N-SIDE a bouclé le financement de trois grands projets

N-SIDE HQ
Les bureaux de N-Side à Louvain-la-Neuve.
Pierre-Henri Thomas
Pierre-Henri Thomas Journaliste

La société de Louvain-la-Neuve spécialisée dans les logiciels d’optimisation a récolté 6,2 millions d’euros et accueille Wallonie Entreprendre et Invest.BW dans son capital.

Voici quelques jours, N-SIDE, la spin off de l’UCLouvain, a bouclé un financement d’un peu plus de 6 millions d’euros : 2,7 millions résultent d’une augmentation de capital, souscrite par certains actionnaires historiques par une quarantaine d’employés et par deux nouveaux actionnaires publics : Wallonie Entreprendre et Invest.BW. Par ailleurs, 3,5 millions d’euros ont été levés sous forme de prêts, octroyés par les banques, mais aussi, à hauteur d’un million d’euros, par Wallonie Entreprendre International.

N-SIDE, qui s’est spécialisée dans des logiciels d’analyse de données et d’optimisation pour le secteur de l’énergie et l’industrie pharmaceutique, a réalisé lors de son exercice 2022-2023 un chiffre d’affaires de 28 millions d’euros, lui permettant de dégager une marge EBITDA de 6,7 millions.

Marché asiatique

« Ces moyens supplémentaires sont essentiellement dédiés à trois gros projets, précise Philippe Chevalier, CEO de N-SIDE. Nous venons d’ouvrir un bureau à Tokyo sur base au départ d’un gros contrat que nous avons obtenu avec la bourse japonaise d’électricité (la bourse japonaise d’échange d’électricité, Japan Electric Power Exchange, NDLR). Nous fournissons un algorithme permettant d’optimiser la rencontre de l’offre et la demande sur le marché de l’électricité du pays. Et à partir de cette base, nous voulons développer une activité dans la région Asie-Pacifique. C’est un premier investissement important et nous avons engagé 4 personnes à Tokyo. »

Pourquoi une représentation physique ? Parce que si N-SIDE gère à partir de la Belgique un contrat similaire pour le marché de l’électricité en Inde, le décalage horaire n’est plus gérable à distance lorsque l’on a des clients au Japon.

Une présence physique était donc  nécessaire, affirme Maud Larochette, qui dirige les finances et les ressources humaines de N-SIDE. « Nous devons offrir un support 7 jours sur 7 et en raison du décalage horaire, nous devions donc être présents sur place », dit-elle. « Il est très rassurant pour nos clients de savoir qu’il y a des personnes de N-SIDE basées à Tokyo, abonde Philippe Chevalier. De plus, pour se développer au Japon, il vaut mieux avoir des employés qui parlent japonais. »

Plateformes plus accessibles

Les deux autres projets qui seront financés par cet apport sont des projets logiciels. « Historiquement, explique Philippe Chevalier, notre cœur de métier est le développement d’algorithmes basés sur l’intelligence artificielle pour l’optimisation des ressources, et cela dans le secteur de l’industrie pharmaceutique et l’énergie. Cependant, nous sommes de plus en plus convaincus que pour que ce service touche un plus large public d’entreprises, nous devons l’encapsuler dans des plateformes plus accessibles fournissant des services de  gestion autour de ce cœur de métier. Nous sommes donc en train de développer une plateforme (baptisée Lighthouse) de gestion pour les essais cliniques destinée à l’industrie pharmaceutique. Nous avons effectué une grande partie du développement sur base d’une augmentation de capital précédente mais le développement se poursuit, nous ajoutons des fonctionnalités complémentaires, ce qui devrait nous prendre encore deux ans ».

Un chiffre d’affaires de 90 millions en 2028

Avec cette même idée de faciliter l’accès à ses algorithmes et toucher davantage d’entreprises, N-SIDE travaille également à étendre ses solutions pour le marché de l’énergie. « Nous pensons pouvoir annoncer une première version du produit d’ici un an », précise Philippe Chevalier.

Ces développements devraient permettre à l’entreprise de Louvain-la-Neuve, qui vient d’intégrer ses nouveaux locaux, de poursuivre une croissance enviable de 25% par an environ.

« Dans le secteur de l’énergie, nous nous attendons à ce que la part des énergies renouvelables continue de croître et double même au cours des cinq prochaines années. Les opérateurs de réseaux et de marchés auront besoin des bons outils pour faire face à cette évolution. Parallèlement, nous voulons également doubler notre part de marché dans l’industrie pharmaceutique. Alors que nous travaillons aujourd’hui pour une quarantaine d’entreprises pharmaceutiques, nous voulons servir 100 clients dans le monde d’ici 2028. Au total, nos principaux projets d’investissement devraient nous permettre de porter notre chiffre d’affaires annuel de 28 millions d’euros en 2023 à 90 millions d’euros dans cinq ans », souligne Philippe Chevalier.

Le coup de bambou des droits d’auteurs

Des plans de croissance ambitieux donc, en dépit d’un contexte réglementaire belge qui s’est détérioré ces derniers temps avec les nouvelles mesures limitant drastiquement, à partir de ce début d’année, l’usage des droits d’auteurs pour les concepteurs de logiciels.

Comment N-SIDE a-t-elle réagi ? « En trois phases, répond Maud Larochette. La première a été la sidération : nous avons essayé de nous battre, de faire du lobbying. La deuxième a été la phase d’acceptation : nous avons dû anticiper ces nouvelles mesures et nous avons essayé de limiter leur impact sur nos employés, même si nous n’avons pas pu les compenser entièrement. Mais nous avons pu augmenter par exemple le budget mobilité ou le budget de formation. Et puis, il a fallu expliquer cela à nos 230 employés pour qu’ils ne soient pas surpris lorsque voici deux semaines ils ont vu arriver leur fiche de paie du mois de janvier ». Ces compensations représentent une hausse de 3 à 4% de la masse salariale de N-SIDE.

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