Collibra: le départ de cette entreprise aux Pays-Bas doit être un électrochoc

Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Des incitants fiscaux doivent être proposés pour les entreprises en forte croissance, comme le suggère Mathieu Michel (MR). Faute de quoi, la Belgique va à nouveau perdre ses fleurons.

Collibra. Le nom de cette entreprise belge à succès s’est soudain invité, fin novembre, dans le débat politique belge. Au point d’illustrer la nécessité de soutenir ces fleurons de l’entreprenariat national dans les nouvelles technologies. Mathieu Michel secrétaire d’Etat MR à la Digitalisation, vient de le confirmer depuis l’importante mission économique belge au Japon.

Collibra, entreprise de big data, avait été valorisée l’année dernière à 5,25 milliards de dollars, lors d’une levée de capitaux portant sur 250 millions, soit l’équivalent de cinq licornes. Pourtant, alors que l’horizon semblait dégagé, elle a soudain décidé de passer sous pavillon hollandais, lors d’une opération de “fusion transfrontalière” avec un holding établi à Amsterdam, CNV Newco.

Son CEO, Felix Van de Maele, avait invoqué le régime belge peu favorable des stock-options pour justifier ce transfert : en substance, il est difficile, chez nous, de valoriser les talents à leur juste mesure. Mas d’autres voix se sont élevées pour dénoncer les trop nombreux obstacles, fiscaux notamment, à l’épanouissement de nos champions en devenir. Le récent débat sur la modification du régime des droits d’auteur a également illustré le malaise du secteur des tech.

Lors de la mission économique au Japon, qui réunit le gratin des entreprises belges, Mathieu Michel a exprimé son souhait de relancer le débat dans le cadre de la réforme fiscale en gestation, dont l’épure préparée par le ministre des Finances, Vincent Van Peteghem (CD&V), devrait s’accélérer, dit-on, en vue du conclave budgétaire fédéral de mars 2023.

Une initiative fiscale

“Le départ de Collibra est le reflet des problèmes qui vont se poser si l’on n’agit pas rapidement par rapport aux entreprises à forte croissance, souligne le secrétaire d’Etat libéral à nos confrères de L’Echo. Aujourd’hui, les entreprises de la tech ne sont plus ciblées sur un territoire restreint. Leur marché est mondial et elles optent pour une stratégie de développement rapide pour se déployer sur le plan international. Pour trouver des talents, elles doivent donc avoir la possibilité d’offrir un package salarial compétitif. Il faut être lucide. On ne pourra pas soutenir le secteur sans une remise en question des fondamentaux. Nous devons recalibrer nos outils fiscaux et penser notre modèle fiscal comme il doit l’être au XXIe siècle. La fiscalité doit permettre à une entreprise de décoller. Elle ne doit pas la freiner.”

Concrètement, Mathieu Michel propose une initiative fiscale pour toutes les entreprises en forte croissance : “Nous devons leur proposer une ristourne fiscale qui soit temporaire ou permanente. Une entreprise avec une croissance de X% pourrait bénéficier d’une réduction au niveau des charges fiscales. Si elle engage X personnes, elle aurait droit à une réduction sur ses charges entre 30 et 40% la première année. Ce pourcentage sera dégressif sur trois ou cinq ans et variera en fonction du nombre de personnes engagées. Cela va leur permettre d’engager plus vite et de prendre des positions dominantes à l’étranger.”

Voilà une réflexion qui doit être menée, au risque de voir l’avenir de notre économie passer sous pavillon étranger comme ce fut le cas pour des pans entiers de notre paysage industriel. Pour y arriver, il y a deux maux belges à dépasser : celui de couper sans cesse les têtes qui dépassent, en niant la réussite, et celui qui vise à vanter les vertus du secteur public en dénigrant trop souvent celles de l’initiative privée et de l’innovation.

Collibra : ce nom restera-t-il comme la source d’un un électrochoc ?

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