Malik Azzouzi (Malt) : “Nous défendons les freelances belges”

Malik Azzouzi

Le marché des freelances est en perpétuels mouvements. Des mouvements que la plateforme Malt suit avec autant d’attention que d’intérêt et ce depuis dix ans maintenant.

Créée en 2013, sous l’appellation Hopwork, la marketplace française Malt peut s’enorgueillir d’être à l’heure actuelle un incontournable du secteur freelance. Présente dans plusieurs pays européens, Malt est aujourd’hui la principale plateforme en matière de mise en relation de freelances avec les entreprises. La plateforme met quotidiennement plus de 600.000 freelances en relation directe avec plus de 50.000 entreprises de toutes tailles et actives dans divers secteurs. 

Présente depuis peu chez nous (janvier 2022), les chiffres belges sont en hausse constante: de 3.000 freelances au début, ils sont à présent 15.000 en avril 2023. Une « mise de départ » multipliée par cinq qui s’explique par le fait que le nombre de freelances en Belgique augmente également d’année en année.

Le point du marché du freelancing avec Malik Azzouzi, Country Director de Malt en Belgique.

Comment fonctionne exactement la plateforme Malt?

Malt facilite la mise en relation des freelances avec des clients potentiels, les entreprises. Nous rassemblons plus de 600.000 freelances en Europe, dont près de 20.000 rien qu’en Belgique. Que nous connectons avec près de 50.000 clients, de toute taille. Tout ceci est possible grâce à un algorithme « maison », ce dernier nous est propre et une petite centaine de personnes travaillent dessus. À côté de cela, il y a bien sûr le côté humain, et nous avons des collaborateurs qui s’occupent aussi de cette mise en relation.

Côté frais, nous misons sur la transparence. L’inscription est gratuite, tout le monde connaît les marges prises et les coûts engagés. Tout est transparent et donc sans surprise.

Sur Malt, nous ne publions pas d’annonces d’emploi, nous avons pris le parti de travailler sur base du briefing du client et de notre base de données de freelances afin de mettre en relations les meilleurs profils locaux.

Qu’est-ce qui la caractérise des autres plateformes B-to-B?

Nous avons l’ambition d’être le leader du freelancing en Europe. Nous sommes avant tout une communauté : nous travaillons et défendons les freelances belges, nous avons une vraie relation avec eux. Il y a un travail très important qui est fait sur les profils, nous avons une approche locale avec nos freelances, mais celle-ci peut aussi être internationale. Tout dépend des besoins des clients.

Nous connaissons  une  croissance de +70% par an au niveau du groupe. Et le bureau de Malt Belgique n’est pas à la traîne: après 20 mois d’existence, nous comptons actuellement une vingtaine de personnes, et nous avons la chance de travailler avec de grosses boîtes comme Proximus, Engie, GSK, Solvay, la RTFB, le LabBox, etc.

Comment se porte le secteur des freelances en Belgique ?

C’est un marché gigantesque ! Une étude, réalisée en collaboration avec le cabinet de conseil Roland Berger, a estimé le marché européen à 450 milliards d’euros annuels en prestation de propriété intellectuelle. Et le marché belge est plutôt mature car cette étude l’a chiffré à près de 18 milliards d’euros. Même plus mature que le marché français, vu que le pourcentage de la population active freelance en Belgique est deux fois plus élevée qu’en France.

Il y a en Belgique un vrai potentiel, car le marché du freelancing est gigantesque, et c’est un marché en pleine croissance. Même si pour être honnête, l’année 2023 a été plus compliquée pour les consultants.

Avez-vous remarqué de grands changements dans ce secteur avant/après la pandémie ? Lesquels principalement ?

Le freelancing est une vraie valeur d’ajustement. En 2020, tout au début de la pandémie, tout s’est arrêté, l’espace de quelque temps, puis cela a très vite repris. Le freelancing permet d’avoir une certaine flexibilité afin de rebondir et redémarrer. Il répond à la manière dont les personnes veulent travailler, organiser leur temps, mener leur vie professionnelle différemment. Le digital permet aussi cela.

