Ecart salarial entre hommes et femmes : la Belgique est le meilleur élève de la classe

Mais ce (très) bon score ne doit pas être prétexte à se reposer sur nos lauriers. Il existe chez nous encore des domaines où il faut accorder davantage d’attention aux inégalités de genre.

Depuis des années, la Belgique multiplie les efforts pour réduire l’écart salarial entre les hommes et les femmes. Et cela paye si on en croit le dernier rapport de l’OCDE, qui pointe notre pays comme celui où cet écart est le plus réduit entre hommes et femmes dans toute l’Europe.

Même si le principe « à travail égal, salaire égal » figurait déjà dans le traité de Rome de 1957, celui-là même qui a jeté les bases de l’Union européenne ; en 2021, dans l’Union européenne, les femmes gagnaient encore en moyenne 12,7 % de moins par heure que les hommes, selon Eurostat, l’office européen des statistiques. A cette date-là, avec un écart salarial de 5 % en 2021, la Belgique faisait déjà partie des meilleurs élèves.

C’est vrai, malgré tout cet écart persiste toujours, néanmoins les chiffres publiés par Statbel et l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes montrent que les mesures déployées portent leurs fruits.

« Nous avons vu l’écart salarial diminuer année après année depuis que la loi belge sur l’écart de rémunération a été adoptée le 22 avril 2012 », déclare Hanne De Roo. « Les employeurs et les employés évaluent également cette loi régulièrement dans le cadre du Conseil national du travail (CNT) et procèdent à des ajustements si nécessaire. Cette évaluation a été mise en suspens pendant un certain temps, dans l’attente de la nouvelle législation européenne, mais Hanne De Roo s’attend à ce que le CNT la réexamine au cours du second semestre de l’année.

Nouvelle législation européenne

Ces derniers temps, des mesures ont même été mises en place au niveau européen, ainsi le Parlement européen a approuvé des règles contraignantes pour lutter contre les écarts salariaux persistants entre les hommes et les femmes.

Par ces règles contraignantes, l’Europe entend bien lutter et renverser certaines habitudes. Fini le secret salarial ! Dorénavant, les entreprises devront répondre à la question de savoir combien les hommes et les femmes gagnent pour un emploi donné.

Si ces mesures européennes vont plus loin que la loi belge sur ces écarts de salaire, Hanne De Roo, de la Fédération des entreprises de Belgique (FEB), s’attend à ce que la déclaration des écarts de salaire au sein d’une entreprise ne pose pas trop de problèmes. « L’Europe fixe la barre à 100 employés. En Belgique, les entreprises doivent déjà procéder à une analyse concise de la structure des rémunérations à partir de cinquante employés. Les entreprises qui emploient cent personnes doivent rédiger un rapport complet. Sur la base de ce rapport, le conseil d’entreprise décide si un plan d’action est nécessaire ou non. »

« Agir ensemble pour l’égalité des genres : quelles priorités ? »

La semaine passée, l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) a publié son dernier rapport intitulé « Agir ensemble pour l’égalité des genres : quelles priorités ? ».

Concernant la Belgique, le rapport souligne que les hommes belges gagnent 1,2% de plus que les femmes belges à fonction et situation identiques. Cela fait de la Belgique le pays qui obtient le meilleur score de tous les États membres de l’OCDE, mais aussi de l’UE (où le score moyen est de 10,6%), en ce qui concerne l’écart de salaire médian à temps plein.

« C’est une excellente nouvelle que la Belgique soit aussi performante dans la réduction de l’écart de rémunération entre les hommes et les femmes, mais il ne faut pas en rester là pour autant », se réjouit Monica De Jonghe, directeur général et Executive Manager du centre de compétence Emploi & Sécurité sociale de la FEB.

Des efforts à poursuivre

Mais ce (très) bon score ne doit pas être prétexte à se reposer sur nos lauriers. Il existe chez nous encore des domaines où il faut accorder davantage d’attention aux inégalités de genre. Ainsi, avertit le rapport de l’OCDE, il convient de continuer à encourager la participation des filles aux programmes d’études qui offrent de meilleures perspectives d’emploi, tels que les sciences, les technologies, l’ingénierie et les mathématiques.

Il faut également s’efforcer de réformer les nombreux régimes de congé pour les faire évoluer vers une prise de congés égale pour les hommes et les femmes. Trop souvent, en effet, c’est toujours la femme qui prend un congé parental ou un crédit temps…

« Il existe encore plusieurs domaines d’action, tels que l’enseignement et le système de congé, dans lesquels nous pouvons et nous devons nous attaquer aux inégalités de genre, souligne Monica De Jonghe. Ainsi, pour la FEB, la réforme des congés doit déboucher sur un cadre simple et transparent qui encourage l’égalité entre les hommes et les femmes pour la prise des congés, qui tient compte d’une organisation du travail efficace et qui offre des alternatives suffisantes, accessibles et de qualité, pour l’accueil des enfants et les soins aux personnes âgées, mais qui n’entraîne pas de coûts supplémentaires pour les pouvoirs publics et les entreprises ».

Finalement, il faut continuer à soutenir la pleine participation des femmes au marché du travail et de parvenir à une répartition plus équitable du travail rémunéré et non rémunéré entre les hommes et les femmes.

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