Pourquoi Odoo ne propose pas de stock-options

Chez Odoo, le régime des droits d'auteur concerne 300 développeurs. © belga image
Christophe Charlot
Christophe Charlot Journaliste

Le sujet fâche le microcosme belges de la tech qui commence à grenouiller face à ce qu’il considère comme un cadre règlementaire peu attractif pour les start-up du numérique.

Après l’indignation face aux projets de changements dans le régime des droits d’auteurs qu’ils subiront, les patrons de boites digitales en ont désormais contre le régime belge des stock-options, jugé trop complexe et trop peu attractif. C’est le départ de Collibra, licorne belge du data management, vers les Pays-Bas qui a rallumé le sujet. La firme valorisée plus de 5 milliards d’euros lors de sa dernière levée de fonds (et avant la crise) sera désormais logée dans un holding néerlandais pour, notamment, échapper à cette règlementation belge jugée trop lourde.

Fabien Pinckaers, fondateur d'Odoo.
Fabien Pinckaers, fondateur d’Odoo.© CHRISTOPHE KETELS (BELGAIMAGE)

Mais quand on interroge Fabien Pinckaers, emblématique fondateur d’Odoo, sur la question des stock-options, il n’abonde pas du tout dans le sens de l’écosystème de la tech belge.”J’ai un point de vue totalement opposé à celui de Collibra pour les stock-options, argumente-t-il. Je pense que le régime des stock-options belge est attractif. Beaucoup de start-ups sont embêtées, car leurs options ne valent plus rien, suite à la chute des valorisations. Mais c’est le principe même d’une stock-option. Rémunérer les collaborateurs sur la plus-value de la société, c’est comme un bonus variable : si tu n’as pas atteint tes objectifs (augmenter la valeur), tu n’as pas de bonus. C’est indépendant du régime fiscal. Dans tous les pays, si la valorisation diminue, les options ne valent plus rien. La raison même d’utiliser des stock-options est d’aligner les employés avec les intérêts des investisseurs. Ils touchent beaucoup en cas d’augmentation des valeurs, et rien en cas de diminution. Bref, je trouve qu’il n’est pas juste de blâmer la Belgique et son régime de stock-options.”

Se couper de 10 millions d’euros de revenus

Il faut dire que chez Odoo, cela fait longtemps qu’on ne propose plus de stock-options. La licorne wallonne n’en propose plus depuis 2014. Pourquoi ? “Parce qu’augmenter la valorisation de l’entreprise n’est pas un objectif en interne, détaille Fabien Pinckaers. Ce qui doit guider nos décisions, c’est plutôt le service client et développer un bon produit, et non pas la valorisation de l’entreprise. Par exemple, il y a 6 semaines, on a diminué le prix de l’abonnement de nos clients. On l’a fait, car notre trésorerie nous le permet, et notre objectif a toujours été de rendre la technologie le plus accessible possible. Sur le long terme, cette décision stratégique sera très bénéfique. Mais en diminuant le prix de nos clients existants, on a perdu 10 millions d’euros de revenus récurrents. La valorisation de l’entreprise a diminué d’un coup, car elle est basée sur un multiple des revenus récurrents. On n’aurait pas facilement pu faire un tel pivot stratégique si nos employés étaient rémunérés sur la valorisation de l’entreprise avec des stock-options. Or, tous nos employés étaient alignés sur cette décision, car c’est une bonne décision pour nos clients, et pour les PME que l’on souhaite avoir dans le futur”. Et de préciser qu’Odoo ne sera sans doute jamais amenée à reproposer des stock-options.

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