Nouvel outil fédéral pour enregistrer les formations des employés : “Un exemple de ce qu’il ne faut pas faire”

Baptiste Lambert

Ce 1er avril marque le départ du Federal Learning Account (FLA), un outil qui doit permettre aux employeurs d’enregistrer toutes les formations de leurs salariés. L’objectif est louable, sa réalisation beaucoup moins. Les organisations patronales ont des mots très durs.

“Compte tenu de l’importance de la formation pour les personnes sur le marché du travail, il est nécessaire que ces données soient disponibles tout au long de la carrière”, a justifié le ministre de l’Emploi, Pierre-Yves Dermagne (PS).

Cette base de données sera constituée par Federal Learning Account. Les entreprises devront y enregistrer les formations suivies par leurs salariés ainsi que les droits à la formation pour chacun d’entre eux. Cela deviendra même une obligation à partir de l’automne, pour chaque trimestre.

Mais en l’état, l’outil ne semble pas prêt. Le monde des entreprises estime que le FLA “menace de se transformer en un véritable fiasco”. La FEB, l’UCM, le Boerenbond, Unisoc et Unizo ont envoyé un communiqué commun au vitriol. Selon les organisations patronales, l’outil “passe complètement à côté de sa cible en raison de son élaboration manquée et peu claire”. Il engendrerait “une surcharge administrative” pour les services RH et des surcoûts pour les entreprises.

“Impraticable et indésirable”

Lors d’un projet pilote, seules 5 entreprises sur 150 sont parvenues à s’enregistrer correctement. Et encore, elles ont eu besoin “de nombreuses interventions de l’administration”, déplorent les organisations patronales qui estiment que cet outil “se fonde sur une méfiance totale à l’égard de l’employeur”.

“Un exemple classique de ce qu’il ne faut pas faire”, ajoute Bart Steukers, le patron d’Agoria, la fédération de l’industrie technologique, qui plaide ni plus ni moins que pour l’abolition du FLA. Même son de cloche du côté du Voka flamand, qui juge l’outil “impraticable et indésirable”.

La FEB ajoute que “la responsabilisation du travailleur est inexistante. Le travailleur peut ainsi refuser à sa guise toute formation proposée, ce qui est loin de favoriser l’indispensable culture de l’apprentissage”, alors que c’était l’objectif de départ.

Surcharge administrative, coûts supplémentaires, problèmes techniques et législation floue. Derrière les bonnes intentions, le FLA pourrait devenir le nouveau symbole de la complexité à la Belge. Bref, tout indique que le ministre de l’Emploi va devoir revoir sa copie.

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