Qui est Gina Rinehart, magnat de l’exploitation minière et femme la plus riche d’Australie ?

Gina Rinehart © getty

On la surnomme la dame de fer. Et c’est vrai que madame n’est pas commode. Elle viendrait de faire capoter l’une des plus grandes transactions dans la course au lithium.

Cela aurait dû être l’une des plus grandes transactions jamais réalisées dans la course aux terres rares. Mais, coup de tonnerre, l’américain Albemarle, premier producteur mondial de lithium, retire son offre d’achat de 4,2 milliards de dollars sur l’Australien Liontown Resources. Et ce alors que Liontown Resources avait accepté en septembre l’offre d’Albemarle à 3 dollars australiens par action, « soit une prime de près de 100 % par rapport au cours avant l’offre », précise Les Echos.

C’est d’autant plus surprenant que Liontown Resources possède d’importantes réserves d'”or blanc” avec le gisement dans Kathleen Valley, l’un des plus prometteurs d’Australie, et qu’elle a signé un contrat avec Tesla pour approvisionner le constructeur de voitures électriques pendant les cinq prochaines années.

La femme la plus riche d’Australie comme raison officieuse

La raison officielle est “les complexités croissantes associées à la transaction proposée”. La raison officieuse serait madame Gina Rinehart. 69 ans au compteur, ce magnat de l’industrie minière est aussi la femme la plus riche d’Australie avec une fortune estimée à 26 milliards de dollars. Celle qui était une fervente opposante à toute politique climatique semble s’être lancée dans la course au lithium. Elle cherche ainsi à diversifier ses activités. Puisque si la demande en fer est en baisse, celle du lithium explose. On estime ainsi que la demande sera 40 fois plus élevée d’ici 2040 puisque le lithium est un élément clé des batteries utilisées dans les véhicules électriques.

Ces dernières semaines, elle a ainsi augmenté significativement sa participation dans Liontown Resources. Elle est montée au capital et a constitué une minorité de blocage via sa compagnie Hancock Prospecting à 19,9 %. Soit suffisamment que pour empêcher tout rachat, mais pas assez que pour être obligé de faire une offre publique d’achat.

Gina Rinehart

Ce que l’échec de l’opération met surtout en « lumière c’est la bataille croissante pour les actifs australiens dans le secteur du lithium, les plus grands promoteurs mondiaux cherchant à augmenter leur capacité », précise The Financial Times.

Le retrait d’Albemarle signifie aussi que Liontown Resources va devoir se lancer dans la difficile recherche des capitaux nécessaires à l’exploitation du gisement de Kathleen Valley. Liontown a chargé UBS de lever des fonds, l’objectif étant de finaliser le financement cette semaine. La société espère lever 450 millions de dollars australiens (285 millions de dollars américains) pour mettre le projet en production d’ici à la mi-2024. Les analystes ont aussi déclaré qu’ils ne s’attendaient pas à ce que Rinehart fasse une contre-offre via Hancock. Car si Albemarle était très intéressé par le projet de Kathleen Valley, Hancock se montre plus prudent. Avec une chute des prix de 70% du lithium, les risques opérationnels restent trop importants. Mme Rinehart n’a elle pas commenté les raisons de sa décision concernant Liontown.

Dame de fer

Gina Rinehart doit son surnom de dame de fer à un caractère bien trempé et à une fortune construite par son père sur d’importants gisements de fer. En tant que fille unique, elle va s’atteler à faire grandir l’empire familial pourtant criblé de dettes. Dans sa croisade elle profitera des projets d’infrastructure chinois. Des chantiers titanesques qui vont stimuler, entre autres, la demande de minerai de fer dans les années 2000. Et quand le gouvernement travailliste du Premier ministre Kevin Rudd a voulu taxer davantage les bénéfices miniers, elle mènera avec succès une vaste campagne médiatique pour torpiller la proposition. Elle est aussi ouvertement pro-Trump. Elle fera aussi scandale en suggérant que des bombes nucléaires pourraient être utilisées pour draguer la côte en vue de la construction d’un port ou que l’on devait abolir le salaire minimum dit encore De Standaard.

Ses relations familiales semblent tout aussi agitées puisqu’elle va mener une bataille juridique sans merci avec sa belle-mère, mais aussi avec trois de ses quatre enfants pour le contrôle d’une partie de la fortune familiale. Entre coup bas et mesquinerie, la saga aurait pu servir de terreau à la série Succession. Ainsi son fils aîné, John, ira jusqu’à l’accuser d’être avare.

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