semaine prochaine, 15 d’entre eux y seront accueillis.
“Notre idée était de viser uniquement les jeunes qui entrent en 5e année. Mais nous en avons qui n’ont pas encore 15 ans et qui sont déjà prêts, et d’autres qui n’ont pas achevé leur 4e parce qu’ils étaient en décrochage, souffrant de phobie scolaire car ils s’ennuyaient, explique Anne-France Pottier, enseignante et cofondatrice de la Smile School. Ces élèves disposent des compétences nécessaires pour le général. Ils aiment apprendre et sont autonomes dans leurs apprentissages mais ils perçoivent l’école comme une prison parce que l’on n’y apprend pas assez et pas assez rapidement. Le covid a encore exacerbé ce sentiment. C’est pour ces profils particuliers qui ont envie d’apprendre plus, plus vite, et de trouver du sens, que nous avons décidé d’ouvrir une école adaptée.”
Nous allons réagir de la même manière que lorsque quelqu’un ne fait pas son boulot dans le monde du travail.” Anne-France Pottier, cofondatrice
Avant toute inscription, plusieurs entretiens sont menés entre le candidat, ses parents et les professeurs. Le but est de s’assurer que l’école, au fonctionnement atypique, répondra bien aux besoins de l’élève. “Ce qui étonne beaucoup les élèves, c’est par exemple le fait qu’ils n’auront pas de journal de classe pour les remarques pédagogiques ou disciplinaires, précise Anne-France Pottier. Gribouiller sur un banc n’entraînera pas de remarque: l’élève devra nettoyer la table… ou en racheter une nouvelle, pour la simple raison que celle-ci appartient à l’espace de coworking que nous louons. De manière générale, nous allons réagir de la même manière que lorsque quelqu’un ne fait pas son boulot dans le monde du travail.”
Un pont avec le monde de l’entreprise
Espace de coworking, teambuilding, formateurs… Ce lexique est davantage utilisé dans le monde de l’entreprise que dans celui de l’enseignement. Et il n’a pas été choisi par hasard: parmi les objectifs de la Smile School, figure en effet en bonne place le désir de rapprocher l’école du monde professionnel. C’est pourquoi, en plus de préparer ses élèves au CESS, de développer leur culture générale et leur intelligence inter- et intrapersonnelle, la Smile School entend également leur permettre d’acquérir les soft skills (communication, gestion de projet, gestion d’équipe, etc.) qui les aideront à s’insérer dans le monde du travail.
Les étudiants seront également encouragés à entreprendre en créant leur propre mini-entreprise avec Les Jeunes Entreprises alors que des stages d’observation in situ figurent aussi au programme. Enfin, l’établissement insiste pour que ses élèves trouvent un job étudiant afin de financer une partie du minerval (lire l’encadré). “C’est extrêmement important qu’ils travaillent car ils seront alors beaucoup plus investis dans leurs études, souligne l’enseignante. Cela nous permet aussi de revoir avec eux leur contrat de travail, de discuter du monde de l’entreprise, etc.” De manière générale, l’enseignante estime que les jeunes sont très demandeurs d’outils pour entrer dans la vie active. “Nous allons donc les leur donner, ainsi que des compétences, afin qu’ils soient plus à l’aise lorsqu’ils débuteront dans le monde du travail. Quand nous parlons du monde de l’entreprise, nous parlons bien du monde professionnel en général. Un stage en entreprise, cela peut aussi être dans une petite ASBL. Nous ne voulons pas faire de tous nos élèves des entrepreneurs en puissance ; ils feront ce qu’ils voudront ensuite.”
Des cours différents
Pour atteindre de tels objectifs, le programme de la Smile School se doit forcément d’être différent de celui de l’enseignement classique. “Il y aura bien des maths, des sciences et des langues, mais nous ferons également du droit, de la sociologie, de la psychologie, des relations internationales, etc., parce que tout se tient, explique l’enseignante. Il y aura des moments où nous travaillerons par projet, comme dans les écoles à pédagogie active, et d’autres où nous dispenserons des cours de manière plus classique. Mais nous insisterons toujours sur le lien avec le monde réel.” Par ailleurs, les élèves n’assisteront au cours que trois jours par semaine, ce qui signifie qu’un gros travail en autonomie leur sera demandé. Enfin, si les matins seront surtout consacrés aux cours plus classiques, les après-midi verront se succéder des formateurs et intervenants extérieurs, souvent issus du monde du travail, pour des ateliers encore plus concrets. Sans oublier des matières plus atypiques, comme la méthode de travail, la gestion mentale et des émotions ou encore la médiation.
Du côté de The Gate, on perçoit l’arrivée de cette école comme une belle opportunité croisée. “C’est dans notre ADN d’être des networkers, explique Charles Caprasse, l’administrateur délégué de l’espace de coworking. Nous aimons fournir cette possibilité à nos clients. Et lorsque nous avons évoqué avec eux la possibilité de voir une école atypique s’installer dans nos murs, leurs retours ont été globalement très positifs. J’ai toujours milité en faveur du modèle d’enseignement en alternance car le fossé entre l’école et le monde professionnel ne cesse de s’agrandir. C’était donc aussi une belle opportunité de remédier à cela. J’ai déjà pu constater que lorsque les jeunes ne sont plus en milieu scolaire, leur comportement change, ils ne parlent pas à un entrepreneur comme ils parleraient à un prof ou à un éducateur. Les échanges ne sont pas les mêmes et ils peuvent se révéler très enrichissants pour les deux parties. Il est clair que l’arrivée de la Smile School constituera pour tous un défi qui dépasse même le cadre de The Gate.”
Un minerval de 10.000 euros
Fondée uniquement sur fonds propres par Anne-France Pottier, Stéphane Biron et Grégory De Hoe, tous trois actifs dans l’enseignement depuis de nombreuses années, la Smile School est une école privée sous forme d’une société coopérative. L’établissement ne touche donc aucun subside de la part de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Les élèves doivent s’acquitter d’un minerval dont le montant est fixé à 10.000 euros. Un tarif en dessous des prix du marché mais qui est appelé à augmenter dans les prochaines années, prévient Anne-France Pottier: “Pour cette première année, le budget ne sera pas à l’équilibre. Il faut savoir qu’une école du jury central classique demande un minerval entre 12.000 et 17.000 euros. Les écoles privées internationales encore bien plus. Par conséquent, 10.000 euros, c’est un peu juste. Nous avons heureusement pu compter sur des gestes de la part de nos partenaires et formateurs. Nous essayons également de trouver un peu de mécénat afin d’aider financièrement certains jeunes.” En plus du minerval, la Smile School comptera à l’avenir également sur le sponsoring, ainsi qu’une forme de rétribution de la part des mini-entreprises qui auront été lancées en son sein. “A terme, l’idée est que notre école soit rentable et que l’on puisse répliquer le concept ailleurs en Belgique et en France.”
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