Nanocyl passe sous pavillon indien

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Christophe De Caevel
Christophe De Caevel Journaliste Trends-Tendances

Le groupe Birla Carbon rachète le spécialiste namurois du nanotube en carbone. L’opération ne devrait a priori pas conduire à une délocalisation des activités.

Le groupe indien Birla, actif dans le noir de carbone, a annoncé ce mercredi le rachat de Nanocyl, une spin-off des universités de Namur et de Liège, créée en 2002 et spécialisée dans les nanotubes en carbone. Ces nanotubes présentent des propriétés électriques et mécaniques très intéressantes, tout en étant plus résistants et plus légers que l’acier. On les retrouve dans des applications aussi différentes que l’automobile, le caoutchouc, les matériaux de construction ou les batteries. C’est cette dernière application qui intéresse beaucoup Birla, dont la stratégie de durabilité mise sur les batteries lithium-ion.

N’est-ce pas un peu dommage de voir un fleuron technologique aussi précieux pour la transition de nos économies passer dans des mains étrangères ? La question se pose d’autant que, après vingt premières années très difficiles, Nanocyl était enfin devenu profitable et avait dégagé un bénéfice de 1,4 million l’an dernier (0,5 million en 2021). « Au vu de la demande croissante pour nos produits, c’est le bon moment pour rejoindre un groupe industriel global, afin de maximiser les synergies et le potentiel de nos matériaux dans leurs diverses applications, répond le CEO Laurent Kosbach dans un communiqué. L’expertise de Birla en R&D, son portefeuille de produits et son expérience du marché permettront aux produits de Nanocyl d’atteindre leur plein potentiel de croissance. »

« C’est une étape habituelle et probablement nécessaire dans l’évolution d’une entreprise, abonde Pierre Rion, président de Wallonie Entreprendre. Elle s’allie à un partenaire industriel pour bénéficier de son réseau commercial et élargir son offre. » Il cite l’exemple de Belrobotics, producteur de robots-tondeurs installé à Wavre, racheté il y a dix ans par le japonais Yamabiko. L’entreprise est toujours bien présente à Wavre et son chiffre d’affaires dépasse maintenant les 100 millions d’euros. Belrobotics fut d’ailleurs reprise parmi les Gazelles de Trends-Tendances en 2022.

Wallonie-Entreprendre détenait 16% de Nanocyl. Elle y a investi 6,7 millions, au fil de tours de table successifs. Dans l’actionnariat, on retrouve également la SFPI, Nomainvest et la Compagnie du Bois sauvage. Le montant de la vente à Birla n’a pas été divulgué. Pierre Rion précise que les risques de délocalisation sont faibles en raison des hautes compétences de l’équipe basée à Sambreville (une quarantaine de personnes) et des investissements conséquents effectués ces dernières années sur le site. Le CA de Nanocyl est présidé par l’ancien patron de GSK Jean Stéphenne.

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