Hausse du recrutement des travailleurs 
en situation de handicap, une inclusion bienvenue

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Même si elle demeure à la traîne par rapport à ses voisins européens, la Belgique accueille de plus en plus de ­personnes porteuses d’un handicap sur le marché du travail. Une amélioration que l’on doit majoritairement aux petites entreprises situées à Bruxelles et en Wallonie.

En Belgique, 
le taux d’emploi 
des personnes 
en situation de 
handicap atteint 
difficilement 
les 35%.

En Belgique, il est généralement admis qu’un quart de la population âgée de plus de 16 ans est porteuse d’une forme de handicap quel qu’il soit. Selon les chiffres du Conseil de l’Union européenne, la Belgique est pile poil dans la moyenne continentale : 101 millions de personnes soit un adulte (de plus de 16 ans) sur quatre. Ce handicap, en fonction de sa gravité, freine évidemment l’intégration dans le milieu du travail.

En Belgique, le taux d’emploi de ces personnes atteint péniblement les 35 %, pour 50 % dans l’Union. Il existe de nombreux facteurs qui contribuent à ce faible taux d’emploi. D’abord l’absence de quotas dans le secteur privé. D’autres pays comme la France l’imposent. En Belgique, seuls les services publics ont l’obligation d’engager des personnes en situation de handicap. A titre d’exemple, c’est 3 % de l’effectif dans la fonction publique fédérale (hors police, services de secours et prisons) et 2,5 % chez son homologue wallonne. Des quotas qui sont parfois compliqués à remplir. Autres facteurs, pour le secteur privé: un mélange de préjugés et de discriminations, une méconnaissance des aides publiques à l’embauche et une ignorance des possibilités, parfois simples, d’accueil d’une personne porteuse d’un handicap. Ce n’est donc pas surprenant si ces personnes sont plus souvent écartées lors d’un processus de recrutement. Mais, heureusement, les choses évoluent dans le bon sens.

Hausse de 15 % sur un an

Acerta, le prestataire de services RH, vient de se pencher sur le taux d’occupation des personnes atteintes d’un handicap physique ou mental (celles qui, vu la gravité, bénéficient d’une réduction du précompte professionnel par le SPF Finances) sur la base de mesures effectuées le 31 décembre entre 2018 et 2023. Pour que les choses soient bien claires, cette analyse, représentative au niveau belge, s’est basée sur les données de 40.000 employeurs du secteur privé. Le secteur public et les entreprises de travail adapté ou ETA sont donc exclues de l’enquête.

10.000 dans les ETA

Si l’étude d’Acerta exclut les ETA (entreprises de travail adapté, les anciens ateliers protégés), leur rôle est néanmoins crucial pour permettre l’intégration dans le monde du travail de personnes porteuses d’un handicap. Certains de ces handicaps sont tels qu’un engagement dans une entreprise classique peut s’avérer très compliqué. Nous n’allons pas revenir ici sur les conditions d’admission ni sur les règles d’encadrement dont certaines n’ont, hélas, pas évolué depuis 60 ans.

En ce début 2024, les ETA, présentes en Wallonie, à Bruxelles et dans la communauté germanophone, donnent du travail à près de 10.000 personnes en situation de handicap. Auxquelles il faut ajouter l’ensemble du personnel d’encadrement. Elles sont 12 à Bruxelles et 54 en Wallonie et dans la partie germanophone du pays. Il s’agit, la plupart du temps, d’ASBL dont les activités sont multiples : jardinage, cuisine, emballage, mailing, reliure et brochage, menuiserie, conditionnement, etc.

Outre leur rôle social, ces ETA remplissent aussi un rôle économique essentiel puisqu’elles fournissent de la main-d’œuvre qualifiée et relativement bon marché aux entreprises dont la compétitivité (mais aussi la simple existence) est ainsi boostée.

Les résultats sont très positifs puisque les personnes en situation de handicap n’ont jamais été aussi nombreuses sur le marché, privé, du travail. En 2023, un travailleur sur 369 était porteur d’un handicap, soit 0,27 % du marché du travail. C’est une hausse de 15 % sur un an ! Entre 2018 et 2023, ce chiffre s’est amélioré de cinq points.

“En ces temps de pénurie persistante de main-d’œuvre, la logique veut que les entreprises abordent le marché de l’emploi avec un regard encore plus inclusif, souligne Donatienne Knipping, experte juridique chez Acerta. Si nous souhaitons, en tant que société, atteindre un taux d’emploi de 80 %, nous ne pourrons exclure personne. Les entreprises ne peuvent donc tout simplement plus se permettre de laisser des talents inexploités sur le carreau.”

L’accueil d’une personne porteuse d’un handicap est plus répandu en Wallonie et à Bruxelles qu’en Flandre. Le tissu économique joue un rôle important dans ces recrutements et il convient de souligner que ce sont les PME qui en accueillent le plus. L’étude d’Acerta démontre en effet que les pourcentages les plus élevés se retrouvent dans les entreprises de moins de 100 personnes, le record (0,60 %) étant détenu par celles entre 50 et 100.

“Dans les plus petites organisations, les interactions sont sans doute un peu plus personnelles, confie Donatienne Knipping. Ce qui permet un accompagnement plus individuel des personnes qui souffrent d’un handicap. Les fonctions y sont généralement moins strictement définies et les tâches peuvent donc être plus facilement réparties de manière différente si cela s’avère nécessaire.”

Les difficultés d’embauche se marquent aussi quand on examine les secteurs. Certains s’y prêtent mieux que d’autres : la logistique et le transport, le non-marchand et le commerce ne scorent pas très bien. Au contraire de l’horeca. Il faut noter, et la pénurie de main-d’œuvre l’explique sûrement, l’incroyable bond en avant sur un an de la chimie, de la pharma et de l’énergie.

Enfin, il est important de signaler que de très nombreuses aides à l’embauche existent tant au niveau fédéral que dans les Régions. Il est question d’une prime d’insertion (compensation pour la perte de productivité), d’une prime à l’engagement (en Wallonie, il y a prise en charge de 25 % des coûts salariaux durant un an), d’une prime de tutorat (un employé qui guide la personne en situation de handicap), d’un remboursement du coût de l’aménagement d’un poste de travail et d’une intervention dans les frais de déplacement.

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