BNP Paribas Fortis lance le projet Cancer & Work, pour un retour au travail 
en toute bienveillance

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Reprendre le travail après un cancer n’est jamais simple et cache parfois des embûches insoupçonnées. Pour adoucir et humaniser ce retour, BNP Paribas Fortis, sous l’impulsion de la “chief human resources officer”, Sandra Wilikens, et d’Anne-Valérie Seroen, en tant que “project manager”, a mis en place le projet Cancer & Work. Lors d’un retour au travail, toute l’entreprise a, en effet, un rôle à jouer.

Dans le demi-million de personnes aujourd’hui en invalidité, un peu plus de 5 % le sont en raison de cancers et autres tumeurs. C’est la troisième cause majeure de l’absentéisme de longue durée. Ces cancers, d’un coup, balaient les certitudes d’une vie et recadrent les priorités. Retourner au travail après un tel diagnostic ou suite à une rémission n’est pas simple et sort un peu du cadre des trajets de réinsertion classique. Or, travailler pendant et après la maladie participe grandement au processus de guérison, ne fût-ce que par le simple fait de se sentir de nouveau utile à la société. Selon la Fondation contre le cancer, environ 60 % des personnes atteintes d’un cancer parviennent à reprendre le travail. La même fondation a mis en place, via son site internet cancer.be, une plateforme appelée Reconnect qui aide les entreprises et les collaborateurs à réussir un retour au travail. On y trouve aussi la liste des coachs agréés qui proposent, de façon indépendante, de l’accompagnement personnalisé souvent indispensable pendant la réintégration.

Cercle vicieux

Si de nombreuses entreprises, dans le cadre de leur politique de bien-être au travail, proposent de l’aide au cours d’un trajet de réinsertion après une absence de longue durée, rares sont celles qui ont développé un projet spécifique lié au cancer. C’est le cas depuis juin 2023 chez BNP Paribas Fortis. La première banque du pays déploie, depuis cette date, un projet appelé Cancer & Work. Il émane d’Anne-­Valérie Seroen et découle de son histoire personnelle.

Anne-­Valérie Seroen


“J’ai été diagnostiquée d’un cancer en mai 2019, raconte-t-elle. Une forme agressive. J’ai eu droit au package complet : chirurgie, chimiothérapie et radiothérapie. J’ai repris mes fonctions au bout d’une année en pleine pandémie. Après ce que j’appelle l’effet lune de miel lié au plaisir de revenir au travail, les difficultés ont commencé à apparaître. Personne ne m’y avait vraiment conscientisé. Avoir des troubles cognitifs, c’est embêtant quand on est décideur crédits dans une banque. A côté de troubles physiques et d’hypersensibilité, j’éprouvais des problèmes de mémoire, d’attention et de concentration. Sans oublier une fatigue maladive qui variait d’un jour à l’autre. L’isolement lié au covid n’a pas aidé et je me suis retrouvée dans un cercle vicieux ne sachant comment gérer mes problèmes, comment en parler et où trouver de l’aide. Je suis tombée en burn-out et cela a été très compliqué. Un cancer remet les choses en perspective, change les priorités et redonne du sens. Pourquoi avais-je droit à un deuxième recadrage juste après le premier ? Je me suis remise ­profondément en question avec l’intention de donner du sens à tout cela, de rebondir et d’en faire bénéficier mes ­collègues.

Un long processus

Toujours en incapacité, Anne-­Valérie Seroen est allée voir ­Sandra Wilikens, chief human resources officer de la banque, qui lui a immédiatement témoigné son soutien et fait confiance. Elle lui a expliqué son projet et les initiatives très concrètes autour du maintien et du retour au travail de patients cancéreux ou en rémission. Le projet Cancer & Work était né. Le cancer d’Anne-Valérie Seroen, pour le dire crûment, est devenu une partie importante de son travail.

Cancer & Work a pour mission de faire savoir aux ­collaborateurs tout ce que l’entreprise peut faire pour eux lors de leur retour, mais aussi avant. 

“J’ai d’abord rejoint le service de prévention interne, une division des RH chez nous, pour une mission, explique-t-elle. Au mois de janvier, j’ai officiellement rejoint le service en tant que project manager well-being. Je gère le bien-être dans le cadre de la prévention interne. Par exemple, de nos jours, la sécurité psychologique au travail est un sujet prégnant. Je veille à ce que la stratégie décidée soit implémentée dans toute l’entreprise. Il s’agit de créer une ambiance de travail inclusive où tout un chacun peut être lui-même et s’exprimer librement, même pour marquer des désaccords, dans le respect et la bienveillance des autres. Créer un environnement de travail sain qui autorise la confiance et une collaboration épanouissante, c’est l’affaire de tout le monde pas uniquement de nos people managers. Nous proposons des outils ad hoc pour sensibiliser et former à cette problématique.”

Parallèlement, Anne-Valérie Seroen est devenue, via Cancer & Work, le point de contact de toute l’entreprise pour les problématiques afférentes. “Je travaille en collaboration avec la médecine du travail, les assistants sociaux et les HR career counsellors pour mettre en place une approche structurée globale. Vu mon histoire, c’est un projet de dialogues. Je vais aider un manager qui doit accueillir un malade du cancer qui va faire son retour mais aussi parler avec ses collègues. Pendant toute ma maladie, j’ai eu de nombreux contacts avec mes propres collègues. Mais on parlait très peu de l’après. Dans l’inconscient collectif, celui qui reprend le travail, on pense qu’il est rétabli, qu’il est à 100 %, qu’il a les mêmes capacités. J’essaie de conscientiser l’ensemble de l’entreprise au fait que ce n’est pas toujours le cas et que l’accompagnement d’un retour ne se limite pas au Jour J mais s’avère un processus long qui doit être personnalisé. Mon diagnostic a cinq ans mais je suis toujours en traitement et je ne travaille qu’à 60 %. Sans oublier que souffrir d’un cancer vous change et met au jour de nouvelles compétences comme l’empathie ou la patience.”

Une approche à 360°

Cancer & Work a pour mission de faire savoir aux collaborateurs tout ce que l’entreprise peut faire pour eux lors de leur retour, en vue de préparer au mieux celui-ci et de les soutenir sur la durée. Mais aussi avant puisque la législation prévoit des mi-temps médicaux qui permettent, et les chiffres des mutuelles le démontrent, d’augmenter le taux de réussite du retour au travail en plus des effets psychologiques positifs sur la guérison. Le projet vise un accompagnement personnalisé pour humaniser l’approche le plus possible. Depuis son lancement officiel, Cancer & Work a eu beaucoup de retentissement au sein de la banque. Et pour cause, nous avons, tous, un proche ou une connaissance qui souffre ou a souffert d’un cancer. Avec, souvent, une gêne ou une pudeur à lui en parler. “Le fait que je parle ouvertement de mon cancer et de ses conséquences permet de libérer la parole et à l’ensemble de mes collègues de s’exprimer en toute bienveillance et confidentialité, conclut Anne-Valérie Seroen. C’est un projet à 360 ° car tout le monde a son rôle à jouer dans un retour au travail. Je me suis aussi rendu compte que ce projet fait du bien parce qu’il donne du sens à beaucoup de gens par rapport à leur entreprise.”


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