Comprendre le warrant: pourquoi cette prime individuelle est-elle si populaire?
12.652 euros, c’est le montant brut perçu par un peu plus de 7% des employés belges grâce au warrant. Cette prime individuelle gagne en popularité en Belgique. Mais de quoi s’agit-il exactement? On vous explique en détail son fonctionnement.
En Belgique, les travailleurs bénéficient d’un plan cafétéria. Ils ont ainsi la possibilité de choisir eux-mêmes un nombre d’avantages extra-légaux dans les limites d’un certain budget. L’idée est de maximiser leur salaire et d’ainsi augmenter leur pouvoir d’achat. Parmi les options de prime populaires figure le warrant, un produit financier offrant des avantages fiscaux intéressants.
Qu’est-ce qu’un warrant?
Un warrant, ou une option sur actions, « donne le droit d’acheter ou de vendre une action à un prix fixé à l’avance, pendant une période déterminée », expliquent Acerta et Securex. L’option sur actions est généralement cotée en Bourse. On pensera notamment aux warrants EURO STOXX 50.
Le warrant a pratiquement dépassé en popularité l’autre type de bonus individuel, la prime brute. « La popularité des warrants s’explique par leur ratio ‘coût employeur – salaire net pour le travailleur’ plus élevé qu’un bonus en espèces ainsi que par le fait que de nombreuses institutions financières ont développé des produits dédiés (limitant le risque boursier au maximum) », précise hrsquare, réseau des relations de travail et de la politique du personnel en Belgique.
« Les employeurs peuvent en effet maîtriser les coûts tout en octroyant un joli supplément à leurs collaborateurs », ajoute Catherine Langenaeken, consultant Legal & Reward chez Acerta Consult. Ceux qui obtiennent des warrants reçoivent généralement une belle somme: le montant moyen en 2024 s’élève à 12.652,40 euros soit 1100 euros de plus que la moyenne de 2023.
Comment cela fonctionne dans le cadre d’un plan cafétéria?
L’employé ne doit pas s’engager dans de longues démarches pour vendre ses warrants. Tout se fait généralement dans un programme interne.
- Proposition: l’employeur propose aux travailleurs un certain montant d’avantages sous forme de warrants dans leur plan cafétéria.
- Sélection: l’employé choisit d’intégrer les warrants parmi d’autres options (comme un leasing vélo, des chèques-repas, ou des jours de congé supplémentaires).
- Attribution: une fois choisis, les warrants sont attribués selon les modalités fixées par l’entreprise et le fournisseur des produits financiers.
- Vente ou conversion: l’employé peut vendre ses warrants ou les convertir en actions, selon ses préférences et les conditions du marché. Il a la possibilité de vendre les warrants dès le lendemain, il n’est pas tenu d’ouvrir un compte titres. Mais s’il s’engage dans la spéculation, alors là il n’aura d’autres choix que d’établir un compte titres. Il prendra alors en charge la gestion de ses warrants.
Quels sont les avantages pour l’employé?
Cette forme de rémunération alternative permet aux employés de bénéficier d’un avantage salarial exonéré d’ONSS, sous certaines conditions. Le warrant permet donc aux collaborateurs de recevoir un montant net plus important qu’avec une prime traditionnelle.
Le warrant ne présente qu’un risque de marché limité. Il peut être revendu et converti en espèces presque immédiatement après son octroi. De ce fait, il n’est soumis aux fluctuations du marché boursier que pendant 24h environ. « Un travailleur qui s’y prend bien peut gagner jusqu’à 35% de plus en net », précise Acerta.
La procédure d’octroi des warrants est rapide et fiable. Pas de prise de tête pour l’employé ni même pour l’employeur. Celui-ci peut en effet décider du montant qu’il accorde à chaque travailleur.
En Belgique, les plus-values réalisées par les particuliers sur la vente d’actions ne sont pas soumises à l’impôt. Sauf cas particuliers (par exemple, si l’investissement est considéré comme spéculatif ou s’il est effectué via une société). Cela signifie que si un travailleur revend des actions acquises via une option sur actions avec un bénéfice (une plus-value), il n’a pas à payer d’impôt sur ce gain. Si le travailleur conserve l’option sur actions pendant au moins un an, l’impôt est calculé sur une fraction de la valeur sous-jacente de l’action. Cela confère au travailleur un avantage fiscal.
Contrairement aux autres formes de récompenses salariales collectives, comme les plans bonus et les primes bénéficiaires, les warrants donnent la possibilité de récompenser individuellement des collaborateurs. Il s’agit donc d’un outil flexible et stratégique pour motiver ou fidéliser des employés spécifiques.
Attention, le risque n’est pas nul!
Si la revente de ces warrants peut s’effectuer juste le lendemain de leur attribution, le risque boursier n’est pas nul pour autant. Et pour cause: les warrants sont dotés d’un effet de levier, une arme à double tranchant.
Un warrant, c’est comme un ticket spécial que vous achetez pour parier sur la hausse ou la baisse d’un produit (par exemple, une action d’entreprise).
- Vous pensez que le prix va monter? Vous achetez un ticket pour dire “Je veux pouvoir acheter cette action à un prix fixe, même si son prix monte dans le futur.”
- Vous pensez que le prix va baisser? Vous achetez un ticket pour dire “Je veux pouvoir vendre cette action à un prix fixe, même si son prix baisse dans le futur.”
L’objectif est que le prix de ce produit (l’action de l’entreprise) aille dans le sens prévu. Sinon, le ticket (le warrant) perd de sa valeur. Par exemple:
- L’action de l’entreprise vaut aujourd’hui 50€.
- Vous achetez un warrant pour 2€ qui vous permet d’acheter cette action à 60€ plus tard.
- Si demain l’entreprise monte à 70€, votre ticket (le warrant) a beaucoup de valeur. Pourquoi? Parce que vous pouvez acheter l’action à 60€ grâce à votre ticket et la revendre à 70€ sur le marché. Jackpot!
- Mais si l’entreprise reste à 50€ ou descend à 40€, votre ticket ne sert à rien. Vous avez perdu les 2€ que vous avez dépensés pour l’acheter.
Raison pour laquelle les employés qui veulent toucher une prime intéressante ont tout intérêt à revendre rapidement leur warrant. Idéalement, le lendemain de son acquisition, et ce afin de limiter le risque boursier. Et les investisseurs les plus téméraires de se lancer dans la spéculation à plus long terme…
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