Les PFAS, le “nouvel amiante”, qui exposent le secteur chimique à de gros risques financiers

Illustration réalisée par une intelligence artificielle (Midjourney ®) - crédit : Roularta Media Group

Un groupe d’une cinquantaine d’investisseurs exerce une pression sur le secteur de la chimie pour qu’il abandonne l’utilisation des PFAS, ces substances chimiques qui présentent de nombreux risques pour la santé, rapporte une enquête du Tijd. 

L’inquiétude est croissante concernant les PFAS (pour substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées) qui regroupent une large famille de substances chimiques. Ces polluants dits “éternels’ sont présents en nombre dans notre environnement (ustensiles de cuisine, textile,…), parfois à des seuils anormalement élevés, comme c’est le cas actuellement dans l’eau du robinet dans certains communes de Wallonie. Ils peuvent conduire à des soucis de santé (déformation congénitale, cancer,…). 

Le journal économique De Tijd rapporte qu’un groupe d’une cinquantaine d’investisseurs institutionnels, représentant plus de 10.000 milliards de dollars d’actifs gérés ou conseillés, met la pression sur les dirigeants des cinquante plus grandes entreprises chimiques cotées en bourse pour qu’ils renoncent à l’utilisation des PFAS. L’International Chemical Secretariat (Chemsec), l’organisation qui coordonne cette initiative des investisseurs sur les produits chimiques dangereux (IIHC). met en garde ces dirigeants contre les risques de responsabilité et d’assurance auxquels ils sont confrontés. Selon eux, les producteurs de PFAS risquent des procès, des faillites et des amendes élevées.  

Des risques importants  

“Les fabricants et les utilisateurs de produits chimiques à base de PFAS sont exposés à des risques importants en matière de responsabilité et d’assurance, qui rappellent ceux historiquement liés à l’amiante, et qui pourraient nuire de manière significative à la valeur à long terme des entreprises impliquées dans la fabrication et la vente de ces produits”, peut-on lire dans le communiqué de l’IIHC. Le groupe demande que la production et l’utilisation de ces substances soient progressivement abandonnées et à ce que des alternatives plus sûres soient trouvées. Les entreprises devraient suivre l’exemple de la société 3M et arrêter la production, avertit le groupe. Pour rappel, la société américaine active en Belgique étudie des options pour accélérer l’arrêt de la fabrication de produits chimiques PFAS dans son usine de Zwijndrecht, d’ici 2025. 

66 milliards de réclamations pour dommages corporels.  

Chemsec se base sur une analyse publiée par Praedicat, société californienne d’analyse des risques émergents, rapporte encore De Tijd. Cette dernière a estimé le coût élevé des dommages aux États-Unis. Les réclamations pour dommages corporels parmi les producteurs actuels de PFAS pourraient atteindre 41 milliards de dollars, voire 66 milliards de dollars (60 milliards d’euros). À elle seule, la purification de l’eau contaminée coûterait plus de 400 milliards de dollars aux États-Unis. 

Solvay 6ème sur 50 

Via son “ChemScore”, l’organisation à but non lucratif Chemsec évalue annuellement les efforts des cinquante plus grandes entreprises chimiques cotées en bourse pour effectuer cette transition. Les entreprises sont évaluées dans quatre catégories: la production de produits chimiques dangereux, le développement de substances plus sûres, la gestion des produits chimiques et la transparence, ainsi que les antécédents en matière de réglementation et de litiges.

SABIC, une entreprise saoudienne, est la mieux notée et la plus progressiste. Le géant belge de la chimie Solvay se classe 6ème sur 50.

Le Chemscore des 50 plus grandes entreprises chimiques mondiales établi par Chemsec.

Il “poursuit sa trajectoire ascendante avec une note de C+ et 21 points”, stipule le rapport de Chemsec. “Elle démontre des progrès considérables au cours des quatre dernières années. L’entreprise s’améliore en ce qui concerne les sujets circulaires et les controverses, mais malheureusement pas autant en ce qui concerne la réduction des substances dangereuses.” 

“Bien que ces processus soient en place, il n’existe pas de plans clairs d’élimination des substances chimiques nocives dans les produits nouvellement développés, note encore Chemsec. 3M et Honeywell, entre autres, se situent en fin de classement. Umicore et Bayer se situent au milieu. 

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