Le marché belge du freelancing est un marché très porteur, qui va se développer de plus en plus. Par exemple, les États-Unis visent pour le futur les 50% d’employés et 50% de freelances. Notre marché est complètement différent, mais c’est néanmoins un marché en pleine croissance.

Remarque-t-on aussi cette guerre des talents sur le marché freelance ?

Oui à 100%. À l’heure actuelle, c’est très difficile de recruter. En fait, la guerre des talents est finie et ce sont les talents qui l’ont gagnée. Le rapport de force dans le recrutement s’est complètement inversé.

On ne connaît pas la majorité des jobs qui seront les plus demandés en 2030, et 2030 c’est demain. C’est de ce point de vue-là que les clients devront être accompagnés par des experts pour les aider et les guider dans le recrutement. Il y a une pénurie de talents pour les fonctions les plus pointues, et cette pénurie est bien partie pour perdurer.

Une récente étude de Robert Half montrait un ralentissement de l’activité freelance. Avez-vous remarqué la même tendance ou au contraire avez-vous un avis complètement différent ?

Le marché reste gigantesque, malgré cette petite baisse en 2023. Pour la Belgique, nous avons pour ambition de faire profiter les entreprises des avantages du freelancing, leur démontrer que le freelancing n’est pas juste une roue de secours. Les indicateurs sont positifs, les clients sont en demande mais il faut encore les « éduquer » aux avantages du freelancing.

Qu’est-ce qui motive le freelance ? En premier le client, ensuite la durée de la mission et enfin en troisième position la relation avec le client. Nous voulons maximiser ce que le freelancing peut apporter aux entreprises, ce que cela représente pour eux.

Ce ralentissement est-il significatif pour vous ? Qu’annonce-t-il pour le secteur freelance ?

Je reste persuadé qu’il y a encore un potentiel inexploité sur le marché du freelancing en Belgique. De plus en plus d’entreprises ont à cœur de rapprocher ces deux mondes que sont les employés et les freelances.

Il y a certaines fonctions qui n’existent quasi que dans le monde des freelances. Par contre lors d’un recrutement pour une de ces fonctions, la durée de la mission peut être plus importante. Il faut maximiser ce que le freelancing peut apporter aux entreprises.

Quelles sont pour vous les principales différences et/ou similitudes, entre le marché de l’emploi des employés et celui des freelance ?

On devient freelance à partir du moment où on s’est fait sa propre expérience. Souvent à un certain âge et après avoir été employé, car on connaît sa valeur, et on veut organiser autrement sa vie professionnelle.

Le portrait-robot typique du freelance belge est quelqu’un qui approche les 40 ans, qui a plus de 12 ans d’expérience, et qui devient freelance non par nécessité économique, mais pour vendre et utiliser son temps différemment. En effet, on attend d’un freelance qu’il délivre du boulot. On remarque aussi que le freelance est dans la formation continue (en moyenne de 6h à 8h par mois), et ce pour continuer à apporter de la valeur ajoutée au travail fourni durant sa mission et pour le challenge aussi.

Un autre challenge sera de trouver le bon équilibre freelances/employés au sein de l’entreprise.

Selon vous les jeunes sont attirés par le statut de freelance ou au contraire plutôt par la sécurité d’un CDI ?

Intéressant. On remarque que les profils de freelances que nous avons sur Malt correspondent plutôt à la description d’une personne plus âgée, avec de l’expérience, et connaissant sa valeur. Ce ne sont pas vraiment des profils « junior ». Mais pourquoi pas, pour certaines catégories de métiers, des métiers qui demandent de la créativité, de la communication/marketing. Pour ceux-là, le statut de freelance sera plus intéressant sûrement.

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