Fabrice Brion (I-Care) sur l’enjeu électoral: “Tout faire pour soutenir l’ambition et la croissance”  

Fabrice Brion
Fabrice Brion (I-Care) © Isopix
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

À quelques jours des élections, Trends-Tendances a interrogé une vingtaine de CEO, pour prendre le pouls des entreprises. “En Europe, on cherche l’optimum plutôt que le maximum, regrette le boss d’I-care. C’est un état d’esprit. Il y a un manque de confiance dans le fait que des entreprises peuvent devenir des leaders mondiaux.” 

Fabrice Brion est CEO ­d’I-care, leader mondial dans la maintenance prédictive et prescriptive, au service des industries. L’entreprise emploie plus de 850 personnes dans 12 pays.  

Quel est le défi de votre entreprise?  

FABRICE BRION. Le défi pour nous, c’est de gérer la croissance. Nous sommes sur un marché à très forte demande. Souvent, je dis que notre plus grand ennemi, c’est nous-mêmes. Tous les signaux sont au vert, mais en Europe, nous n’avons pas toujours cette mentalité de croissance. Le défi, c’est de trouver des profils capables de la gérer.  

En raison de la guerre des talents?  

Je ne trouve pas qu’il soit forcément difficile de trouver des talents, quand on met les choses en place pour les attirer. Mais tous n’ont pas cette approche de la croissance, voilà la difficulté. La tendance générale consiste à gérer en bon père de famille. Pour le dire en une phrase: en Europe, on cherche l’optimum plutôt que le maximum. C’est un état d’esprit. Il y a un manque de confiance dans le fait que des entreprises peuvent devenir des leaders mondiaux. 

Une révolution des mentalités est nécessaire?  

Elle a commencé, mais il faut la poursuivre et l’entretenir. Je trouve, par exemple, extrêmement positif que Michaël Labro, CEO de PM Sweet, ait été désigné Manager de l’Année par Trends-Tendances : il prends des risques, il ose la croissance et l’accompagne en construisant une grande usine, chapeau! Il montre l’exemple. Je pense souvent à ce proverbe ancestral: quand on n’avance pas, on recule. Gérer en bon père de famille, cela ne suffit pas dans un monde en hyper- croissance. Je relierais cela au débat prédominant sur la taxation du patrimoine.  

Dans quel sens?  

Je ne suis pas opposé à cette idée de taxation du patrimoine, mais avec une autre approche. Selon moi, il faut taxer celui qui ne crée pas de la valeur ajoutée directe pour l’économie ou en termes d’emplois. Si je dispose d’une maison à l’étranger à 5 millions d’euros et que j’achète un yacht, on peut me taxer. Mais si j’investis des centaines de millions d’euros dans mon entreprise et que l’on me taxe, je réfléchirais alors à deux fois. Il faut mettre le capital des Belges au service de notre économie. Et inciter, par exemple, des fonds d’investissements familiaux belges à investir chez nous.  

Une autre priorité, à mes yeux, devrait être la simplification. Payer des taxes pour recevoir des subsides, avec une incroyable paperasse à la clé, c’est ridicule. En Wallonie, on pourrait décider d’une règle simple: les entreprises recevraient 75.000 euros par emploi créé. La remise au travail doit être une priorité absolue. Tout doit être fait pour servir l’ambition et la croissance!  

D’autres mesures pourraient y contribuer?  

Selon moi, il faut absolument limiter les allocations de chômage dans le temps, mais pas nécessairement à deux ans. J’aime beaucoup le modèle suisse: c’est le demandeur d’emploi lui-même qui choisit le pourcentage du salaire qu’il reçoit et la durée. Il peut très bien demander plus de 100% dans un premier temps, puis plus rien quand il a trouvé un travail, mais l’allocation n’est en tout cas pas illimitée. En tout état de cause, il faut absolument soutenir la croissance, qui doit être bien supérieure à 2 ou 3%. C’est grâce à cela que l’on pourra faire face aux défis du vieillissement, du climat ou de la sécurité géopolitique. 

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